ZNIEFF 110030022
FORETS DOMANIALES DE MEUDON ET DE FAUSSES-REPOSES ET PARC DE SAINT-CLOUD

(n° régional : 92048021)

Commentaires généraux

Les limites de la ZNIEFF, qui regroupe deux entités, permettent de prendre en compte l'ensemble des espaces et espèces remarquables. La ZNIEFF inclut tous les secteurs d’intérêt écologique et les milieux connexes qui jouent un rôle reconnu in situ auprès de la faune. Cette ZNIEFF n’héberge pas moins de 31 espèces déterminantes pour la création de ZNIEFF en Île-de-France. L’intérêt de la ZNIEFF est tant faunistique, entomofaune notamment (16 espèces déterminantes), que floristique (10 espèces déterminantes).

Les forêts domaniales de Meudon et de Fausses-Reposes sont des massifs forestiers situés principalement dans les Hauts-de-Seine et secondairement dans les Yvelines. Ce sont, en surface, les deux premières forêts des Hauts-de-Seine. Ces massifs forestiers regroupent principalement des habitats liés aux chênaies sessiliflores et aux chênaies-charmaies. Ils rassemblent aussi des habitats humides (étangs, mares et boisements humides) et des habitats « prairiaux » (prairies, pelouses, friches…). Ces forêts sont gérées par l'Office National des Forêts (ONF).

Pour ce qui est de la faune, l’entomofaune des vieux boisements et îlots de vieillissement constitue l’un des intérêts de ces massifs forestiers. La richesse entomofaunistique a été établie en 2002 et 2003 par des piégeages qui ont simultanément été réalisés sur les forêts domaniales de Meudon et de Fausses-Reposes. Le choix des sites de piégeage s’est porté sur les vieux peuplements, où la diversité en coléoptères saproxyliques est normalement la plus élevée.

Au final, 99 et 98 taxons ont été respectivement dénombrés sur les forêts de Meudon et de Fausses-Reposes. Parmi ces derniers, 8 espèces sont déterminantes pour la création de ZNIEFF dont le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo), espèce inscrite à l’annexe II de la directive « Habitats », déterminante ZNIEFF, assez rare dans les forêts des Hauts-de-Seine (92) et dans les forêts franciliennes (idf). Les autres espèces sont le Taupin de Megerle (Ampedus megerlei), l'Eucnème capucin (Eucnemis capucina), rare 92, assez rare idf, la Dryade Scarabée (Melandrya caraboides), Oxylaemus cylindricus, rare 92, assez rare idf, le Sélatosome à deux tâches (Selatosomus bipustulatus).

Deux espèces de carabes déterminants ZNIEFF ont été recensées dans la forêt de Meudon : le Faux-Ophone à antennes tachées (Parophonus maculicornis), carabe localisé dans une dizaine de stations en Île-de-France, et Ophonus puncticeps, carabe dont les populations franciliennes semblent de plus en plus clairsemées.

La majorité des espèces déterminantes ZNIEFF sont des bio-indicateurs forestiers (6 sur 8) et 6 sont des espèces saproxyliques.

Les espèces bio-indicatrices (16 pour Meudon et 17 pour Fausses Reposes), répertoriées en 2002 et 2003, caractérisent un ensemble de forêts intéressantes sur le plan de la continuité des habitats forestiers et de la valeur biologique actuelle. Plus de la moitié des bio-indicateurs répertoriés lors des campagnes de piégeages dépendent directement de la conservation de vieux et gros bois, présentant des déficiences souvent très localisées dans l’arbre (cavités, caries, champignons) mais parfois plus étendues, générées par le recyclage naturel et progressif de la matière ligneuse.

Le plan de gestion de l’ONF prévoit à cet effet un recrutement et une conservation d’arbres de grand diamètre, mâtures, dépérissants ou morts. L'accroissement de ces micro-habitats sera favorable aux coléoptères saproxyliques et autres invertébrés, aux champignons, aux mousses et aux lichens.

Ces vieux boisements possèdent également un intérêt pour l’avifaune et notamment les espèces cavernicoles comme le Pic noir (Dryocopus martius), le Pic mar (Dendrocopus medius), le Rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le Gobemouche gris (Muscicapa striata) et le Pigeon colombin (Columba oenas). Ces parcelles sont également bénéfiques à certains chiroptères comme la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) et la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii).

Pour ce qui est des chiroptères, 9 espèces sont recensées sur ces massifs forestiers. Elles sont régulièrement observées au niveau des étangs (de Villebon, de Meudon, de la Garenne, de Trivaux, de Ville d’Avray) et de leurs abords proches, des chemins et des lisières. Certaines prairies (Parc de Saint-Cloud, Parc Départemental des Haras de Jardy, Parc du château…) constituent également des zones de chasse pour certaines de ces espèces. Au vu des habitats présents au sein de cette ZNIEFF, la probabilité de reproduction de certaines espèces est vraisemblable.

Un autre intérêt de ces massifs forestiers est le réseau d’habitats humides qui regroupe des étangs, des mares intraforestières et des boisements humides. Ces habitats, en relation plus ou moins directe, permettent la reproduction et le développement des amphibiens et des odonates, dont certaines espèces sont remarquables. Parmi les 6 espèces d’amphibiens, une espèce est déterminante pour la création de ZNIEFF : le Triton alpestre (Triturus alpestris). Recensée dans une mare intraforestière au sein de la forêt de Meudon, sa présence n’est pas exclue dans la forêt de Fausses-reposes ou dans le Parc de Saint-Cloud.

Les mares intraforestières et les étangs hébergent une certaine diversité odonatologique (15 espèces recensées). Une espèce est déterminante pour la création de ZNIEFF : la Libellule fauve (Libellula fulva) qui est considérée comme assez rare.

Les travaux de gestion et de restauration de certaines mares intraforestières, en 2002 et 2006, ont favorisé le développement ou le maintien de plusieurs plantes remarquables dont la Lentille d'eau à plusieurs racines (Spirodela polyrhiza), espèce considérée comme rare, qui s’observe notamment au sein de la mare aux faisans (forêt de Meudon).

Les habitats humides qui sont constitués de peuplements forestiers humides (Chênaies-frênaies et Aulnaies) constituent les habitats boisés les plus originaux des massifs forestiers. Ces boisements humides sont régulièrement parcourus par des ruisseaux et parsemées de dépressions ombragées. Les fonds de vallon permettent l’expression d’espèces méso-hygrophiles à hygrophiles. Au niveau des zones de source, ces habitats hébergent des cariçaies. Parmi ces habitats, les aulnaies marécageuses, formations dominées par l’Aulne avec un étage arbustif et herbacé irrégulièrement recouvrant, figurent parmi les habitats déterminants ZNIEFF en Île-de-France.

Les espaces « ouverts » (prairies, pelouses, friches) favorisent le développement des lépidoptères et orthoptères dont la Decticelle bariolée (Metrioptera roeselii), qui est considérée comme vulnérable et déterminante ZNIEFF en Île-de-France. Notons également la présence de la Centaurée chasse-trape (Centaurea calcitrapa) non loin du Carrefour de l’Anémomètre (forêt de Meudon). Cette plante, déterminante ZNIEFF, est considérée comme rare en Île-de-France et très rare dans les Hauts-de-Seine (seule station connue).

Au sein de l’Observatoire de Paris, cette ZNIEFF intègre des boisements et des prairies. Parmi ces dernières, les pelouses sablo-calcaire constituent les habitats « prairiaux » les plus originaux de la ZNIEFF. Ces pelouses hébergent le Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis). Cette orchidée, considérée comme très rare, est protégée en Île-de-France et déterminante ZNIEFF. La présence d’une population significative relève d'un caractère exceptionnel pour la région Île-de-France.

Les prairies et lieux enherbées, habitats se raréfiant autour de la capitale, sont des lieux de refuge pour les lépidoptères et orthoptères dont certaines espèces sont déterminantes comme le Demi-deuil (Melanargia galathea), la Mante religieuse (Mantis religiosa) et le Grand Paon-de-nuit (Saturnia pyri), ces deux derniers sont protégés au niveau régional.

La ZNIEFF inclut également le Parc de Saint-Cloud qui regroupe, tout comme pour les forêts domaniales, de vastes habitats forestiers liés pour l’essentiel aux chênaies sessiliflores et aux chênaies-charmaies.

Ce Parc héberge des vieux peuplements et des arbres mâtures de gros diamètre. Plusieurs parcelles sont parsemées de bois mort au sol. La tempête de 1999 a créé des chablis qui se cicatrisent progressivement. De ce fait, les boisements du Parc présentent les mêmes potentialités d’accueil que les massifs forestiers pour l’entomofaune saproxylique et l’avifaune cavernicole. Ainsi, le Pic noir fréquente ces boisements.

Au sein des vieux boisements, milieux plus fermés et plus frais, la fraîcheur du sol et l'humidité ambiante favorisent la croissance de plusieurs espèces de fougères dont le Polystic à soies (Polystichum setiferum), qui est considérée comme rare en Île-de-France et déterminante ZNIEFF. Plusieurs individus ont été recensés à l’ouest de la plaine « des Quatre Cèdres ». Cette plante croît dans des boisements sombres, à humidité atmosphérique élevée et à écarts thermiques faibles, sur des sols à pH neutre à légèrement acide.

Les boisements hébergent également le Conopode dénudé (Conopodium majus) qui croît dans les bois sur des sols frais. Cette espèce déterminante ZNIEFF est considérée comme rare dans les Hauts-de-Seine où elle n’est actuellement connue que sur deux sites : le Parc de Saint-Cloud et le Parc de l'Observatoire de Meudon. Dans le Parc de Saint-Cloud, cette plante abonde en sous-bois sur l’ensemble du « Carré de la Maison rouge » à proximité de la porte de la Ville d’Avray. Plus de 1000 individus y ont été recensés.

A l’est du Parc de Saint-Cloud, on observe l'unique station existant encore dans les Hauts-de-Seine de la Gagée des champs (Gagea villosa). Cette plante, protégée sur le plan national et déterminante ZNIEFF, est considérée comme très rare dans les Hauts-de-Seine. Habituellement observée sur le bord des cultures, des friches et des vergers, cette plante se développe ici aux pieds des Tilleuls et des Marronniers d'Inde. Ces alignements d’arbres constituent des habitats de substitution pour cette espèce. Plusieurs stations d’une dizaine de pieds chacune se répartissent au sein des allées du jardin à la française, sur le pourtour du château. Cette plante est régulièrement observée (1997, 2003, 2005, 2009, 2010).

A l’est, le Parc abrite également la Tulipe sauvage (Tulipa sylvestris). Cette espèce, protégée sur le plan national et déterminante ZNIEFF, est considérée comme rare dans les Hauts-de-Seine (connue sur deux communes). Cette Tulipe figure dans la liste des espèces Livre rouge national Tome 2. Cette plante régulièrement observée sur le site (2007, 2009, 2010) se développe dans les intervalles de l'alignement de Marronniers, notamment sur l’allée du « bord de l’eau » près de la porte de Sèvres. Malgré la présence de nombreux individus, la population y reste relativement menacée du fait de la sur-fréquentation du site, des traitements de fertilisation, d'herbicides et des divers travaux de jardinage.

Au nord-est du Parc, un talus localisé le long de « l’allée de la carrière » héberge une flore liée aux pelouses calcicoles, habitat déterminant pour la création de ZNIEFF. Bien qu’aucune plante remarquable n’est été observée sur ce site, cette pelouse héberge plusieurs plantes caractéristiques. Au sein du Parc, cet habitat n’est présent que dans ce secteur. La gestion extensive de cette pelouse est favorable au développement de nombreux lépidoptères et orthoptères.

Cette ZNIEFF héberge également des populations de trois carnivores : la Martre (Martes martes), le Blaireau d’Europe (Meles meles), l’Hermine (Mustela erminea). Ces trois espèces sont déterminantes pour la création de ZNIEFF de type 2 en Île-de-France. Les populations de ces espèces se trouvent ici probablement isolées en contexte urbain.

Commentaires sur la délimitation

Les limites de la ZNIEFF, qui regroupe 2 unités incluant 4 ZNIEFF de type 1, permettent de prendre en compte l'ensemble des espaces et espèces remarquables. La première unité intègre la forêt domaniale de Meudon, le Bois de Clamart, le Bois du Pont Colbert, l’Étang d’Ursine, l’enceinte de l'Observatoire de Paris et une part importante du Cimetière intercommunal à Meudon. La seconde unité intègre la forêt domaniale de Fausses-Reposes, la majeure partie du Parc de Saint-Cloud, le Parc de Villeneuve-L'Étang (Institut Pasteur), les étangs de Ville d’Avray, les prairies et le golf du Parc Départemental des Haras de Jardy et le Parc du château à la Celle-Saint-Cloud.

Le périmètre de la ZNIEFF est délimité selon les contours des unités forestières, des Parcs et des enceintes. Le contour de la zone est établi de manière à exclure les zones fortement anthropiques (habitations, bâtiments, zones d’activités, complexes sportifs notamment) et dans la mesure du possible les axes de déplacement (routes, autoroutes). Lorsque le périmètre de la ZNIEFF s’appuie sur des routes ou des autoroutes, la bande de roulement (asphalte) est exclue de la ZNIEFF. Les bermes et les accotements sont inclus dans le périmètre de la ZNIEFF.

Cette ZNIEFF inclut la ZNIEFF de type 2 de première génération dénommée « Forêt de Meudon et Bois de Clamart » (n° 1693).