ZNIEFF 210000100
MARAIS DE GERMONT ET DE BUZANCY

(n° régional : 00000003)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des marais de Germont et de Buzancy occupe une large dépression au pied des Crêtes préardennaises, au niveau de la vallée de la Bar. Cette zone, située à la limite de partage des eaux entre le bassin de la Meuse et celui de la Seine, est pourvue de nombreuses résurgences calcaires (phénomènes karstiques). Elle constitue une ZNIEFF I de près de 400 hectares regroupant différents stades de la tourbière alcaline, des boisements de peupliers et quelques prairies encore présentes sur le site :

- la glycéraie-phalaridaie sur tourbe (Phragmition) est constituée par une végétation de grands hélophytes dominés par la grande glycérie et la baldingère. On y trouve également la patience des eaux (plante hôte d'un papillon protégé en France et en Europe, le cuivré des marais), la grand douve, la laîche des rives, l'iris faux-acore, la prêle des eaux, etc.

- la calamagrostaie (Caricion rostratae), groupement le plus caractéristique du marais, est dominée par le calamagrostis des marais, avec de nombreuses espèces rares comme le séneçon des marais, le saule rampant, la grande douve, etc. Sur les zones plus sèches, on rencontre la laîche glauque et des touradons de molinie bleue.

- la cariçaie à grandes laîches est surtout dominée par la laîche des marais et la laîche aiguë.

- la filipendulaie comporte la reine des prés et l'angélique sylvestre (bien représentées ici), l'iris faux-acore, le populage des marais, la flammette, l'épiaire des marais, la laîche tardive, etc.

La saulaie riveraine est localisée le long de certains fossés, il s'agit d'une formation arbustive à saule cendré, bourdaine, aubépine monogyne et framboisier. L'aulnaie est très peu développée, elle présente un faciès eutrophisé à ortie dioïque, ronce bleue et benoîte commune avec une strate herbacée où se rencontre la violette des marais (dans les endroits les plus humides), la fougère femelle et la laîche des marais. Les prairies sont localisées dans la partie la plus au sud de la ZNIEFF (au sud du canal de Thénorgues) en mélange avec de petits étangs. Des plans d'eau ont également été créés au niveau de la zone d'exploitation de la tourbe. Les plantations de peuliers sont nombreuses et en constante augmentation. Celles du secteur de Thénorgues sont néanmoins très intéressantes (la présence de clairières et de petites roselières constituant un très bon habitat pour les fauvettes paludicoles).

La flore comprend de nombreuses espèces rares, avec 8 espèces protégées : la grande douve (protection nationale), la germandrée des marais, le saule rampant, le pâturin des marais, l'œnanthe à feuilles de silaüs, la linaigrette à larges feuilles, le laiteron des marais (protection régionale) et le marisque (protection départementale). La plupart d'entre eux sont inscrits sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, en compagnie de neuf autres espèces présentes sur le site (saule à cinq étamines, ményanthe trèfle d'eau, comaret, orchis incarnat, catabrose aquatique, pédiculaire des marais, utriculaire commune, cératophylle submergé et laîche tardive).

La faune entomologique est bien diversifiée, avec notamment de nombreuses libellules et des papillons variés. On y distingue notamment le cuivré des marais, papillon protégé en France depuis 1993, en danger d'extinction dans la plupart des pays d'Europe, inscrit à l'annexe II de la convention de Berne, aux annexes II et IV de la directive Habitats, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge des Lépidoptères de Champagne-Ardenne, en compagnie du damier noir.

Les étangs, les mares et les fossés permettent le développement de certaines populations d'Odonates, avec une libellule protégée en France, l'agrion de Mercure (espèce méridionale à aire disjointe et située ici non loin de sa limite septentrionale de répartition), rare dans le département des Ardennes et d'une façon plus générale dans la moitié nord de la France, inscrit aux annexes II de la convention de Berne et de la directive Habitats, figurant sur le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "en danger d'extinction" dans la moitié nord de la France) et sur la liste rouge régionale avec une quinzaine d'autres espèces observées sur le site. Il s'agit de la libellule fauve, de l'agrion gracieux, de l'agrion mignon, du gomphe vulgaire, de l'aeschne printanière, de l'aeschne isocèle, de la grande aeschne, de l'orthétrum brun, de l'orthétrum bleuissant, de la cordulie à taches jaunes, de la cordulie métallique, du leste dryade et du sympétrum noir.

Huit espèces d'amphibiens ont été notées sur le site et plus particulièrement la rainette arboricole entièrement protégée en France (depuis 1993) et en Europe par la convention de Berne et la directive Habitats (annexes II et IV ). Elle figure également dans le livre rouge de la faune menacée de France et sur la liste rouge régionale.

L'avifaune est variée (avec près d'une centaine d'espèces différentes observées), elle est caractérisée par une abondance importante des petits passereaux. Douze espèces appartiennent à la liste rouge des oiseaux menacés de Champagne-Ardenne : le phragmite des joncs, la pie-grièche écorcheur, la pie-grièche grise, le tarier d'Europe, le vanneau huppé, la bécassine des marais, la huppe fasciée, la bouscarle de Cetti, le milan noir, le milan royal, le busard cendré et le faucon hobereau.

Certains carnivores fréquentent le site et notamment le chat sauvage, la pipistrelle commune, le vespertilion de Daubenton (totalement protégés), le blaireau. le putois, l'hermine et la belette.

Une vingtaine d'hectares a été loué au Conservatoire du Patrimoine naturel de Champagne-Ardenne qui s'est engagé à les entretenir.

Le site a été proposé dans le cadre de la directive Habitats. Il est encore en bon état mais et très menacé surtout par l'exploitation de la tourbe, les plantations de peupliers (en extension), plus secondairement par le drainage puis la mise en culture, par les risques de pollution des eaux et des sols (dépôts de fumier, emploi de fertilisants ou de pesticides, eutrophisation, etc.), et aussi par la dynamique naturelle.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation correspond aux limites de la zone marécageuse intéressante.