English Version
La ZNIEFF de la Forêt de la Perthe est située pour l'essentiel sur la commune de Plancy-l'Abbaye, en Champagne crayeuse. C'est en partie une ancienne garenne fortement endommagée en 1935 par la création d'un aérodrome militaire dont les activités cesseront en 1940. Sa gestion fut alors confiée à l'Office National des Forêts : des milliers de pins noirs y furent plantés entre 1951 et 1958 et les peuplements en pins sylvestres (datant du 19ème siècle) ont été maintenus. De la garenne primitive, qui était composée essentiellement de chêne sessile et de chêne pubescent, ne subsistent actuellement qu'une trentaine d'hectares. Les groupements végétaux actuels de la Forêt Domaniale de la Perthe sont les suivants :
- pinèdes anciennes à pins sylvestres relevant du Pyrolo chlotanthae-Pinetum typicum, avec de nombreux éléments des fruticées (aubépine, cornouiller, cerisier de Sainte-Lucie, etc.), pinèdes plus récentes à pins noirs (Pyrolo chloanthae-Pinetum arrhenatheretosum) qui dominent largement, pinèdes riches en feuillus ou boisements feuillus en plantations (une espèce feuillue exogène, l'aulne de Corse, a été introduite, principalement au sud de la forêt) et un boisement relevant de la garenne primitive (en cours de reconstitution), avec du chêne sessile, du chêne pubescent et leur hybride, la renoncule des bois (très rare en Champagne crayeuse, avec seulement deux localités connues), l'euphorbe à feuilles de pin, l'asaret d'Europe, etc.
- groupements arbustifs qui proviennent surtout de la dynamique végétale suite aux coupes à blancs. On les observe aussi au niveau des clairières ou en mosaïque au niveau du savart.
- ourlet à géranium sanguin qui fait partie des groupements végétaux les plus intéressants de la Perthe. Il constitue la végétation des clairières et de certaines allées forestières ; sa végétation est relictuelle et comprend, à coté des espèces des pelouses (brachypode des bois, germandrée petit-chêne, coronille bigarrée, marjolaine, helianthème jaune) et des fruticées (rosier très épineux, aubépine monogyne, chêne pubescent, noisetier), plusieurs espèces issues de la garenne primitive (renoncule des bois, pervenche, renoncule à tête d'or, etc.)
- pelouses de la Perthe qui sont très représentatives du savart champenois ancestral. Elles se rapportent à l'association régionale à fétuque de Leman et à lin français qui est le groupement le plus riche en nombre spécifique et en espèces rares. Les orchidées sont nombreuses : orchis pourpre, orchis moucheron, orchis singe, orchis bouc, orchis pyramidal, ophrys abeille, ophrys bourdon, ophrys mouche, ophrys araignée, épipactis pourpre-rouge, aceras homme-pendu, listère ovale, etc. La flore est typique et comprend la germandrée des montagnes, la globulaire, la polygale chevelue, la bugrane gluante, l'hélianthème jaune, l'euphorbe de Gérard, la coronille minime, la laîche glauque, la potentille printanière, le théson couché, l'épervière piloselle, la petite sanguisorbe et de nombreuses graminées (fétuque de Leman, brome érigé, avoine élevée, pâturin des prés, koelérie pyramidale, etc.). Cette végétation se rencontre surtout dans le quart nord-est de la Forêt de la Perthe et un peu partout au niveau des pinèdes claires, des clairières et de certains chemins.
- un éboulis à végétation bien caractérisée se localise sur un talus crayeux presque nu. Le groupement qui le colonise se rapporte au Teucrio-Galietum fleurotii, avec plusieurs espèces plus ou moins strictement inféodées aux éboulis crayeux (gaillet de Fleurot, germandrée botryde, ibéride amère, galéopsis à feuilles étroites...)
- Une partie des chemins et des pare-feux est cultivée ou semée en prairie artificielle et de ce fait présente une végétation banalisée. Entre ces zones cultivées et la forêt s'observe une végétation particulière riche en espèces annuelles et bisannuelles dont les plus fréquentes sont le sisymbre des pyrénées, le réseda raiponce, la calépine, le géranium pied de pigeon, etc.
La flore de la Forêt Domaniale de la Perthe est pour l'essentiel thermophile et calcicole, avec huit espèces protégées, dont une à l'échelon national, l'anémone sylvestre (qui ne se rencontre en Champagne que dans deux localités de l'Aube et de la Marne), six au niveau régional, l'orchis singe, le géranium sanguin (population importante issue de l'ancienne garenne feuillue), l'orobanche de la germandrée, le lin français, la pyrole verdâtre et la pyrole à fleurs rondes, ou encore départemental, la marguerite en corymbe. Elle sont toutes inscrites sur la liste rouge des végétaux menacés de Champagne-Ardenne, avec une dizaine d'espèces que l'on rencontre également sur le site : l'euphorbe à feuilles de pin (sous-espèce endémique du Bassin Parisien et de la Bourgogne, connue uniquement dans deux localités pour le département), l'ophrys araignée, le baguenaudier, l'odontite jaune, l'orobanche du trèfle, l'orobanche du thym (populations assez fournies au niveau du savart du quart nord-est), l'orobanche pourprée, le gaillet de Fleurot, le gnaphale jaunâtre et le chardon faux-acanthe.
L'intérêt faunistique est lié aux insectes, aux reptiles, oiseaux et mammifères dont les pouplations sont en général riches et diversifiées grâce à la juxtaposition des différents milieux naturels.
Les papillons sont bien représentés et possèdent cinq espèces inscrites sur la liste rouge régionale des Lépidoptères : flambé, mélitée des scabieuses, fadet de la mélique, mercure (situé à sa limite nord d'aire de répartition) et damier de la succise, espèce d'intérêt communautaire protégée en France depuis 1993, inscrite aux annexes II de la convention de Berne et de la directive Habitats et figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France (dans la catégorie "vulnérable").
Le lézard des souches (ou lézard agile) fréquente les endroits ensoleillés de la forêt, il est totalement protégé en France depuis 1993 ; il est également inscrit à l'annexe IV de la directive Habitats, à l'annexe II de la convention de Berne ainsi que dans le livre rouge.
La faune avienne est bien représentée, les espèces les plus fréquentes étant le pinson des arbres, le rougegorge familier, le pouillot véloce, la fauvette à tête noire, la tourterelle des bois, la grive musicienne et le bouvreuil pivoine. A l'exception du pinson, elles sont toutes spécialistes, soit des milieux ouverts, soit des jeunes boisements, la pelouse étant, pour l'avifaune de la ZNIEFF de la Perthe, le milieu le plus intéressant. De nombreux oiseaux se reproduisent à la Perthe et notamment neuf espèces inscrites sur la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne, dont la plus spectaculaire est l'engoulevent d'Europe ; les autres espèces nicheuses menacées sont le faucon hobereau (nicheur très rare en Champagne), le pigeon colombin, le pouillot de Bonelli (nicheur très rare et en régression), l'alouette lulu, le tarier d'Europe, le bruant zizi, la pie-grièche écorcheur et la pie grièche grise.
Les mammifères sont également bien représentés, avec huit espèces bénéficiant d'une protection partielle ou totale, comme par exemple le chat forestier ou encore la musaraigne aquatique.
La forêt est de plus en plus fréquentée par le public des localités environnantes pour la promenade et la recherche des champignons. Des botanistes amateurs, de plus en plus nombreux, y organisent des sorties tout au long de l'année.
La ZNIEFF a été proposée dans le cadre de la directive Habitats (site n° 63 : garenne de la Perthe) et fait parie de la Z.I.C.O. CA 07 (Vallée de l'Aube, de la Superbe et de Marigny). Elle est dans un bon état de conservation général. Une gestion ONF est en cours, visant à restaurer la garenne feuillue (par régénération naturelle des chênes sessiles, pédonculés, pubescents et enlèvement des pins) et à favoriser le savart (qui devrait passer de 30 hectares de superficie à une centaine d'hectares par broyage forestier puis entretien).
La limite de la ZNIEFF suit la limite naturelle de ce massif forestier isolé.
