ZNIEFF 210000162
ETANGS LATERAUX AU RESERVOIR MARNE

(n° régional : 05000002)

Commentaires généraux

La ZNIEFF I des étangs latéraux au réservoir Marne regroupe les étangs du Grand Coulon, de la Forêt, des Landres et leurs environs proches. Située à l'ouest du lac du Der-Chantecoq, elle couvre une superficie de près de 400 hectares et fait partie de la grande ZNIEFF II des environs du Der. Ces étangs comptent parmi les plus anciens (d'origine médiévale), les mieux conservés et les plus riches (par leur faune et leur flore) des étangs de Champagne humide. Ils sont la propriété du Conservatoire de l'Espace littoral et des Rivages lacustres et font l'objet d'une gestion piscicole extensive. Peu profonds, ils occupent la dépression très peu marquée dans le paysage du vallon du ruisseau de Braux.

Leurs eaux mésotrophes portent des groupements aquatiques variés : herbiers flottants à petit nénuphar, nénuphar blanc, nénuphar jaune et faux nénuphar (inscrit sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne), communautés à hépatiques flottantes (dont Ricciocarpos natans assez rare en Champagne-Ardenne) et lentilles d'eau (lentille à trois lobes, petite lentille d'eau, lentille gibbeuse et lentille à plusieurs racines), colonies d'utriculaires (avec l'utriculaire citrine et l'utriculaire vulgaire, inscrite sur la liste rouge régionale), très belles potamaies (avec le potamot à feuilles aigües, le potamot à feuilles obtuses et le potamot à feuilles capillaires, inscrits tous les trois sur la liste rouge régionale, le potamot à feuilles crépues, le potamot nageant, le potamot à feuilles luisantes). On y remarque également la zannichellie des marais et la châtaigne d'eau (inscrites aussi sur la liste rouge), le rubanier rameux, le rubanier simple, la sagittaire, la glycérie flottante, la renouée aquatique, la renoncule divariquée, etc. Des groupements amphibies sont aussi représentés et peuvent prendre de l'importance à la faveur de circonstances particulières (lors des années sèches ou comme par exemple lors de la mise en assec de l'Etang du Grand Coulon en 1997) ; ils comprennent notamment une espèce protégée sur tout le territoire français, l'alisma à feuilles de graminée (très rare en Champagne, ici au niveau de l'Etang de la Forêt) et une espèce protégée dans la Marne, le scirpe de Sologne. Ils sont tous les deux inscrits sur la liste rouge régionale, de même que le faux-riz (Etang de la Forêt), la petite naïade (très rare à nulle dans tout le nord de la France), la patience des marais (très rare en Champagne où elle ne se rencontre que dans quelques stations), la salicaire à feuilles d'hyssope (Etang de la Forêt), la limoselle aquatique et la petite renouée (très rare en Champagne). Ils sont accompagnés par la renoncule scélérate, le bident penché, le bident tripartit, le cresson jaune, le plantain d'eau, le jonc fleuri, etc. Les roselières (phragmitaie avec roseau et baldingère en mélange, scirpaie, glycéraie basse à glycérie aquatique, typhaie à massette à larges feuilles et massette à feuilles étroites) peuvent être, sur certains étangs, bien développées et jouent pleinement leur rôle d'abri pour l'avifaune. On peut y observer la renoncule grande douve protégée au niveau national. Des cariçaies se développent par endroits et sont constituées par de nombreuses laîches (laîche distique, laîche hérissée, laîche vésiculeuse, laîche faux-souchet, laîche des rives). Elles comportent aussi le pâturin des marais (protégé en Champagne-Ardenne) et la stellaire des marais, tous les deux étant inscrits sur la liste rouge régionale.

L'étude des libellules montre que les étangs possèdent également un intérêt entomologique important lié à la fois à la variété des espèces (plus d'une trentaine) et à la présence de neuf libellules rares et menacées, inscrites sur la liste rouge régionale des Odonates : la grande aeschne, l'aeschne printanière, l'aeschne isocèle, la libellule fauve, le sympétrum jaune d'or (espèce montagnarde rare en plaine), le leste dryade, le gomphe vulgaire, la cordulie métallique et une grande libellule spectaculaire, la cordulie à deux taches. Elles sont accompagnées par des espèces plus communes comme par exemple l'aeschne bleue, l'agrion à larges pattes, l'agrion jouvencelle, l'agrion porte-coupe la naïade aux yeux rouges, la naïade au corps vert, la cordulie bronzée, la libellule fauve, la libellule à quatre taches... Il a également été noté une très importante population de papillon machaon.

L'inventaire de la faune ichtyologique est connu en raison de la vocation piscicole des étangs. Les espèces rencontrées sont la carpe, la perche, le brochet, le poisson-chat, la bouvière, les brèmes bordelière et commune, le rotengle, le gardon, l'ablette, la tanche, la grémille. On note une espèce indigène très intéressante : la bouvière, protégée en France depuis 1988, inscrite à l'annxe II de la directive Habitats, à l'annexe III de la convention de Berne et figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable".

Les amphibiens sont également bien représentés, avec notamment le triton crêté (annexes II et IV de la directive Habitats, annexe II de la convention de Berne) et le triton alpestre (annexe III de la convention de Berne) protégés au niveau national, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France (en tant qu'espèces vulnérables) et sur la liste rouge des amphibiens de Champagne-Ardenne pour le triton crêté. On peut également y renconter le crapaud commun, le triton ponctué, la grenouille agile (protégés en France depuis 1993), la grenouille rousse et la grenouille verte.

Certains reptiles fréquentent le site, notamment le lézard des souches : totalement protégé en France, il est inscrit à l'annexe II de la convention de Berne, à l'annexe IV de la directive Habtitats, dans le livre rouge et sur la liste rouge des reptiles de Champagne-Ardenne (catégorie vulnérable).

La richesse avifaunistique des étangs est grande avec plus de 180 espèces différentes répertoriées dont près d'une vingtaine inscrite sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Champagne-Ardenne, sur les listes françaises et européennes. C'est une excellente zone de reproduction pour de nombreux oiseaux d'eau (canard colvert, poule d'eau, grèbe castagneux, grèbe huppé, foulque macroule, râle d'eau, etc.) dont certains sont des nicheurs très rares ou en régression : fuligule milouin, fuligule morillon (inscrite dans le livre rouge de la faune menacée en France en tant qu'espèce "rare") et canard chipeau, pour lesquels le site fait partie des quelques derniers points de reproduction régulière de cette espèce subsistant dans cette région de Champagne). Certaines espèces affectionnant les milieux palustres s'y reproduisent également : cinq font partie de la liste rouge régionale des oiseaux ; il s'agit du blongios nain (inscrit à l'annexe I de la directive Oiseaux, l'annexe II de la convention de Berne et sur le livre rouge en tant qu'espèce en très forte régression et menacée de disparition), du busard des roseaux, de la rousserole turdoïde (inscrite à l'annexe II de la convention de Berne ainsi que dans le livre rouge catégorie "vulnérable"), du phragmite des joncs et de la bouscarle de Cetti. Les prairies et les milieux buissonnants accueillent la nidificaion du pipit farlouse, du rougequeue à front blanc (nicheur rare ici), de la loctustelle luscinioïde, du tarier d'Europe, du vanneau huppé, de la pie-grièche écorcheur et de la pie-grièche grise (reproduction devenue très rare aujourd'hui), tous étant inscrits sur la liste rouge. On y rencontre également la bergeronnette printanière, l'alouette des champs, le tarier pâtre, la locustelle tachetée, l'hypolaïs polyglotte, le bruant jaune, le bruant proyer. Le pic mar se reproduit dans les bois riverains, ainsi que, de façon très ponctuelle, le faucon hobereau et le héron pourpré.

En relation avec le lac du Der tout proche, les étangs accueillent pour les migrations printanières et automnales plusieurs centaines de canards (surtout canards colvert, canards chipeau, foulques et sarcelles), des oies diverses (oie cendrée, oie rieuse et oie des moissons), certains limicoles (pluvier doré, bécassine des marais, courlis cendré, combattant varié, barge à queue noire), la grue cendrée (inscrite l'annexe I de la directive Oiseaux, annexe II de la convention de Berne, dans le livre rouge, "catégorie vulnérable" et sur la liste rouge régionale), la grande aigrette, l'aigrette garzette, l'échasse blanche, etc.

La musaraigne aquatique (totalement protégée en France) et le putois (inscrits tous les deux sur la liste rouge des mammifères de Champagne-Ardenne) et certaines chauves-souris (murin à moustaches, murin de Natterer, murin de Daubenton, noctule commune, oreillard commun et pipistrelle commune) ont été observés sur le site. Celui-ci est également bien fréquenté par le ragondin, le renard, le chevreuil, le chat sauvage et la martre, plus occasionellement par l'hermine, la belette, la fouine, le sanglier et le blaireau.

La ZNIEFF des étangs latéraux au lac du Der s'inscrit dans un contexte patrimonial important : elle fait partie de la ZICO CA 05 (lac du Der-Chantecoq et étangs latéraux), du réseau international des zones humides de la convention de Ramsar (Etangs de la Champagne humide) depuis 1991 et fait partie du réseau Natura 2000. Les trois étangs ont fait ou font régulièrement l'objet d'opérations de gestion conservatoire (arrachage des saules, recreusement ou création de fossés et chenaux, création d'îlots et de hauts fonds, pâturage extensif de certaines cariçaies, glycéraies et prairies humides). Elle est dans un très bon état de conservation général.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF suit celle des secteurs les plus riches, du point de vue floristique et faunistique (zone d'alimentation et zone de reproduction). Une petite partie de la zone (tiers nord-est) est limitée à la ZNIEFF n°210020035.