ZNIEFF 210000740
RIEZES DE ROCROI-REGNIOWEZ ET ZONES ENVIRONNANTES

(n° régional : 01650000)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de type II des rièzes de Rocroi-Régniowez et zones environnantes couvre 8 775 hectares du plateau de Rocroi correspondant à la partie occidentale du plateau ardennais. La ZNIEFF est divisée en deux grandes parties distinctes : d'une part, à l'ouest de Rocroi une zone contiguë à la frontière belge, de Régniowez à Signy-le-Petit et d'autre part une partie située nord-est de Rocroi, à Gué d'Hossus. Elle renferme 13 ZNIEFF de type I (dont cinq nouvelles ZNIEFF et huit dont les contours ont été profondément remaniés en 1998) qui recensent les principales rièzes (et les milieux intéressants qui les environnent) subsistant sur le plateau.

Les conditions écologiques particulières du lieu, établi sur des roches acides, au climat à la fois rude et pluvieux, avec de nombreuses sources et zones humides, permettent le développement d'une végétation particulière qui n'existe nulle part ailleurs en Champagne-Ardenne. On y rencontre ainsi des mares et étangs aux eaux oligotrophes, avec des peuplements pionniers, des groupements semi-immergés, des tourbières oligotrophes à sphaignes, des cariçaies et des roselières, des landes (lande à bruyères humides de type Ericion tetralicis, lande à bruyères sèches de type Calluno-Ulicetae), des prairies (prairie humide subatlantique oligotrophe, moliniaie, prairie maigre à nard et prairies de fauche ou pâturées plus ou moins amendées), des peuplements forestiers (boulaie pubescente sur tourbe, forêt marécageuse sur tourbe, chênaie pédonculée acidiphile à molinie) et des bois résineux en plantations (pessière et pinède artificielles).

De nombreuses espèces végétales rares et/ou protégées se rencontrent sur le site : quatre bénéficient d'une protection nationale, le rossolis intermédiaire (espèce nord-subatlantique, rare et en très forte régression) qui possède ici son unique station de Champagne-Ardenne, le rossolis à feuilles rondes (une des plus grosses populations de la région), le polystic à crêtes (espèce nord-circumboréale et dont les stations de l'Ardenne primaire sont les seules de Champagne-Ardenne) et le lycopode des marais (aujourd'hui très rare et en très forte régression et qui trouve ici sa seule station subsistant en Champagne-Ardenne).

Dix sont protégées au niveau régional : deux fougères, l'osmonde royale et le polystic des montagnes (très rare en plaine), la linaigrette à feuilles vaginées (espèce arctique très rare en plaine et dont les localités de l'Ardenne primaire sont les seuls de Champagne-Ardenne), l'orchis des sphaignes (microendémique du nord-ouest de l'Europe, qui trouve vers Rocroi ses seules stations de toute la France et qui fait partie des espèces prioritaires de la liste rouge française), le genêt d'Angleterre (espèce atlantique qui atteint ici sa limite absolue de répartition vers le nord-est), le saule rampant, la walhenbergie à feuilles de lierre (très isolée de son aire de répartition principale et qui possède ici ses seules stations de toute la Champagne-Ardenne), la stellaire des marais, le lycopode en massue et le rhynchospore blanc (en forte régression). Ces sept dernières espèces sont inscrites sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, de même que l'arnica des montagnes, la bruyère à quatre angles, le carvi verticillé, le comaret, le ményanthe trèfle d'eau, le bouleau pubescent des Carpates, etc.

Tout comme la flore, le faune renferme des espèces rares et en particulier deux papillons, le nacré de la canneberge (d'origine boréale, typique des tourbières à sphaignes sur sol acide, en cours d'extinction en France) et le damier de la succise (très menacé), tous les deux étant protégés en France depuis 1993, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France et inscrits sur la liste rouge régionale de même que le cuivré écarlate, le damier noir, le nacré de la sanguisorbe, le petit collier argenté et le mélitée des digitales. Les Odonates sont également bien représentés et renferment douze libellules inscrites sur la liste rouge régionale (leste dryade, grande aeschne, aeschne printanière et aeschne des joncs, cordulégastre annelé, gomphe à pinces, orthétrum bleuissant, sympétrum noir et sympétrum jaune d'or, cordulie métallique, cordulie arctique et une grande espèce spectaculaire, la cordulie à deux taches). Deux criquets, le criquet des montagnes et le criquet à petites ailes sont inscrits sur la liste rouge des Orthoptères de Champagne-Ardenne.

Les reptiles sont bien représentés par le lézard vivipare et la vipère péliade, partiellement protégée en France depuis 1993, en régression, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge des reptiles de Champagne-Ardenne. Les batraciens fréquentent les ruisseaux, les mares et les étangs : salamandres tachetées, grenouilles et tritons divers s'y observent, notamment le triton crêté en régression dans l'ensemble des pays d'Europe, inscrit aux annexes II et IV de la directive Habitats, à l'annexe II de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie vulnérable) et sur la liste rouge des amphibiens de Champagne-Ardenne en compagnie de la salamandre tachetée.

Parmi les 133 espèces d'oiseaux recensées sur le site, onze présentent un intérêt particulier ou font partie de la liste rouge des oiseaux en Champagne-Ardenne. Il s'agit de la gélinotte des bois (rare en France aujourd'hui et en limite d'aire), du gobemouche noir (nicheur très rare et en diminution), de la chouette chevêche (nicheur peu commun), du cincle plongeur (nicheur rare à effectif en diminution), du phragmite des jonc (nicheur peu commun et en diminution), du tarier d'Europe, de l'engoulevent d'Europe (en régression sensible), de la pie-grièche grise et de la pie-grièche écorcheur (nicheurs assez peu communs), de l'alouette lulu, du milan noir.

La ZNIEFF abrite un important dortoir à hirondelles et une grosse population de grive litorne. L'abondance des arbres morts explique la fréquence des pics : pic mar, pic noir, pic épeiche, pic vert et pic épeichette. De nombreux rapaces survolent les forêts en quête de nourriture ou pour y nicher (le busard Saint-Martin s'y reproduit régulièrement et le milan royal possède ici un important dortoir).

Le caractère sauvage du site attire également de nombreux mammifères, comme par exemple le chat sauvage, la martre, l'hermine, le cerf élaphe, le chevreuil, le sanglier, le putois et la musaraigne aquatique. Ces deux derniers font partie de la liste rouge régionale des mammifères menacés.

La ZNIEFF est encore en bon état malgré les nombreuses menaces qui pèsent sur elle (dynamique forestière, envahissement des tourbières et milieux associés par la molinie et les bouleaux, localement pollutions diverses, enrésinement, etc.). Elle bénéficie de certaines protections sur de petites zones, notamment deux arrêtés de Protection de Biotope (rièze de la Croix Sainte-Anne dit le Camp à Rocroi et rièze de la Louvière à Régniowez). La plupart des ZNIEFF I qui la constitue a été proposée dans le cadre de la directive Habitats.

Commentaires sur la délimitation

Les limites de la ZNIEFF suiVENT les contours des massifs boisés et de certains autres milieux situés en périphérie et également très intéressants.

Autre : frontière franco-belge (une partie de la limite nord).