La ZNIEFF du Bois Hubert est située au sud du village de Taillette dans les Ardennes, au voisinage du ruisseau Sainte-Anne. Elle fait partie de la vaste ZNIEFF II des rièzes de Rocroi-Regniowez et zones environnantes. Les conditions écologiques particulières du lieu (sol acide, sources, climat froid et humide) permettent le développement d'une végétation particulière constituée par une mosaïque de landes humides à éricacées sur tourbe, tourbière oligotrophe (peu colonisée par les bouleaux ou la molinie), prairies humides de fauche non amendées et pelouses atlantiques acidophiles. Les boisements sont représentés par la boulaie pubescente sur tourbe ou sur molinie, des saulaies linéaires et des boisements de recolonisation.
De nombreuses espèces végétales rares et/ou protégées se rencontrent sur le site : deux bénéficient d'une protection nationale, le rossolis intermédiaire (espèce nord-subatlantique, rare et en très forte régression) et le rossolis à feuilles rondes. Six sont protégées au niveau régional : deux fougères, l'osmonde royale et la fougère des montagnes (très rare en plaine), la linaigrette vaginée (espèce arctique très rare en plaine), l'orchis des sphaignes, microendémique du nord-ouest de l'Europe, présente en France uniquement dans le nord des Ardennes, le genêt d'Angleterre (espèce atlantique qui atteint ici sa limite absolue de répartition vers le nord-est), le saule rampant. Ces trois dernières espèces sont inscrites sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, de même que l'arnica des montagnes, la bruyère à quatre angles et le carvi verticillé. La présence de l'unique station de Drosera intermedia connue dans le département des Ardennes, ainsi que par la relative abondance d'Arnica montana, espèce en très forte régression sur le plateau de Rocroi font de cette zone un site particulièrement important.
Des mesures de protection ont été prises sur une partie du site (A.P.B. du 04/12/87 sur 4 hectares de la rièze de la Croix Sainte-Anne au lieu-dit le Camp). Il correspond à la lande humide à Drosera intermedia, à la tourbière et à la moliniaie adjacente. Une gestion a été entreprise sur cette lande par étrépage de zones colonisées par les joncs et abbattage de bouleaux colonisateurs. La prairie de fauche à Arnica montana résulte du défrichage d'une rièze laissée à l'abandon. Cette prairie bénéficie d'une fauche tardive et d'une absence d'amendement obtenues auprès de l'exploitant agricole. La tourbière a été l'objet d'un chantier de jeunes LPO en juillet 1998 dont le but était de déboiser la périphérie de celle-ci.
Tout comme la flore, le faune renferme des espèces rares et en particulier un papillon d'origine boréale typique des tourbières à sphaignes sur sol acide, le nacré de la canneberge, en cours d'extinction, protégé en France depuis 1993, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France et inscrit sur la liste rouge régionale (la rièze du Bois Hubert est l'un des derniers sites ardennais où il subsiste). Trois autres papillons inscrits sur la liste rouge régionale, s'y observent également : il s'agit du petit collier argenté, du damier noir et du nacré de la sanguisorbe, ainsi qu'une libellule d'origine montagnarde, le cordulégastre de Bolton (inscrit également sur la liste rouge régionale).
La vipère péliade est un hôte remarquable de la rièze : elle est partiellement protégée en France, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge régionale.
Parmi les oiseaux qui fréquentent cette rièze, certains sont rares et présentent un intérêt particulier, notamment le busard Saint-Martin (nidification fréquente) et la pie-grièche écorcheur (nourrissage). L'autour des palombes et le faucon émerillon trouvent là un terrtoire de chasse. Divers hivernants sont à signaler dont le bruant des roseaux et plus rarement le vanneau huppé et le courlis cendré.
La ZNIEFF a été proposée dans le cadre de la directive Habitats (site n° 25 : rièzes du plateau de Rocroi, elle fait aussi partie du site ZICO CA 01 (plateau ardennais) de la directive Oiseaux. Suite à la gestion réalisée, elle est en bon état, les menaces qui pèsent sur elle sont principalement la pollution (liée d'une part à la présence d'une décharge de matériaux, résidus de fonderie, gravats, dont les effluents s'écoulent vers la ZNIEFF, et d'autre part à la présence périodique d'un alambic rejetant les déchets de distillation dans le ruisseau Sainte-Anne en amont du territoire) et à la fréquentation humaine (lande aménagée en caillebotis).
Les limites de la ZNIEFF suivent les limites naturelles des milieux tourbeux et /ou acides les plus riches.