La ZNIEFF de la plaine alluviale et du cours de l'Aisne, depuis le nord de Vouziers jusqu'à Semuy (en passant par les finages de Voncq, Terron-sur-Aisne, Vandy et Vrizy) recense un des milieux remarquables de la vallée. La ZNIEFF initiale, créée 1984, a été profondément remaniée et très fortement agrandie en 2000, passant ainsi d'une superficie de moins de 100 hectares à une superficie de plus de 1000 hectares. Elle possède une végétation variée et bien caractéristique des grandes plaines alluviales : prairies de fauche et/ou pacagées plus ou moins hygrophiles, végétation marécageuse, bois riverains, eaux courantes de la rivière et eaux dormantes des noues (bras morts). Quelques plantations de peupliers noirs et des cultures de maïs s'y remarquent également. Elle fait partie de la grande ZNIEFF de type II de la vallée de l'Aisne entre Autry et Avaux, ainsi que de la ZICO CA 08 de la directive Oiseaux.
La gamme des groupements prairiaux est très étendue en fonction de la nature du sol, de l'inondation ou du traitement (fauche, pâture ou traitement mixte) : les prairies de fauche relèvent de l'Arrhenatherion elatioris (dans les zones peu ou pas inondées) ou du Bromion racemosi (dans les secteurs plus marécageux). Elles sont riches en graminées (houlque laineuse, pâturin trivial, fléole des prés, avoine élevée, orge faux-seigle, agrostis blanc étant les plus communes) et en légumineuses (lotier corniculé, trèfle rampant, trèfle des prés, gesse des prés, gesse tubéreuse, vesce à épis, vesce des haies, etc.). On y rencontre également la potentille rampante, le plantain lancéolé, la cardamine des prés, le lychnis fleur de coucou, l'oseille sauvage, la renoncule rampante, la canche cespiteuse... Dans les zones plus humides, la flore s'enrichit en espèces hygrophiles telles que le brome en grappes, le silaüs des prés, le jonc diffus, le séneçon aquatique, la laîche hérissée, l'achillée sternutatoire, le lychnis fleur-de-coucou, l'oenanthe fistuleuse, la laîche des renards, etc. On peut y observer l'oenanthe intermédiaire, la germandrée des marais (protégées au niveau régional) et la stellaire des marais, toutes les trois étant inscrites sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne.
Certaines prairies sont aujourd'hui fertilisées (avec fauche précoce pour ensilage) et/ou pâturées par les bovins : les graminées sont alors dominées par la crételle, la houlque laineuse et l'ivraie vivace. Elles sont accompagnées par le léontodon d'automne, le trèfle rampant, le trèfle fraise, la renoncule rampante, la potentille des oies, le plantain à larges feuilles, la patience crépue, le cirse des champs, la menthe aquatique, etc.
Les milieux marécageux sont plus localisés et constitués par les roselières (phalaridaies, phragmitaies et glycéraies à rubanier rameux, scirpe maritime, épiaire des marais, prêle des eaux...), les mégaphorbiaies (à reine des prés, cirse des maraîchers, épiaire des marais, guimauve officinale, liseron des haies, etc.), les cariçaies à grandes laîches (laîche distique, laîche aigüe, laîche des rives, laîche vésiculeuse, laîche des renards...) et les cariçaies à petites laîches (laîche en ampoules). On peut là aussi y observer la germandrée des marais.
Le réseau hydrographique est constitué par la rivière de l'Aisne et par de petits ruisseaux aux eaux eutrophes ; des mares, des étangs et des noues (bras morts) s'y rencontrent également.
La végétation aquatique est représentée par des communautés à hépatiques (avec Ricciocarpus natans, rare en Champagne-Ardenne) et lentilles d'eau (petite lentille d'eau, lentille à trois lobes, lentille minuscule, lentille à plusieurs racines), des groupements du Nymphaeion (à nénuphar jaune, petit nénuphar, cératophylle épineux) et du Potamion (avec le potamot à feuilles pectinées, le potamot à feuilles luisantes, le potamot à feuilles crépues, le potamot à feuilles perfoliées, l'élodée du Canada, l'élodée à feuilles étroites, etc). On peut y observer une espèce protégée au niveau régional, l'aloès d'eau (en compétition ici avec les lentilles d'eau). Il figure, de même que le potamot à feuilles flottantes, sur la liste rouge régionale. Le long des fossés et des noues (anciens méandres de l'Aisne), au bord de certaines mares et au niveau des vases et graviers exondés de la rivière se rencontrent des groupements amphibies à bident tripartit, menthe pouliot (rare dans les Ardennes), cresson des champs, jonc fleuri, oenanthe aquatique, sagittaire flèche d'eau...
La rivière est bordée par une ripisylve qui s'étoffe localement : on y trouve le frêne, l'aulne glutineux, l'orme champêtre, le saule blanc, le saule cendré et le nerprun purgatif. Dans la strate herbacée se remarquent l'angélique sylvestre, la reine des prés, l'iris faux-acore, le gaillet des marais, la lysimaque nummulaire, la grande consoude, etc.
Les libellules sont bien représentées, avec trois espèces rares inscrites sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne : le gomphe vulgaire, l'aeshne isocèle et la grande aeshne. Ils sont accompagnés par des espèces plus communes, notamment la libellule déprimée, la cordulie bronzée, l'orthétrum reticulé, le sympétrum rouge sang, l'anax empereur pour les libellules, l'agrion élégant, l'agrion à larges pattes, l'agrion jouvencelle, l'agrion aux longs cercoïdes, l'agrion au corps de feu, la naïade aux yeux rouges, le caloptéryx vierge, le caloptéryx éclatant, le leste verdoyant et le leste fiancé pour les demoiselles.
Le pélodyte ponctué fréquente la ZNIEFF : totalement protégé en France depuis 1993, ce petit crapaud est également inscrit à l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale.
Les prairies de fauche accueillent de nombreux oiseaux : douze sont inscrits sur la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne, parmi lesquels une espèce exceptionnelle, le râle des genêts (une dizaine de mâles chanteurs a été repérée sur le territoire de la ZNIEFF), protégé en France, inscrit à l'annexe II de la convention de Ramsar (en tant qu'espèce menacée à l'échelle mondiale), à l'annexe I de la directive Oiseaux, à l'annexe II de la convention de Berne, sur la liste rouge des espèces d'oiseaux menacés au niveau international, dans le livre rouge de la faune menacée en France (dans la catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale. Malheureusement les nichées du râle des genêts sont régulièrement détruites par la fauche précoce (mai à fin juin) des prairies : quelques parcelles font l'objet d'une fauche tardive par contrat OGAF Environnement. Les autres espèces nicheuses de la liste rouge régionale sont le courlis cendré (inscrit sur la liste rouge régionale en tant que "nicheur très rare"), le tarier d'Europe, le pipit farlouse et la pie-grièche écorcheur (milieux prairiaux et broussailleux), la rousserolle verderolle et le phragmite des joncs (dans la végétation marécageuse), l'hirondelle des rivages (le long des berges abruptes de l'Aisne), le pic mar, le faucon hobereau et le tadorne de Belon. Ils sont accompagnés par le tarier pâtre, l'alouette des champs, la rousserolle effarvatte, la locustelle tachetée, l'accenteur mouchet, la grive litorne, la bergeronnette printanière, ainsi que par des espèces plus forestières (tourterelle des bois, troglodyte mignon, rougequeue noir, roitelet triple-bandeau, sitelle torchepot, grive musicienne, geai des chênes, loriot d'Europe, fauvettes diverses, etc.). La zone est régulièrement survolée par les rapaces qui y chassent et/ou qui y ont installé leur nid (buse, milan noir, milan royal, épervier d'Europe, faucon crécerelle, bondrée apivore, etc.).
De nombreux oiseaux migrateurs ou de passage fréquentent le site (grande aigrette, bernache nonette, grue cendrée, chevalier culblanc, chevalier sylvain, chevalier guignette (nicheur possible), chevalier arlequin, canard souchet, canard pilet, sarcelle d'été, combattant varié, bécassine sourde, barge à queue noire...). Certains y hivernent (oie cendrée, inscrite dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge régionale, canard siffleur, sarcelle d'hiver, fuligule morillon faucon émerillon, pluvier doré, grive mauvis, garrot à oeil d'or, harle bièvre). Le cours d'eau et les milieux quatiques accueillent le canard colvert, la poule d'eau, le grèbe castagneux, le grèbe huppé, le martin pêcheur, le râle d'eau, la bergeronnette des ruisseaux (nicheurs certains).
La ZNIEFF est en bon état, avec une bonne potentialité biologique, mais les prairies sont menacées par le drainage, la mise en cultures (maïs) ou la plantation de peupliers, la conversion en pâturage (pour les prairies de fauche) et une intensification du pâturage (pour les prairies déjà pacagées).
Les contours de la ZNIEFF suivent les limites naturelles de la zone alluviale la plus riche du secteur situé entre Vouziers et Semuy, la limite ouest correspond plus particulièrement au canal des Ardennes.