ZNIEFF 210001125
LES MARAIS DE L'AVEGRES A CHALLERANGE ET MONTHOIS

(n° régional : 00000176)

Commentaires généraux

Les marais de l'Avègres comptent parmi les sites majeurs des Ardennes. La ZNIEFF regroupe, sur une superficie de près de 360 hectares dans la vallée très élargie de l'Avègres, au sud-ouest de Challerange, une mosaïque de milieux marécageux correspondant aux différents faciès de la tourbière alcaline, derniers témoins d'un biotope autrefois très répandu dans la vallée. Les prairies occupent le tiers de la surface : ce sont surtout des prairies de fauche alluviales (Arrhenatherion elatioris), des prairies humides sur sols riches (Oenanthion fistulosae, Bromion racemosi), des prairies à molinie (Molinion caeruleae), des pâturages interrompus par des fossés. De nombreuses prairies sont mixtes et sont utilisées dans la même année en tant que pâture et prairie de fauche. Dans les zones les plus humides se localise la toubière alcaline (Caricion davallianae, groupement submontagnard). Les peuplements à grandes laîches et les végétations à roseau, massettes, à baldingère et à glycérie sont bien représentées. Les boisements de chêne pédonculé, les forêt galeries à saule blanc, les aulnaies-frênaies et les peupleraies plantées sont les principaux boisements rencontrés sur le site. Au niveau de la Grande Rosière les mares sont nombreuses, il s'agit pour la plupart d'anciennes zones de chasse au canard. De nombreuses espèces végétales rares s'observent sur le site dont deux protégées au niveau national, la violette élevée (très rare en France où elle ne se rencontre que dans quelques grandes vallées) et la grande douve (proche de sa limite nord-est de répartition) et trois au niveau régional, le pâturin des marais, l'ail anguleux (une des deux seules stations connues des Ardennes) et l'œnanthe moyenne, tous très menacés et en régression importante. Ils sont inscrits sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne avec l'œnanthe de Lachenal, l'orchis incarnat, la gesse de Nissol et une petite fougère, l'ophioglosse.

La faune recèle de multiples richesses. Ainsi, une rare libellule, l'agrion de Mercure, possède ici une de ses plus belles populations régionales : protégé en France depuis 1993, il est inscrit dans les annexes II de la convention de Berne et de la directive Habitats, figure dans le livre rouge de la faune menacée en France (dans la catégorie en danger d'extinction dans la moitié nord de la France) et sur la liste rouge des insectes de Champagne-Ardenne avec l'agrion gracieux, l'aeschne printanière, le gomphe vulgaire, l'orthétrum brun et l'orthétrum bleuissant, également bien représentés sur le site.

Les amphibiens sont abondants et possèdent trois espèces inscrites sur les listes rouges : le triton crêté (annexes II et IV de la directive Habitats et annexe II de la convention de Berne), la rainette verte (annexes II de la Directive Habitats et de la convention de Berne) figurent dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "vulnérable") et font partie de la liste rouge des amphibiens de Champagne-Ardenne, de même que la salamandre. Le triton alpestre (annexe III de la convention de Berne) a également été contacté.

Bien qu'en régression l'avifaune est encore bien représentée, avec 115 espèces inventoriées nicheuses, hivernantes ou simplement de passage. Parmi les oiseaux qui se reproduisent sur le site, dix huit sont inscrits sur la liste rouge des oiseaux menacés en Champagne-Ardenne, notamment le râle des genêts et la bouscarle de Cetti (nicheurs très rares et en régression),le râle d'eau, la rousserolle turdoïde, la rousserolle verderolle et le phragmite des joncs (nicheurs peu communs et en diminution), la pie-grièche écorcheur et la pie-grièche grise, le gobemouche noir (nicheur très rare et en diminution), le vanneau huppé, le tarier d'Europe, la marouette ponctuée (nidification possible), le gorgebleue à miroir et des rapaces comme le busard des roseaux (un des seuls sites de reproduction du département), le busard cendré, le busard Saint-Martin, le faucon hobereau (nicheur très rare) et la chouette chevêche. Les herbages constituent des zones de chasse privilégiées pour ces rapaces et pour le faucon crécerelle, la buse variable, l'autour des palombes...

Des espèces plus communes fréquentent assidûment les prairies et le marais, comme par exemple le tarier pâtre, le pipit farlouse, l'alouette des champs, l'hypolaïs polyglotte, le bruant proyer, le bruant jaune, le bruant des marais, la rousserolle effarvatte… Le martin pêcheur niche aussi dans la ZNIEFF.

Les bois sont habités par de nombreux pics (vert, noir, épeiche, épeichette), des grives (musicienne, litorne, draine), par le pigeon ramier, l'accenteur mouchet, le rougequeue à front blanc, le grosbec casse noyaux, la sittelle torchepot, ainsi que par de nombreux pouillots, mésanges et fauvettes.

Certains oiseaux aquatiques de passage ou hivernants s'y observent (canard souchet, canard pilet, sarcelle d'hiver, sarcelle d'été, grèbe castagneux, grèbe huppé, canard colvert, foulque, poule d'eau, ces quatre derniers étant aussi nicheurs), la grue cendrée, certains limicoles (pluvier doré, courlis cendré, combattant varié), , la grive mauvis, le tarin des aulnes…

Parmi les mammifères qui fréquentent cette zone humide, deux sont inscrits sur la liste rouge régionale, il s'agit de la musaraigne aquatique et du putois.

La ZNIEFF encore en assez bon état est très menacée et les zones intéressantes sont en constante régression (amendement des prairies les plus sèches, abandon des prairies les plus humides avec plantation de peupliers ou évolution de celles-ci vers le boisement, drainage, etc.). Elle est concernée par la directive Oiseaux (ZICO CA 08de la vallée de l'Aisne).

Commentaires sur la délimitation

Les limites de la ZNIEFFsont fonction des limites naturelles de la zone la plus riche de la vallée élargie du ruisseau de l'Avrèges, située au sud-ouest du village (exclusion des cultures et des bois trop atrificialisés).