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Les bois et les pelouses du coteau surplombant Létanne et Villemontry, ainsi que les prairies humides de la Meuse qui serpente dans la vallée sous jacente constituent une ZNIEFF de type I. Initialement centrée sur le bois de pente du Failly et sur la pelouse de la Côte Saint-Georges, elle a été fortement agrandie en 2000 et comprend aujourd'hui les hêtraies de pente à jonquille de tout le coteau exposé est et les prairies alluviales de la Meuse associées à des noues et bras morts.
La prairie humide eutrophe pâturée ou fauchée est dominée par diverses graminées, dont le pâturin des marais protégé au niveau régional et inscrit sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, accompagnées par la pédiculaire des marais (inscrite sur la liste rouge régionale), l'oenanthe fistuleuse, la scorzonère des prés, la véronique à écussons, la patience des eaux, le pigamon jaune, la renoncule rampante, le scirpe des marais...
Dans les zones basses des prairies, le long de la rivière et des noues apparaissent des groupements marécageux à hautes herbes : magnocariçaies, roselières et mégaphorbiaies. Une espèce protégée en France, la grande douve et une espèce rare, inscrite sur la liste rouge régionale, la stellaire des marais, peuvent s'y observer.
La Meuse et les noues possède une belle végétation aquatique avec le nénuphar jaune, le nénuphar blanc, le petit nénuphar, la lentille à trois lobes, la petite lentille d'eau, la lentille à plusieurs racines, le cératophylle épineux. Sur les berges se remarquent l'acore (très abondant), le plantain d'eau, la pesse, le rubanier rameux, etc.
Les boisements sont essentiellement représentés par une hêtraie neutrophile plus ou moins sèche riche en tilleuls et sorbiers, type forestier peu courant dans les Ardennes. On y remarque le bois joli (assez rare dans les Ardennes), le laurier des bois (rare dans la Marne, ici indigénat très probable) et de très vastes stations de jonquilles.
Les pelouses sèches sont dominées par le brome dressé, la fétuque de Leman et le brachypode penné. On y remarque de nombreuses orchidées dont l'ophrys araignée (proche de sa limite septentrionale) et l'orchis grenouille (tous deux étant inscrits sur la liste rouge régionale), l'ophrys abeille, l'ophrys mouche, l'orchis pourpre, l'orchis militaire, l'orchis moucheron, l'acéras homme-pendu, la platanthère des montagnes, la platanthère à deux feuilles, etc. Elles sont accompagnées par le vélar odorant (situé à sa limite de répartition septentrionale), l'orobanche du thym et l'orobanche de la germandrée (inscrits tous les trois sur la liste rouge), la globulaire, le polygale du calcaire, l'anémone pulsatille, la brunelle à grandes fleurs, la véronique germandrée, le lin à feuilles ténues... Au contact des bois et des pelouses se développe localement une lisière thermophile bien caractérisée (violette hérissée, dompte-venin officinal, tamier commun, héllébore fétide).
La ZNIEFF recèle deux papillons remarquables et protégés, le cuivré des marais (dans les prairies humides) et l'azuré du serpolet (dans les pelouses et milieux secs) : en danger dans tous les pays d'Europe et en très forte régression en France, ils sont protégés sur le plan national depuis 1993, inscrits à l'annexe II de la convention de Berne, aux annexes II et/ou IV de la directive Habitats et figurent dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "en danger d'extinction"). Ils font également partie de la liste rouge des insectes de Champagne-Ardenne, de même que le thécla du coudrier et l'hespérie de la houlque. Ils sont accompagnés par de nombreux autres papillons plus communs (machaon, citron, paon-du-jour, belle-dame, petite tortue, azuré de la bugrane, argus frêle...). Les Odonates sont également bien représentés (près d'une trentaine d'espèces a été repertoriée sur le site) et comprennent une espèce protégée en France, l'agrion de Mercure, inscrit sur les annexes II de la convention de Berne et de la directive Habitats, figurant dans le livre rouge (catégorie "en danger d'extinction" dans la moitié nord de la France) et sur la liste rouge régionale en compagnie de six autres espèces présentes sur le site (libellule fauve, gomphe vulgaire, agrion gracieux, aeshne isocèle, aeshne printanière et grande aeshne). D'autres libellules et demoiselles caractéristiques des milieux humides s'y rencontrent également, comme par exemple la libellule déprimée, la libellule à quatre taches, le leste fiancé, l'agrion à larges pattes, l'agrion élégant, l'agrion jouvencelle, la naïade aux yeux rouges, l'aeshne bleue, l'aeshne mixte, le gomphe joli, etc. De nombreux criquets et sauterelles fréquentent également les prairies et les pelouses : sept sont inscrits sur la liste rouge régionale des Orthoptères, le criquet verte-échine, le criquet marginé, le criquet ensanglanté, le conocéphale des roseaux, le dectique verrucivore, le platycléis à taches blanches et un criquet géophyte, Tetrix nutans). On y rencontre également d'autres espèces plus courantes, comme par exemple le phanéroptère porte-queue, le conocéphale bigarré, la decticelle bariolée, la sauterelle des chênes, la grande sauterelle verte, le criquet des clairières, le criquet des pâtures, le criquet mélodieux, le criquet duettiste, le criquet à long corselet, etc.. Les bords de la Meuse et des noues abritent plusieurs espèces d'éphèmères rares (dont Heptagenia fuscogrisea, très rare en France et se trouvant essentiellement dans les départements des Ardennes et de la Meuse, Siphlunurus aestivalis, Ephoron virgo, Heptagenia flava, Heptagenia sulfurea, Ephemera vulgata...) bien caractéristiques des groupements végétaux du Potamion.
La Meuse et la Noue de Talma (mise en réserve) abrite une faune piscicole variée : la lotte de rivière et la loche de rivière (en régression sensible en France, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne et à l'annexe II de la directive Habitats) qui figurent toutes les deux dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie vulnérable), le brochet (zone de frayère), la bouvière, poisson très sensible à la pollution, considérée comme une espèce vulnérable en France et figurant à ce titre dans le livre rouge, inscrite sur l'annexe III de la convention de Berne, à l'annexe II de la directive Habitats, le barbeau commun, le chevaine, la perche, la brème...
La faune amphibienne est variée avec la salamandre tachetée inscrite sur la liste rouge régionale, le triton alpestre (figurant dans le livre rouge), le triton palmé, le crapaud commun, etc. La coronelle lisse (protégée en France depuis 1993 et inscrite sur la liste rouge régionale) peut également se rencontrer sur le site.
L'avifaune est variée avec de nombreuses espèces nicheuses ou de passage régulier. C'est une zone de chasse pour de nombreux rapaces (buse, bondrée apivore, busard cendré, busard des roseaux, busard Saint-Martin, milan noir, milan royal, faucon crécerelle, faucon hobereau et épervier d'Europe). Le milieu bocager et les prairies accueillent le tarier pâtre, le bruant proyer, la pie-grièche grise, la pie-grièche à tête rousse ; les pelouses attirent l'alouette lulu, le pipit farlouse, l'hippolaïs polyglotte, le traquet motteux, la locustelle tachetée. Les forêts abritent de nombreux petits passereaux (sitelle torchepot, pouillot véloce, pouillot fitis, tourterelle des bois, loriot d'Europe, geai des chênes, etc.) des pics (pic épeiche, pic épeichette, pic cendré)... Le chat sauvage et le putois (inscrit sur la liste rouge régionale) fréquentent le site.
La ZNIEFF est dans un bon état général, les principales menaces qui pèsent sur elle sont la fermeture des pelouses, une intensification du pâturage et l'installation de bungalows sur le site.
La ZNIEFF englobe les milieux les plus riches de la vallée de la Meuse et du coteau qui la surplombe de Létanne à Villemontry. Les contours ont alors été constitués pour prendre en compte cette particularité, les milieux artificialisés (cultures) ne faisant pas partie du périmètre (ZNIEFF "trouée").
