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La ZNIEFF du vallon des Bièvres, située entre les communes d'Autry, Lancon et de Binarville, couvre près de 190 hectares d'une étroite vallée marécageuse dont le fond est occupé par de nombreux étangs (étangs des Bièvres, étang de Poligny, étangs de Charlevau) et dont les versants sont forestiers. Elle fait partie de la grande ZNIEFF II du massif forestier d'Argonne. La végétation est très typique et adaptée aux conditions acides du milieu.
Les boisements sont variés :
-en fond de vallon, aulnaie-frênaie et frênaie (se substituant ponctuellement à une aulnaie à Carex acutiformis) avec outre les aulnes et le frêne, l'érable sycomore, l'érable champêtre, le tremble et une strate herbacée caractérisée par de nombreux carex (laîche espacée, laîche maigre, laîche pendante, laîche des bois), la dorine à feuilles opposées et la dorine à feuilles alternes (vers les suintements de sources et ruisselets), la cardamine amère, la véronique des montagnes, etc.
- sur les pentes exposées au sud, chênaie pédonculée acidiphile thermoxérophile à hêtre, alisier blanc, alisier des oiseleurs et bouleau, avec la fougère aigle, la molinie bleue (disséminée), la callune vulgaire, la myrtille, la luzule des bois, la canche flexueuse, etc.
-les autres versants sont le domaine de la hêtraie-chênaie-charmaie mésoneutrophile plus ou moins fraîche avec du millet diffus, lamier jaune, oxalis petite oseille, ficaire fausse-renoncule, la moschatelline, etc.
Les étangs sont très encaissés et plus ou moins intéressants floristiquement selon leur utilisation : ainsi les étangs situés à l'extrémité est de la zone (étangs de pêche et de loisirs) à bords et talus abrupts ne portent pas de végétation riveraine, les étangs centraux et une partie des étangs des Bièvres sont cernés par une magnocariçaie étroite à laîche des marais, laîche des rivages, laîche paniculée et laîche faux-souchet, patience des eaux, scirpe des bois, jonc épars, etc. Certains sont aménagés pour la chasse, d'autres dévolus à une pêche plus ou moins professionnelle (extrémité ouest de la zone).
L'intérêt floristique du site est rehaussé par la présence d'une espèce rare et protégée : l'élatine à six étamines (espèce subatlantique rare en France, protégée au niveau régional et inscrite sur la liste des végétaux menacés).
Les étangs attirent toute une population de libellules (36 espèces différentes ont été recensées) dont une douzaine est inscrite sur la liste rouge régionale des insectes : l'agrion gracieux et l'agrion mignon, l'aeschne isocèle et la grande aeschne, le gomphe vulgaire, la libellule fauve, l'orthétrum brun et l'orthétrum bleuissant, le sympétrum noir, la cordulie métallique, la cordulie à taches jaune et une grande espèce spectaculaire, la cordulie à deux taches.
Ces lieux hébergent divers batraciens et reptiles dont le triton crêté et la rainette verte (avec des populations en régression sensible). Ils sont protégés en France depuis 1993, inscrits dans l'annexe II de la directive Habitats et, en compagnie du crapaud accoucheur, dans l'annexe IV de cette même directive. Ils font également partie des espèces de l'annexe II de la convention de Berne, du livre rouge de la faune menacée en France (avec le lézard des souches et le triton alpestre également présents sur le site) et de la liste rouge des amphibiens (avec la salamandre) et reptiles (coronelle lisse) de Champagne-Ardenne.
Le site accueille de nombreuses espèces d'oiseaux attirés par des biotopes variés : ainsi 116 espèces y ont été recensées jusqu'à ce jour et fréquentent la ZNIEFF pour se nourrir, pour s'y reposer ou pour s'y reproduire. Certaines sont rares au niveau régional ou national, d'autres sont en régression plus ou moins alarmantes comme la bouscarle de Cetti, nicheur très rare en Champagne-Ardenne, la chouette chevêche, oiseau nicheur peu commun et dont les effectifs sont en diminution importante, le faucon hobereau, dont les effectifs actuels, très faibles, en font un des rapaces nicheurs les plus rares de la région, le milan noir et le milan royal,la rousserolle verderolle et la rousserrolle turdoïde (nféodées aux roselières et aux étangs, nicheurs rares au niveau de la région), le tarier d'Europe dont les effectifs régionaux sont faibles et en régression, l'hirondelle des rivages, la moins commune des trois espèces d'hirondelles et la pie grièche écorcheur (en régression dans la région), la piegrièche grise et le râle d'eau, (nicheurs peu commun). Ces huit espèces sont inscrites sur la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne.
De nombreux oiseaux d'eau y séjournent lors des migrations, y hivernent ou même s'y reproduisent : grèbe huppé, grèbe castagneux et foulque (oiseaux nicheurs), sarcelle d'hiver et sarcelle d'été, canard colvert, fuligule morillon et fuligule milouin, cygne tuberculé, chevalier culblanc, chevalier sylvain, etc. De nombreux rapaces diurnes ou nocturnes survolent les étangs et/ ou la forêt environnante : milan noir et milan royal, faucon crécerelle, busard Saint-Martin, chouette hulotte et chouette effraie.
Les mammifères forestiers sont également bien représentés par le gros gibier (cerf, chevreuil, sanglier) et les carnivores (chat sauvage, putois, martre, fouine, etc.). La musaraigne aquatique, inscrite sur la liste rouge régionale, fréquente les étangs.
Le site, très paysager est encore en bon état, mais les aménagements des étangs sont souvent destructeurs de la flore et ce type de milieu est très menacé.
Les limites de la ZNIEFF suivent les limites naturelles d'un vallon et de ses diverticules.
