ZNIEFF 210008900
MARAIS, PRAIRIES HYGROPHILES ET MESOHYGROPHILES DU SECTEUR DE GERNELLE À VIVIER-AU-COURT

(n° régional : 00000223)

Commentaires généraux

Le marais d'Issancourt-et-Rumel ainsi que les prairies hygrophiles à mésohygrophiles les mieux conservées et les plus riches du secteur de Gernelle à Vivier-au-Court ont été regroupés dans une ZNIEFF I constituée de six zones proches. Celle-ci est située à l'est de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Les limites du marais d'Issancourt reprennent la délimitation de la ZNIEFF initiale ; elle a été prolongée au nord-ouest pour prendre en compte un talus routier à arabette glabre (seule station connue dans les Ardennes pour cette espèce de la liste rouge régionale des végétaux) et à l'est pour englober les parcelles louées par le Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne. D'autre part plusieurs ensembles de prairies hygrophiles et mésohygrophiles liées au vallon du ruisseau d'Issancourt (trois zones), ainsi que des prairies de même nature le long du ruisseau de Thiwé (deux zones) ont été intégrées à la ZNIEFF.

Le marais d'Issancourt est l'un des seuls marais tourbeux des Crêtes préardennaises qui subsiste encore dans la région. Il se compose d'une mosaïque de roselières et de cariçaies, de plus en plus envahies par les broussailles de saule cendré, du fait de l'atterrissement naturel et du dynamisme de la végétation. Ainsi certaines espèces ont disparu, telles que la violette des marais et la laîche à bec. Cependant il subsiste encore de belles populations de laîche paniculée (sous forme de touradons pouvant atteindre 1,50 mètre de hauteur) et quelques pieds de ményanthe trèfle d'eau, inscrit sur la liste rouge régionale.

Les prairies hygrophiles et mésohygrophiles, irrégulièrement fauchées ou pacagées, sont remarquables de par la flore qu'elles abritent : on y observe deux orchidées inscrites sur la liste rouge régionale, l'orchis incarnat et l'orchis grenouille.

Les groupements d'hélophytes des mares (avec le cresson de fontaine, la petite berle, la prêle des eaux, le populage des marais, etc.) et les groupements d'hydrophytes des eaux courantes fraîches et calcaires sont également représentés, ainsi que les prairies mésophiles.

Dans les mares, les ruisseaux et ruisselets se développent une importante faune d'invertébrés (limnées, gammares, dytiques, gyrins, notonectes, nèpes, phryganes, perles, etc.), source de nourriture pour les épinoches, les truites et les batraciens situés à proximité. On y remarque la rainette verte (inscrite à l'annexe II de la convention de Berne, à l'annexe IV de la directive Habitats, sur le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge des amphibiens de Champagne-Ardenne), le triton alpestre (annexe III de la convention de Berne), la grenouille rousse et la grenouille verte.

Le site constitue un terrain de chasse pour de nombreuses libellules venant des étangs situés à proximité. Trois sont inscrites sur la liste rouge régionale des insectes : le leste dryade, la grande aeschne et la cordulie métallique. On y rencontre également la libellule écarlate, d'origine méridionale et en limite septentrionale d'aire de répartition.

Près de 80 espèces d'oiseaux différentes ont été observées au niveau des prairies et du marais. Parmi celles-ci, trois sont inscrites sur la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne : la locustelle luscinoïde (nicheur très rare et en régression alarmante), la pie-grièche écorcheur et la pie-grièche grise (nicheur peu commun).

Certains mammifères y ont été également observés : le muscardin dans les saulaies, la musaraigne aquatique à proximité de la fontaine du Paradis (inscrite sur la liste rouge régionale et protégée au niveau national). Renards, blaireaux et chevreuils fréquentent régulièrement la ZNIEFF.

Le site possède également un intérêt pédagogique certain (proximité d'un lycée agricole, d'un centre équestre et des centres urbains de Charleville-Mézières et de Sedan).

Une petite partie du site est en refuge volontaire LPO. Deux parcelles communales du marais d'Issancourt, d'une superficie de 3 h 15 a 70 ca, sont louées au Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne depuis 1979 afin d'assurer la protection de l'avifaune. Une gestion a été mise en oeuvre en partenariat avec le Lycée agricole d'Issancourt, entre 1993 et 1996 (coupe des saules, création de mares dans la roselière et dans la cariçaie, entretien du marais, enlèvements des gravats, mise en place d'un panneau signalétique, etc.). Depuis 1996 et jusqu'à ce jour (1999), les travaux de gestion n'ont pas repris suite à l'hostilité du conseil municipal d'Issancourt et à certains problèmes administratifs. Les prairies incluses dans la ZNIEFF sont encore en bon état, mais sont très menacées par des drainages et des amendements (qui ont déjà affecté les parcelles avoisinantes).

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la ZNIEFF suivent ceux des secteurs les plus riches et les plus intéressants de marais et de prairies (limités par les zones agricoles ou les boisements à flore et faune plus communes).