ZNIEFF 210008909
PRAIRIES HUMIDES DE CORNY-MACHEROMENIL

(n° régional : 00000519)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des prairies humides de Corny-Machéroménil est située entre le village de Novy-Chevrières et celui de Corny-Machéroménil, à quelques kilomètres au nord-est de Rethel, dans les Ardennes. Elle occupe une vaste dépression marneuse mal drainée par le ruisseau de la Dyonne et présente un intérêt patrimonial exceptionnel. Plus des 2/3 de la superficie de la ZNIEFF sont en prairies ; quelques étangs, des petits marécages relictuels et différents boisements complètent la diversité du site.

Une zone importante est toujours traitée en fauche, le plus souvent début juillet. Elle est parsemée de nombreuses petites dépressions artificielles utilisées par les chasseurs pour la chasse à l'avifaune aquatique et de quelques étangs. Ces variations du niveau de l'eau sur une grande étendue participent à la diversité des groupements prairiaux, depuis la prairie humide à molinie (Molinion caeruleae) jusqu'aux prairies inondables du Bromion racemosi et du Cnidion dubii (forme appauvrie). Les graminées y sont très diversifiées (brome en grappe, canche cespiteuse, agrostis blanc, fétuque roseau, avoine pubescente, brome mou, fétuque rouge, vulpin des prés, houlque laineuse, flouve odorante, pâturin commun, fléole des prés). Les espèces hygrophiles sont tout aussi variées : pâturin des marais, silaüs des prés, oenanthe fistuleuse, jonc filiforme, ail anguleux, populage des marais, lotier des fanges, léontodon d'automne, menthe aquatique, prêle des marais, succise des prés, jonc épars, etc.

Dans la moliniaie, on remarque en plus la molinie bleue, le gaillet boréal, le sélin à feuilles de carvi, le silaüs des prés, l'ail des vignes, la laiche tomenteuse, l'inule à feuilles de saules, la potentille tormentille, de nombreuses laîches (laîche tomenteuse, laîche glauque, laîche pâle, laîche bleuâtre), des orchidées (orchis incarnat, orchis grenouille, orchis moucheron, platanthère à deux feuilles), etc. Ces différents milieux abritent certaines espèces très fragiles et en régression dans le nord de la France : la gratiole officinale et la violette élevée (très menacées et protégées sur tout le territoire national), le pâturin des marais (assez abondant ici), l'ail anguleux et l'inule des fleuves protégés au niveau régional. Tous les six font partie de la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, de même que la violette naine, l'orchis grenouille, l'orchis incarnat, la stellaire glauque et une petite fougère, l'ophioglosse.

Un groupement mésophile proche de l'Arrhenatherion elatioris se rencontre au niveau des secteurs les moins hydromorphes de la dépression. Souvent fauchée, cette prairie est riche en graminées (avoine élevée, trisète dorée, flouve odorante, fétuque rouge, fétuque des prés, crételle, dactyle aggloméré, houlque laineuse), accompagnées par de nombreuses légumineuses (lotier corniculé, gesse des prés, luzerne lupuline, trèle blanc, trèfle des prés, vesce cultivée, vesce des haies) et par l'achillée millefeuille, la renoncule bulbeuse, la luzule champêtre, la brunelle vulgaire, le bouton d'or, la primevère officinale, l'oseille sauvage, la grande marguerite, la cardamine des prés, la berce sphondyle, la carotte sauvage, le léontodon changeant, l'orchis à larges feuilles, etc.

Quelques cariçaies à grandes laîches (laîche raide, laîche des renards, laîche aigüe, laîche des marais, laîche des rives, laîche distique...), roselières (phragmitaie, phalaridaie, typhaie et glycéraie) se rencontrent çà et là : on peut y observer la renoncule grande douve, protégée en France et la germandrée des marais protégée en Champagne-Ardenne.

Au niveau des mares et des étangs présents sur le site s'est développée une végétaton aquatique typique et bien caractéristique, avec des groupements flottante à lentille d'eau, des communautés à utriculaire vulgaire (inscrit sur la liste rouge régionale) et des végétation semi-immergées à petits potamots.

Les Odonates sont bien représentées (plus d'une vingtaine d'espèces ont été repertoriées sur le site) et comprennent deux espèces inscrites sur la liste rouge régionale, l'aeshne printanière et la grande aeshne en compagnie des libellules et demoiselles caractéristiques des milieux humides comme par exemple le leste vert, la libellule déprimée, l'agrion à larges pattes, l'agrion élégant, l'agrion jouvencelle, la cordulie bronzée, le gomphe gentil, etc. Quelques espèces de papillons ont également été observées sur le site (fadet commun, cuivré fuligineux, demi-argus, bleu céleste, azuré commun, turquoise, géomètre à barreaux, phalène picotée, etc.)

L'avifaune des grandes vallées est aussi très présente : de nombreux oiseaux fréquentent le site pour leur alimentation (pouillot véloce, chardonneret, bruant jaune, mouette rieuse, etc.), y font une halte lors de leur migration (grue cendrée, chevalier gambette) ou s'y reproduisent (alouette des champs, pipit farlouse, bruant proyer). Deux espèces font partie de la liste rouge des oiseaux nicheurs menacés de Champagne-Ardenne : ce sont le courlis cendré et le râle d'eau.

La ZNIEFF est encore en bon état mais elle est menacée par les plantations de peupliers (déjà effectuées dans quelques parcelles), les tentatives de culture du maïs qui en cas de réussite pourrait se généraliser, le surcreusement du ruisseau de la Dyonne pour favoriser le drainage des parcelles les plus hautes et permettre la grande culture, le labour des prairies naturelles et semis de Festuca pratensis en culture monospécifique banale, la création d'étangs avec des berges abrutes, etc.La future autoroute A.34 devrait amputer une partie de la ZNIEFF vers l'est, des mesures compensatoires concernant le lieu-dit "le Marais" sont en pourparler.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la ZNIEFF suivent les limites entre les prairies les plus riches et les mileux agricoles plus artificialisés.