ZNIEFF 210009344
TOURBIÈRES, ETANGS ET BOIS TOURBEUX DES HINGUES ET DE SUZANNE

(n° régional : 01650007)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des tourbières, étangs et bois tourbeux des Hingues et de Suzanne est éclatée en six zones proches (dont trois sont nouvelles), situées d'une part au niveau des Etraux (zone attenante à la Louvière ayant déjà fait l'objet d'une autre fiche ZNIEFF), du marais des Cosaques et entre l'allée des Sangliers et l'allée des Faisans dans le Bois des Hingues, à l'ouest de la commune de Régniowez et d'autre, part près de la frontière franco-belge, au niveau des étangs de la Tourbière, du Sous-Préfet et des Canardières au nord et à l'est du Bois de Suzanne situé sur le territoire communal de Neuville-lez-Beaulieu. Cette ZNIEFF I fait partie de la vaste ZNIEFF II des rièzes de Rocroi-Regniowez et zones environnantes et de la ZICO CA 01 de la directive Oiseaux (plateau ardennais).

Les conditions écologiques particulières du lieu (sol acide, sources, climat froid et humide) permettent le développement d'une végétation caractéristique. L'étang de la Tourbière est constituée par une tourbière oligotrophe juvénile (constituée d'un tapis tremblant de sphaignes avec des zones tourbeuses ouvertes) qui correspond à la phase terminale du comblement de l'étang, d'une boulaie pubescente sur tourbe contiguë à la tourbière au sud, d'une saulaie de bas-marais et de bordure de ruisseau à truite fario ( le Riez de France) et d'une moliniaie. L'étang du Sous-Préfet aux eaux oligotrophes, très vaseux, est colonisé à l'ouest par une tourbière juvénile, au sud par une phalaridaie et à l'est par une cariçaie à Carex rostrata et Carex vesicaria. Le secteur des Canardières est constitué par trois étangs (dont un en voie de comblement par une tourbière oligotrophe et un autre par des peuplements de Poacées et de Joncacées), un marais tourbeux riche en Blechnum spicant au niveau des suintements et une boulaie pubescente ouverte sur tourbe traversée par un ruisseau à truite fario (l'Eau Noire). Le site des Etraux, à l'est du Bois des Hingues est constitué par une végétation relictuelle mais bien caractérisée de lande humide à Ericacées et de lande à callune, par une tourbière oligotrophe et un bois marécageux sur sol tourbeux proche de l'Alnion glutinosae. Le marais des Cosaques est un site très intéressant avec la présence d'une tourbière peu colonisée par les bouleaux et les trembles, une lande humide, une saulaie de bas-marais à Alnus incana et une chênaie pédonculée acidiphile.

De nombreuses espèces végétales rares ou/et protégées sont présentes sur le site : trois bénéficient d'une protection nationale, le rossolis à feuilles rondes (espèce nord-subatlantique, rare et en très forte régression), le polystic à crêtes (espèce nord-circumboréale) et le lycopode des marais (aujourd'hui très rare et en très forte régression et qui trouve ici sa seule station subsistant en Champagne-Ardenne). Huit sont protégées au niveau régional : le polystic des montagnes (rare en plaine), la linaigrette vaginée (espèce arctique très rare en plaine), l'orchis des sphaignes (microendémique du nord-ouest de l'Europe, présente en France uniquement dans le nord des Ardennes), le genêt d'Angleterre (espèce atlantique qui atteint ici sa limite absolue de répartition vers le nord-est), le saule rampant, le rhynchospore blanc (en forte régression), la walhenbergie à feuilles de lierre (très isolée de son aire de répartition principale) et le lycopode en massue. Ces six dernières espèces sont inscrites sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, de même que la bruyère à quatre angles, le comaret, le ményanthe trèfle d'eau, la prêle des bois, la patience des marais, le carvi verticillé et le bouleau pubescent des Carpates (n'est connu pour la région que dans les Ardennes).

Les libellules sont très diversifiées et renferment des espèces rares inscrites sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne (grande aeschne, sympétrum noir, cordulie métallique, cordulégastre annelé, orthétrum bleuissant et leste dryade), de même que les Lépidoptères (avec le damier noir et le petit collier argenté) et les Orthoptères (criquet ensanglanté et criquet bourdonneur). La vipère péliade, le lézard vivipare, ainsi que certains batraciens (tritons et grenouilles) sont attirés par ces pièces d'eau et les ruisseaux qui sont aussi de remarquables frayères à truite fario. Sur les 18 espèces d'oiseaux représentés sur le site, deux font partie de la liste rouge régionale : la gélinotte des bois (nicheur très rare et en régression) et le gobemouche noir (nicheur très rare et en diminution).

Elle est en bon état général de conservation : le secteur des Etraux est remarquable par sa diversité en peuplements végétaux et particulièrement par la présence d'un nombre conséquent d'espèces rares et menacées, le Marais des Cosaques est d'une grande valeur pour sa tourbière oligotrophe et sa boulaie pubescente sur tourbe, le site situé entre les chemins forestiers des Sangliers et des Faisans est intéressant pour sa lande à Ericacées, son bois tourbeux et son étang qui présente une frayère propice à la reproduction des batraciens, le secteur situé à la frontière est intéressant par ses étangs en cours d'évolution et présentant des stades différents de la dynamique végétale et par la présence de boulaies pubescentes sur tourbes bien caractéristiques, en régression généralisées sur le plateau de Rocroi.

Les principales menaces qui pèsent sur la ZNIEFF sont l'enrésinement (pessières et pins sylvestres), la fermeture des landes et tourbières par la dynamique forestière et l'extension de la molinie dans les bois tourbeux.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation correspond aux limites naturelles des milieux les plus riches aussi bien d'un point de vue faunistique que floristique.