ZNIEFF 210009361
FORET DOMANIALE DE SEDAN ET BOIS ASSOCIES AU NORD DE POURRU-AUX-BOIS ET DE FRANCHEVAL

(n° régional : 01770014)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de la Forêt Domaniale de Sedan et des bois environnants (bois de Francheval, de l'Aire des Oiseaux, des Douze Cents, du Dos le Loup, de la Hart, de Givonne, etc.) est située au nord des villages de Pourru-aux-Bois et de Francheval, près de la frontière belge, dans le département des Ardennes. Elle fait partie de la grande ZNIEFF II du massif forestier ardennais, ainsi que de la Z.I.C.O. CA 01 du plateau ardennais (Directive Oiseaux). Auparavant uniquement centrée sur les bois de Sécheval, de l'Aire des Oiseaux et des Douze Cents, la ZNIEFF a été fortement agrandie en 1999 afin de prendre en compte les milieux intéressants (groupements inscrits sur la liste rouge des Habitats menacés de Champagne-Ardenne, présence d'espèces végétales rares et protégées) situés à l'ouest de la zone (dans la Forêt Domaniale de Sedan).

Essentiellement forestière, elle présente une végétation très typique dominée par la chênaie sessiliflore acide et ses différents faciès (à fougère aigle, à callune ou à myrtille) avec ses groupements héliophiles associés à germandrée scorodoine (coupes, clairières et ourlets des chemins forestiers).

Dans les vallons se rencontrent, d'une part la boulaie pubescente sur molinie (avec un cortège d'espèces relictuelles des bas-marais acides) et d'autre part l'aulnaie à sphaignes, avec deux fougères protégées au niveau régional, l'osmonde royale (vallon de Wargué dans la Forêt Domaniale de Sedan et Bois de l'Aire des Oiseaux) et le polystic des montagnes, très rare en plaine (bien représenté dans tous les vallons de la ZNIEFF), la prêle des bois inscrite sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne (vallon du Pâquis et Bois de la Bonne Fontaine), la laîche lisse, la petite scutellaire ainsi que de nombreuses sphaignes.

La chênaie pédonculée oligotrophe à molinie, en bas de pente ou à proximité des sources, marque le passage entre la chênaie sessiliflore et l'aulnaie ou la boulaie à sphaignes.

La végétation héliophile des rives et des sources tourbeuses des ruisseaux parcourant le massif forestier est bien représentée, mais reste très localisée (Magne, Beau Terme, le Rouge, le Grand Gué, Dérobé, la Fange des Bouleaux, le Gué des Brebis, le Petit Rouge, la Fange aux Loups, la Grenouille, la Roche d'Or, du Wargué, d'Apsonsart, etc.) : on y rencontre certaines espèces issues des tourbières et en situation relictuelle par rapport à un milieu ancestral sans doute plus ouvert qu'aujourd'hui (linaigrette à feuilles étroites, laîche étoilée, laîche vulgaire, jonc à tépales aigus, violette des marais et des sphaignes diverses (dont la sphaigne de Magellan).

Sur les rochers se développe un groupement sciaphile riche en fougères, avec notamment le polypode, le polystic spinuleux et dans les endroits les plus frais, le phégoptéris faux-polypode et le polypode dryoptère.

La création de réservoir "incendie" a permis, pour ceux dont les rives ne sont pas trop raides, l'installation locale de sphaignes et d'hydrophytes (potamot à feuilles de renouée, potamot nageant, jonc couché, etc.).

Des groupements pionniers sur sables et argiles humides (à renoncule flammette, laîche vert-jaunâtre, laîche tardive jonc des chaisiers, jonc grêle...), sur sols secs plus ou moins sableux des chemins (agrostis blanc, millepertuis couché), ainsi que des pessières plantées complètent la végétation de la ZNIEFF.

Les milieux humides attirent de nombreuses libellules dont huit sont inscrites sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne : deux espèces montagnardes liées aux eaux vives non polluées, le sympétrum jaune d'or et le cordulégastre annelé, le leste dryade, la grande aeschne, l'aeschne bleue, le sympétrum noir, la cordulie métallique et une grande espèce spectaculaire, la cordulie à deux taches. Ils sont accompagnés par d'autres demoiselles et libellules plus communes, comme par exemple, pour les premières, la petite nymphe au corps de feu, l'agrion à larges pattes, l'agrion élégant ou encore la naïade aux yeux rouges et pour les secondes, la libellule déprimée, la libellule à quatre taches, la cordulie bronzée, la leucorrhine douteuse, la libellule écarlate, l'orthétrum réticulé, le sympétrum commun, le sympétrum rouge-sang, etc.

Les amphibiens sont bien représentés : on remarque la salamandre tachetée (inscrite sur la liste rouge régionale), le triton palmé, la grenouille verte et la grenouille rousse.

L'avifaune inventoriée comprend 45 espèces avec des rapaces (buse, bondrée apivore, autour des palombes), des pics (pic vert, pic épeiche, pic épeichette), des grives (draine et musicienne), la bécasse des bois, divers pouillots (avec une forte densité du pouillot siffleur) et mésanges, etc. La ZNIEFF a la particularité d'abriter les seuls grands corbeaux de toute la Champagne-Ardenne. Le grimpereau des bois (oiseau d'origine montagnarde, rare dans la région et inscrit sur la liste rouge des oiseaux menacés de Champagne-Ardenne) niche sur le site. Il accueille également certains passereaux peu courants comme le tarin des aulnes, le sizerin flammé et le cassenoix moucheté.

Les mammifères sont abondants, notamment les grands cervidés (chevreuil, cerf élaphe). Une espèce fait partie de la liste rouge des mammifères de Champagne-Ardenne, la musaraigne aquatique.

Les bois sont généralement dans un bon état de conservation, mais la sylviculture (enrésinement et drainage des zones marécageuses) pratiquée ici amène à une réduction des aulnaies sur sphaignes et des boulaies pubescentes. Par contre les milieux ouverts (comme par exemple les tourbières relictuelles), très marginaux du fait de la colonisation forestière naturelle, se maintiennent à la faveur des coupes forestières menées régulièrement dans les zones tourbeuses.

Commentaires sur la délimitation

Limite ouest : frontière franco-belge.

Limite nord et pour partie ouest : route nationale (N.58).

Ailleurs : limité aux secteurs les plus riches de la forêt.