La ZNIEFF située au sud de Clérey regroupe d'anciennes gravières ainsi que des gravières plus récentes de la plaine alluviale de la Seine qui sont aujourd'hui colonisées par une végétation typique et fréquentées par de nombreuses espèces animales. Les gravières les plus anciennes ont évolué naturellement après abandon de l'exploitation et représentent un exemple très intéressant d'enrichissement par la dynamique naturelle d'un milieu anthropogène. Une extension du périmètre de la ZNIEFF a été effectuée pour prendre en compte les gravières, marais (cariçaie et phragmitaie) et bois humide situés au niveau du lieu-dit "la Reculée" (partie est de la ZNIEFF).
La végétation aquatique des plans d'eau est bien représentée par des tapis de characées, des communautés flottantes à lentilles d'eau, utriculaires et nénuphars et une végétation immergée à potamots (potamot nageant, potamot à feuilles luisantes, potamot fluet, potamot à feuilles pectinées) et myriophylle verticillée. Sur les berges se développent des groupements d'exondation temporaire, des roselières (à massettes et phragmite) et des groupements à grandes laîches (laîche hérissée, laîche aigüe, laîche des marais, laîche des rives, etc.), bordés par des saulaies à saules blanc et cendré. On rencontre également sur le territoire de la ZNIEFF une moliniaie riche en orchidées diverses (orchis moucheron, orchis incarnat, ophrys frelon, ophrys araignée, orchis bouc, épipactis des marais, épipactis à larges feuilles, épipactis brun-rouge).
De nombreuses espèces végétales rares se rencontrent sur le site : quatre bénéficient d'une protection, régionale pour la germandrée des marais (espèce subméditerranéenne en régression en Champagne-Ardenne), le rubanier nain (une des deux stations connues pour le département) et nationale pour le fluteau à feuilles de graminée (espèce subatlantique-méditerranéenne, très rare et très menacée en Champagne-Ardenne et dans l'Aube où elle n'est connue que dans quatre localités) et le sisymbre couché (en très forte régression, inscrite à l'annexe I de la convention de Berne, aux annexes II et IV de la directive Habitats et sur la liste des espèces prioritaires du livre rouge de la flore menacée en France). Les trois dernières espèces sont inscrites sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, en compagnie d'une dizaine d'autres également présentes sur le site, au niveau des groupements aquatiques ou amphibies (utriculaire vulgaire, potamot coloré, samole de Valérand), de la moliniaie (oenanthe de Lachenal et deux orchidées, l'orchis incarnat et l'ophrys araignée) et la cariçaie (laîche tardive et laîche distante). C'est de plus le seul site connu pour la région Champagne-Ardenne où l'on peut observer Equisetum ramosissimum (prêle rameuse) et son hybride avec la prêle d'hiver, Equisetum moorei, tous les deux faisant aussi partie de la liste rouge régionale
La faune est riche et diversifiée : des insectes, batraciens, oiseaux et mammifères, dont certains sont rares ou en régression dans la région, fréquentent le site de manière plus ou moins assidue. Les demoiselles (leste fiancé, leste brun, agrion à larges pattes, petite nymphe au corps de feu, agrion porte-coupe) et les libellules (anax empereur, libellule déprimée, sympétrum rouge-sang, sympétrum strié, orthetrum réticulé) sont bien représentées et comprennent une espèce inscrite sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne, l'aeschne printanière.
Les amphibiens se distinguent par la présence du triton crêté (inscrit à l'annexe II de la convention de Berne, aux annexes II et IV de la directive Habitats, sur la liste rouge régionale) et du triton alpestre (inscrit à l'annexe III de la convention de Berne) qui figurent dans le livre rouge de la faune menacée en France.
La faune avienne est particulièrement abondante avec 96 espèces recensées dont 10 espèces nicheuses faisant partie de la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne. C'est surtout la partie sud (actuellement sous la responsabilité de la fédération départementale de la chasse) qui confère à cette ZNIEFF toute son originalité ornithologique, avec certaines espèces nicheuses très intéressantes : les roselières, cariçaies et fourrés humides dissimulent la nidification du blongios nain (nicheur très rare, en très forte régression et menacé de disparition, inscrit à l'annexe I de la directive Oiseaux et à l'annexe II de la convention de Berne) et de la bécassine des marais (très rare et en voie de disparition, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne, aux annexes II et III de la directive Oiseaux), tous deux figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France dans la catégorie "espèces en danger d'extinction"). On observe également le phragmite des joncs (nicheur peu commun et en diminution), la rousserole turdoïde (nicheur rare figurant le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable"), le héron pourpré, la locustelle luscinoïde (nicheur très rare et en régression alarmante), le petit gravelot, le torcol fourmilier (en forte diminution), la pie-grièche écorcheur et le busard des roseaux (nicheur rare et en régression). De nombreux rapaces fréquentent le site pour leur alimentation (buse variable, milan noir et milan royal, faucon hobereau et faucon crécerelle, chouette effraie et chouette hulotte, etc.). Les grèbes huppés et castagneux ainsi que la foulque macroule et la poule d'eau nichent dans la ZNIEFF. Avec les migrations arrivent de nombreux oiseaux d'eau (canards chipeau, siffleur, souchet, sarcelle d'hiver, fuligules milouins et morillons), des chevaliers (gambette, aboyeur, culblanc, guignette), la sterne pierregarin, la guifette noire, le bécasseau variable, etc. Le site est également fréquenté plus ou moins régulièrement par certains mammifères (putois d'Europe, martre, chat sauvage, chevreuil, etc.).
Le site est dans un bon état général de conservation..
Les limites de la ZNIEFF suivent les limites naturelles des deux zones marécageuses et les gravières les plus riches du secteur.