ZNIEFF 210013033
ROCHERS DE LAIFOUR ET BANQUETTE ALLUVIALE DES DAMES DE MEUSE AU SUD D'ANCHAMPS

(n° régional : 01770012)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des rochers de Laifour et de la banquette alluviale des Dames de Meuse comprend essentiellement les versants et escarpements rocheux situés de part et d'autre de la rivière entre Anchamps et Laifour, ainsi que les bas de pentes et le fond de la vallée alluviale de la Meuse au sud d'Anchamps. La ZNIEFF d'origine a été fortement agrandie pour prendre en compte les roches de Laifour et les rochers des Dames de Meuse. Elle est incluse au sein de la vaste ZNIEFF II du massif ardennais. Le secteur renferme plusieurs types forestiers caractéristiques de l'Ardenne primaire :

- la chênaie acidiphile constitue la majeure partie du massif boisé. C'est une forêt claire de chêne sessile et de chêne pédonculé, accompagnés du bouleau, du hêtre (abondant sur le plateau), du sorbier des oiseleurs et du charme. Les arbustes y sont peu nombreux (néflier, houx, bourdaine, pommier sauvage, chèvrefeuille des bois et sureau à grappes). La strate herbacée est constituée par la grande fétuque (proche de sa limite d'aire septentrionale), la luzule blanche, le polystic dilaté (très abondant), le dryoptéris écailleux, la luzule blanche, la myrtille et le sceau de Salomon verticillé. En situation fraîche abonde la grande luzule, alors que les clairières sont colonisées par la callune fausse-bruyère et la fougère aigle.

- la forêt de pente forte enrichie en érables sycomores et tilleuls à grandes feuilles

- l'aulnaie-frênaie neutrophile fraîche localisée sur la basse terrasse de la Meuse lorsque celle-ci est suffisamment développée. C'est une forêt d'aulne et de frêne où se mêlent le chêne pédonculé, le charme et l'érable champêtre. Les arbustes y sont nombreux (prunellier épineux, noisetier, fusain d'Europe, sureau noir et sureau en grappes localement très abondant). La strate herbacée est riche et comprend le lierre, le gouet tacheté, la ficaire, le lamier jaune, la reine des prés, la ronce bleue, la double feuille et l'ail des ours qui peut former de vastes tapis odorants. Au niveau des suintements ombragés ou le long de certains petits ruisseaux s'établit une aulnaie plus oligotrophe à fougère femelle, lysimaque des bois, pain de coucou, laîche espacée, laîche pendante, laîche blanchâtre, cardamine des bois. Dans ces forêts humides a été signalée la présence de la lathrée écailleuse, plante rare dans cette région.

Le mode de gestion des forêts communales laisse périodiquement certaines surfaces éclaircies au sein de la forêt. Ces espaces sont rapidement colonisés par une végétation caractéristique des coupes forestières où dominent la digitale pourpre, le laurier Saint-Antoine, le séneçon des Alpes et le genêt à balais.

Les escarpements rocheux suintants parcourus par des ruisselets très acides (pH compris entre 3,5 et 4,4) plongeant en petites cascades vers les Dames de Meuse sont colonisés par des bryophytes (hépatiques, mousses, sphaignes variées) , des fougères (polystic des montagnes, protégé en Champagne-Ardenne, polystic à aiguillons, phégopterix faux-polypode, blechnum en épi, l'aspidium lobé) et diverses laîches (laîche étoilée, laîche pâle). D'anciennes exploitations de filons de diabases présentent une flore calcicole surprenante dans ce secteur à roches acides. On y observe une population importante de lézard des murailles (inscrit à l'annexe IV de la directive Habitats).

Des mégaphorbiaies bordent la rivière : leur situation ombragée, au pied des collines, a permis l'implantation d'une espèce montagnarde, la lunaire vivace (protégée au niveau régional et dont les stations de Champagne-Ardenne sont, avec celles de Bourgogne, les seules de la plaine française). Elle sont également constituées par la baldingère, le liseron des champs, l'épilobe en épi, la cuscute d'Europe, la balsamine des bois, le lamier pourpre, le lierre terrestre, l'épiaire des bois, l'alliaire officinale, l'iris faux-acore, la patience des eaux... C'est un groupement de haute valeur biologique, mais malheureusement elles sont de plus en plus eutrophisées et menacées par la prolifération des constructions illégales de cabanons.

De nombreuses libellules fréquentent le site avec notamment le gomphe vulgaire (inscrit sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne), le gomphe joli, l'agrion à larges pattes, l'agrion porte-coupe, l'agrion jouvencelle, la petite nymphe au corps de feu et l'anax empereur. Quelques sauterelles et criquets se rencontrent dans les prairies comme par exemple la decticelle bariolée, le conocéphale bigaré, la grande sauterelle verte, la decticelle cendrée, le criquet des clairières et le criquet des pâtures. On peut également y observer un gros syrphe, Doros conopseus (espèce rare disparue de nombreuses régions d'Europe) ainsi qu'un nevroptère, l'hémérobe aquatique.

La vipère péliade est présente sur le site : en régression et protégée partiellement depuis 1993, elle est inscrite à l'annexe III de la convention de Berne, figure dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge régionale.

La forêt est fréquentée par plusieurs espèces d'oiseaux, notamment certains rapaces (buse variable, bondrée apivore), des passereaux forestiers (sitelle, geai, troglodyte, etc.) et certains mammifères (putois, renard, marte, chevreuil).

Le site est encore en bon état, mais il est menacé par les plantations résineuses dans la forêt et par l'installation de bungalows dans la vallée (pratique fréquente qui dégrade les bords de Meuse). Ses intérêts géomorphologique (érosion), géologique (pyrite, parfois magnifiquement cristallisée, filons de diabase, source ferrugineuse spectaculaire située en face du village de Laifour sur la rive droite de la Meuse, microgranite à macrocristaux de quartz améthyste et de feldpath) et historique (Dames de Meuse) sont importants. Enfin on notera la présence d'une espèce à caractère confidentiel (et donc non diffusable) dont le site représente une des seules localités pour toute la Champagne-Ardenne.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF suit les contours de deux coteaux très escarpés et de très grands intérêts, situés de part et d'autre de la Meuse (la limite inférieure suit le pied des versants, la limite supérieure étant constituée par le sommet du coteau).