La Butte de Saran est une butte témoin détachée de la Côte d'Avize, surplombant d'environ 80 mètres la plaine crayeuse environnante, située au nord de la localité de Cramant. Elle fait l'objet d'une ZNIEFF de type I depuis 1991. En 2000, il lui a été ajouté un petit coteau exposé sud-ouest appelé "Cote aux Renards". Elle est constituée par des boisements variés, des pelouses et des lisières thermophiles
Sur les pentes les plus escarpées et bien exposées se développe la chênaie pubescente, avec une strate arborescente composée par le chêne sessile, le chêne pubescent, le pin sylvestre, le cormier (espèce subméditerranéenne rare en Champagne-Ardenne), l'alisier blanc, l'alisier torminal et leur hybride. La strate herbacée est bien développée : on y remarque la laîche des montagnes (proche de sa limite d'aire), le céphalanthère à grandes fleurs, le sceau de Salomon odorant, la laîche glauque, le grémil pourpre bleu, l'iris fétide, le fraisier vert, etc. Très ponctuellement (sur quelques dizaines de mètres à la pointe sud) subsiste une lisière thermophile : on peut y observer le laser à larges feuilles (très rare dans la Marne et protégé au niveau départemental) et le cytise couché (inscrit sur la liste rouge des végétaux menacés de Champagne-Ardenne), la phalangère rameuse, le dompte-venin officinal, le buplèvre en faux, le tamier commun, le fraisier vert. Sur les rochers et les falaises de la butte, dans les microclairières et au niveau de la "Côte aux Renards" subsistent des pelouses calcicoles thermophiles : on y trouve le lin français, protégé en Champagne-Ardenne et inscrit sur la liste rouge régionale, de même que l'orobanche du trèfle et le catapode rigide. Ils sont accompagnés par certaines orchidées (acéras homme-pendu, ophrys frelon) et par l'anémone pulsatille, la globulaire, la potentille vernale, la germandrée petit-chêne, la germandrée des montagnes, la coronille naine, le lin à feuilles ténues... Elles ont tendance à s'embroussailler par le cytise faux-ébénier, le rosier très épineux, le rosier à petites fleurs, le genévrier commun, le cerisier de Sainte-Lucie.
Sur les versants moins bien exposée s'est installée une forêt secondaire mélangée riche en bouleaux, trembles, chênes sessiles, pins, merisier et chataigner. On y remarque de très vieux et très gros hêtres (diamètre du tronc de près d'un mètre quarante). Sur le sommet de la butte apparait la chênaie-hêtraie mésotrophe ou mésoacidiphile à callune fausse bruyère, fougère aigle, molinie bleue, luzule des bois, millepertuis élégant, laîche à pilules, gesse des montagnes, épervière de Savoie, euphorbe faux-amandier; etc.
De nombreuses petites dépressions ou trous d'eau (ancienne carrières de pierre à meulière ou d'extraction d'argile et de craie) s'observent en bas de pente. Ceux-ci sont dépourvus de toute végétation. A la limite de la ZNIEFF, au niveau des moissons de bordure subsistent certaines petites annuelles comme le crépis élégant (inscrit sur la liste rouge régionale), la calépine, le coquelicot argémone, l'ibéris amer, ainsi que le pastel, le muscari à toupet et la bugrane gluante.
On peut observer, sur le territoire de la ZNIEFF, divers papillons très colorés (avec le machaon, le bleu célestre, le bleu commun, l'argus frêle) et le mélitée des scabieuses, inscrit sur la liste rouge des Lépidoptères de Champagne-Ardenne. Les Orthoptères y sont assez bien représentés, notamment par des sauterelles variées (phanéroptère porte-queue, sauterelle ponctuée, grande sauterelle verte, decticelle cendrée), divers criquets (des pâtures, duettiste et mélodieux) et des grillons (grillon des bois et grillon d'Italie).
Certains oiseaux fréquentent la ZNIEFF pour s'y nourrir ou pour y nidifier. On peut ainsi y observer le faucon crécerelle (dans un pin sylvestre de la pelouse de la Côte aux Renards), le pigeon ramier, la grive musicienne, le hibou moyen-duc, le pic épeiche, le rougegorge, le pouillot véloce, le pinson des arbres, de nombreuses mésanges, etc.
La butte a été sévèrement touchée par la tempête du 26/12/99, de plus les lisières sont fortement anthropisées et dégradées par les dépôts d'ordures et les déblais de déchets organiques (vigne) et les pelouses sont menacées par le dynamisme naturel. Celles de la Côte aux Renards sont très fréquentées par les lapins (une des plus importantes stations en nombre d'individus de la région Reims-Epernay), leur action favorisant la présence des espèces pionnières de la pelouse telles comme par exemple le lin français).
L'état de la ZNIEFF est assez moyen.
Les contours de la ZNIEFF sont fonction des limites naturelles des deux secteurs les plus riches, pour le premier la limite est fonction d'un butte et dans le second la ZNIEFF est limitée par le haut et le bas d'un coteau.