ZNIEFF 210015514
TOURBIERE ALCALINE DES TROUS DE LEU A L'OUEST DE SAINT-LEONARD

(n° régional : 01520006)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de la tourbière alcaline des Trous de Leu est située à l'ouest de Taissy et de Saint-Léonard, à quelques kilomètres en amont de la ville de Reims. Elle fait partie de la grande ZNIEFF II de la vallée de la Vesle de Livry-Louvercy à Courlandon et consitue une ZNIEFF I de près de 130 hectares regroupant les milieux alluviaux les plus typiques de la vallée (différents stades de la tourbière alcaline), les boisements et les quelques prairies et cultures présents sur le site.

La cladiaie se développe dans les secteurs les plus humides du marais. Sa végétation est fortement dominée par le marisque, accompagné par la laîche des rives, le calamagrostis lanceolé, l'eupatoire chanvrine, la lysimaque vulgaire, le séneçon des marais.

Les magnocariçaies sont dominées par différentes laîches qui forment des touradons caractéristiques : cariçaies à Carex elata (disséminée et d'étendue variable), à Carex appropinquata, à Carex paludosa (répandue un peu partout dans le marais), à Carex lasiocarpa. Elles renferment également le peucédan des marais, le lycope d'Europe, l'angélique des bois, le stachys des marais, l'épilobe hirsute, etc.

Les roselières sont constituées par le phragmite qui domine, la menthe aquatique, la massette à feuilles larges, la morelle douce-amère, le séneçon des marais et la grande douve.

Les moliniaies sont aujourd'hui très rares dans les marais de la Vesle et en voie de disparition, peu à peu éliminées par l'extension du maraîchage et des cultures. On peut y observer l'oenanthe de Lachenal, le saule rampant, l'épipactis des marais, l'orchis incarnat, le gaillet des fanges...

L'assèchement du marais peut permettre l'installation d'une végétation de hautes herbes nitratophiles. Ces groupements sont dominés par la reine des prés, le roseau, l'eupatoire chanvrine, la grande consoude, etc. Les broussailles disséminées au sein de la tourbière relèvent de la saulaie à saule cendré et les boisements qui y font suite sont de type boulaie sur tourbe. La strate arborescente se distingue par un taillis élevé et dense comprenant les bouleaux verruqueux et pubescent dominant une strate arbustive peu développée. La strate herbacée est constituée par des espèces relictuelles des cariçaies et des roselières. Le groupement forestier le plus répandu ici est la frênaie-chênaie à érables. Les plus beaux peuplements se rencontrent vers Taissy. Outre le frêne, le sycomore et le chêne pédonculé abondants, les autres essences forestières sont plus rares et irrégulières (aulne, bouleau, peuplier).

La flore des marais du Val-de-Vesle est remarquable à plus d'un titre : elle possède une espèce protégée au niveau national, la grande douve et cinq espèces protégées au niveau régional : la laîche paradoxale, la laîche filiforme (espèce nord-circumboréale, rare et en très forte régression en Champagne, observée en un seul endroit de la vallée au contact d'une magnocariçaie à laîche paradoxale), le peucédan des marais (relativement abondant ici), le laiteron des marais et le saule rampant. Ils sont inscrits sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne, avec quatre autres espèces présentes sur le site : l'oenanthe de Lachenal (bien représentée dans les moliniaies et les calamagrostaies des trous de Leu), l'orchis incarnat, le cassis sauvage et une petite plante carnivore, l'utriculaire vulgaire.

La faune entomologique est très variée, avec plus de 60 espèces différentes répertoriées, dont une libellule inscrite sur la liste rouge régionale des Odonates, le cordulégastre annelé (pour lequel il s'agit de la première observation en Champagne).

La faune piscicole est notamment constituée par le brochet, le gardon, la vandoise, le goujon et l'ablette.

Les amphibiens et reptiles sont représentés ici avec plus particulièrement la rainette verte, protégée en France depuis 1993, inscrite à l'annexe II de la convention de Berne, à l'annexe IV de la directive Habitats et sur la liste rouge régionale des amphibiens. Elle figure, avec le triton alpestre, également rencontré sur le site, dans le livre rouge de la faune menacée en France.

Trente espèces de mammifères ont été recensées sur la ZNIEFF, dont cinq espèces de chauves-souris (observées uniquement sur leur zone de chasse) ; il s'agit de l'oreillard gris, de la pipistrelle commune, du vespertilion de Daubenton, du vespertilion à moustaches et du vespertilion de Natterer : elles sont toutes protégées en France et inscrites (mise à part la pipistrelle) sur la liste rouge des mammifères de Champagne-Ardenne, de même que la musaraigne aquatique, également observée sur le site.

C'est de plus une zone paysagère qui joue un rôle fondamental dans l'équilibre de la vallée. La ZNIEFF a été proposée, avec la celle du Val de Vesle dans le cadre de la directive Habitats (site n° 39 : marais de la Vesle en amont de Reims). Elle figure parmi les tourbières les plus importantes du département et regroupe les milieux les mieux conservés de la vallée. Diverses menaces pèsent sur elle, comme par exemple la dynamique naturelle (abandon du pâturage), le grignotage du marais par la culture (maraîchage en particulier) et par la plantation de peupliers, l'assèchement progressif de la nappe de la vallée, etc.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF suit les contours naturelles de la zone marécageuse alluviale la plus riche tant diu point de vue faunistique que floristrique.