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La ZNIEFF des vallons des ruisseaux de la Saultry (ruisseau à caractère torrentiel), de la Ferrière et du Marais aux Loups à Maubert-Fontaine et Sevigny-la-Forêt (département des Ardennes) est divisée en deux zones proches. Les conditions écologiques particulières du lieu, établi sur des roches acides, au climat à la fois rude et pluvieux, avec de nombreuses sources et zones humides, permettent le développement d'une végétation caractéristique : on y rencontre ainsi des peuplements forestiers particuliers (chênaie acidiphile à myrtille, boulaie pubescente, forêt marécageuse sur tourbe), des landes (lande humide de type Ericion tetralicis, lande à callune), des prairies (prairie humide oligotrophe, prairie maigre à nard), des marais acides à sphaignes et des bois résineux en plantations (pessière artificielle).
La chênaie acidiphile, bien qu'en forte régression (au profit des plantations résineuses) couvre 70% de la superficie de la ZNIEFF : la strate arborescente est essentiellement constituée de chêne pédonculé, bouleau blanc et bouleau pubescent. La strate arbustive comprend notamment le sorbier des oiseleurs et le houx. Dans la strate herbacée se remarquent la luzule blanchâtre, la luzule des bois, la canche flexueuse, le maïanthème à deux feuilles, le sceau de Salomon à feuilles verticillées, le blechnum en épi... Le fond des vallons est le domaine de l'aulnaie marécageuse (et localement de la boulaie pubescente sur tourbe). Les bouleaux pubescents accompagnent souvent les aulnes. La strate herbacée est caractérisée par le polystic des montagnes (très rare en plaine) et l'osmonde royale (ces deux fougères étant protégées en Champagne-Ardenne), par la laîche allongée, la laîche faux-panic, le populage des marais, etc. Dans la chênaie acidiphile en bordure du marais aux Loups se rencontre la trientale d'Europe (plus de 200 pieds fleuris en mai 2000), d'origine artico-alpine, inscrite sur la liste des espèces protégées en France (où elle ne se rencontre que dans les Ardennes, la Savoie et les Vosges) et sur la liste rouge régionale. Dans les layons forestiers ou au niveau de certaines zones plus clairiérées (anciennes carrières) se remarquent des végétations relictuelles mais encore bien typiques de landes humides à bruyère à quatre angles (espèce d'origine atlantique, inscrite sur la liste rouge régionale et située ici à sa limite d'aire de répartition vers l'est) ou de landes plus sèches, de tendance montagnarde, à callune et à myrtille.
Très localement subsistent des tourbières plus ou moins dégradées à molinie bleue et des bas-marais acides riches en Carex (laîche tronquée, laîche vulgaire, laîche étoilée, laîche à bec), accompagnés par la linaigrette vaginée (espèce arctique très rare en plaine, protégée au niveau régional, inscrite sur la liste rouge et dont les localités de l'Ardenne primaire sont les seules de Champagne-Ardenne pour cette espèce), le ményanthe trèfle d'eau (inscrit sur la liste rouge régionale), la violette des marais, la laîche étoilée, la laîche vulgaire, la pédiculaire des bois, la linaigrette à feuilles étroites, l'hydrocotyle vulgaire et par de nombreuses sphaignes.
Les prairies humides oligotrophes sont caractérisées par le nard raide, le jonc rude, la pédiculaire des bois qu'accompagnent la danthonie décombante, la houlque laineuse, la jonquille, la tormentille, la laîche à pilules, le polygale à feuilles de serpolet, la platanthère à deux feuilles, le lotier des fanges, la renoncule rampante, le gaillet du Harz, l'orchis à larges feuilles et l'orchis tacheté.
Tout comme la flore, le faune renferme des espèces rares et en particulier un papillon typique des tourbières et des prés mouillés, le damier de la succise, protégé au niveau national depuis 1993, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "en danger" pour la moitié nord du pays) et inscrit sur la liste rouge régionale de même que le damier noir et le petit collier argenté. D'autres Lépidoptères plus communs les accompagnent (machaon, citron, paon du jour, aurore, gazé, petite tortue, belle dame, Robert-le-diable, hespérie de la houlque, hespérie du dactyle, myrtil, argus frêle, carte géographique...), ainsi que des papillons de nuit (M noir, lambda, doublure jaune, brocatelle d'or et diverses phalènes).
Les Odonates sont également bien représentés et renferment six libellules inscrites sur la liste rouge régionale (grande aeschne, aeschne printanière, cordulégastre annelé, gomphe vulgaire, sympétrum noir, sympétrum jaune d'or). On y rencontre également d'autres espèces plus courantes, comme par exemple pour les demoiselles, le caloptérix vierge, l'agrion à larges pattes, l'agrion porte-coupe et pour les libellules, l'anax empereur, la libellule à quatre taches, le sympétrum rouge sang, etc.
Les Orthoptères comprennent le conocéphale des roseaux, la decticelle à petites ailes, le criquet ensanglanté, le criquet des montagnes et un autre criquet chanteur, Omocestus viridulus inscrits sur la liste rouge régionale. D'autres sauterelles (conocéphale bigarré, decticelle bariolée, decticelle cendrée, grande sauterelle verte) et criquets (criquet des pâtures, criquet duettiste) fréquentent aussi la ZNIEFF.
Les ruisseaux possèdent une bonne qualité des eaux, avec de nombreux macro-invertébrés (Trichoptères, Ephémères, Névroptères) spécifiques des ruisseaux torrentueux. On peut également y observer un éphémère caractéristique des milieux très acides, Leptophlebia marginata. La lamproie de Planer, le chabot (inscrits tous les deux à l'annexe IV de la directive Habitats) et la truite fario se rencontrent dans les nombreux ruisseaux qui parcourent la ZNIEFF : ce sont des espèces qui caractérisent les eaux froides, claires, bien oxygénées et non polluées.
La présence de sources et petites mares attirent certains amphibiens : triton alpestre (en régression en France et dans l'ensemble des pays d'Europe, inscrit à l'annexe III de la convention de Berne), crapaud et diverses grenouilles. Les reptiles sont représentés par le lézard vivipare et l'orvet.
Certains oiseaux fréquentent le site, notamment le merle d'eau ou cincle plongeur, inscrit sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Champagne-Ardenne, la bergeronnette des ruisseaux et la bergeronnette grise près des cours d'eau, le grèbe huppé, le grèbe castagneux, la foulque macroule au niveau des plans d'eau, le pic mar, le faucon hobereau (tous deux appartenant à la liste rouge régionale), l'épervier d'Europe et la bécasse des bois dans les massifs forestiers.
Le chevreuil et le sanglier fréquentent le site. On peut également y rencontrer un petit insectivore, la musaraigne aquatique protégée en France et inscrite sur la liste rouge régionale des mammifères.
La ZNIEFF fait partie des sites retenus dans le cadre de la directive Oiseaux (Z.I.C.O. CA 01 du plateau ardennais). Elle est en bon état mais très menacée par les plantations d'épicéas
Les limites de la ZNIEFF correspondent à celles de trois vallons hydromorphes de la Forêt Domaniale des Potées.
