ZNIEFF 210020174
PRAIRIES AU NORD-EST DE NOUART ET DE TAILLY

(n° régional : 00000618)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des prairies situées au nord-est des villages de Nouart et de Tailly constitue, sur près de 700 hectares, un ensemble bocager remarquable s'étendant en partie dans le département des Ardennes (communes de Nouart et de Tailly) et en partie dans le département de la Meuse (commune de Beauclair et Beaufort-en-Argonne). Elle regroupe des prairies de fauche, des pâtures, des pelouses oligotrophes et plus localement des petits bois latéraux s'apparentant à lachênaie-charmaie, des haies et des cultures enclavées. Ponctuellement se rencontrent des groupements à reine des prés, des roselières et des magnocariçaies. De nombreux ruisseaux parcourent la ZNIEFF (ruisseaux de Nouart, de l'Anelle, de Tailly, de la Gravelotte, de Wiseppe, de Champy et nombreux rus temporaires). Les sources sont également bien représentées (Fontaine Fondue, Source du Trou Magin, Fontaine du Pré Hure, Source du Prayon, etc.). Plusieurs petits étangs de plaisance se remarquent çà et là.

La flore des prairies mésophiles est bien diversifiée, avec de nombreuses graminées fourragères : fromental, fétuque des prés, fétuque rouge, houlque laineuse, ray-grass anglais, crételle, dactyle aggloméré, avoine dorée, vulpin des prés, brome en grappe, fétuque roseau, etc. Les légumineuses sont bien représentées par le trèfle blanc, le trèfle des prés, le petit trèfle jaune, la gesse des prés, la luzerne lupuline, le lotier corniculé, la vesce à épis. Elles sont accompagnées par la berce sphondyle, le crépis bisannuel, le grand boucage, l'achillée millefeuille, la centaurée jacée, la carotte sauvage, la cardamine des prés, le plantain lancéolé, l'oseille des prés, la renoncule âcre, le lychnis fleur de coucou, le scorsonère des prés...

La flore des prairies humides oligotrophes comprend la laîche printanière, la laîche glauque, la laîche tomenteuse, la succise des prés, le polygala vulgaire, la potentille tormentille, le silaüs des prés, l'hippocrépide en ombelle, le petit boucage, la primevère officinale, le pâturin des prés, l'avoine pubescente, la brize intermédiaire… Une petite fougère, l'ophioglosse, inscrit sur la liste rouge des végétaux menacés en Champagne-Ardenne, s'y remarque en compagnie de plusieurs orchidées (orchis bouffon, orchis militaire, orchis à larges feuilles, listère ovale, platanthère des montagnes).

Cette ZNIEFF est extrêmement riche du point de vue faunistique : elle abrite de nombreux insectes, amphibiens, oiseaux et mammifères protégés et/ou inscrits sur les listes rouges nationales et régionales.

Sur les 24 espèces d'odonates recensées sur le site, trois appartiennent à la liste rouge régionale : l'agrion de Mercure, particulièrement bien représenté ici, protégé au niveau national et figurant en plus dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "en danger de disparition dans la moitié nord de la France"), la grande aeschne et l'aeschne printanière. On y rencontre également la naïade aux yeux rouges, la naïade au corps vert, la petite nymphe au corps de feu, l'agrion porte-coupe, l'agrion élégant, l'agrion jouvencelle, le leste fiancé, le caloptéryx éclatant (pour les demoiselles), le gomphe joli, l'aeschne bleue, la cordulie bronzée, l'orthétrum réticulé, la libellule déprimée, la libellule à quatre taches, la libellule écarlate, le sympétrum rouge sang…

L'inventaire des papillons a permis le recensement d'une vingtaine d'espèces. Parmi les plus remarquables, le cuivré des marais, papillon strictement protégé au niveau national, inscrit aux annexes II et IV de la Directive Habitats, figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable" et présent sur la liste rouge régionale des Lépidoptères. Présent dans les prairies de fauche, on le rencontre également dans les prairies pâturées au niveau des touffes de refus du bétail (ces pâtures ont été pris en compte dans la ZNIEFF bien qu'elles soient moins diversifiées du point de vue botanique que les prés de fauche).

Parmi les 17 espèces d'Orhoptères rencontrées, quatre sont rares et font partie de la liste rouge régionale : il s'agit du conocéphale des roseaux , du criquet ensanglanté, du criquet marginé et du criquet verte-échine. Ils sont accompagnés par des espèces plus communes comme par exemple la grande sauterelle verte, le conocéphale bigarré, la decticelle bariolée et la decticelle cendrée (pour les sauterelles), le criquet à long corselet, le criquet des clairières, le criquet duettiste, le criquet mélodieux, le criquet des pâtures, le grillon champêtre…

Les poissons sont très caractéristiques des eaux fraîches peu polluées avec notamment, la lamproie de Planer, protégée en France et le chabot (tous les deux étant inscrits à l'annexe IV de la directive Habitats). C'est une zone de frayère importante pour la lote de rivière (en régression importante en France, inscrite à l'annexe IV de la directive Habitats et dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie vulnérable). On y rencontre également le brochet, la truite fario, la loche franche, la perche, la brème, la carpe, l'able de Heckel (en régression et inscrit à l'annexe III de la Convention de Berne), le chevaine, le rotengle, l'épinoche, la tanche, etc.

Cinq espèces d'amphibiens ont été inventoriées (tritons alpestre et ponctué, crapaud commun, grenouilles verte et agile).

La ZNIEFF constitue un site privilégié pour l'avifaune, avec parmi les espèces les plus remarquables, le milan noir, le milan royal, la pie grièche écorcheur , la pie grièche grise (ces quatre espèces étant inscrites sur la liste rouge régionale), le pipit farlouse, la buse variable et l'épervier d'Europe. Il y a quelques années le râle des genêts était présent sur le site. Il n'a pas été revu récemment.

Cette vaste zone est fortement fréquentée par les chauve-souris : c'est plus particulièrement un territoire de chasse important pour le grand murin (colonie située dans un bâtiment proche de la ZNIEFF.) et le vespertilion de Daubenton. Le renard, le chat sauvage, le chevreuil, le sanglier, l'écureuil roux et divers petits rongeurs ont été contactés sur le site.

La zone est en bon état, les menaces qui pèsent sur elle sont d'ordre essentiellement agricole (mise en culture, fertilisation, intensification du pâturage, eutrophisation).

Commentaires sur la délimitation

La délimitation suit les contours de la zone prairiale la plus riche (avec des cultures enclavées) du point de vue floristique et faunistique. Les limites englobent la presque totalité de la vallée très bien conservée à l'exclusion des cultures, de certaines prairies et des bois environnants à flore plus banale.