ZNIEFF 210020177
BOIS, MARAIS ET PRAIRIES A L'EST DE CERNAY-EN-DORMOIS, VILLE-SUR-TOUBE ET BERZIEUX

(n° régional : 05080000)

Commentaires généraux

Les bois, marais et prairies situés à l'est des communes de Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe et Berzieux (dans le département de la Marne) forment une ZNIEFF de type II de 1650 hectares. Elle est constituée de boisements divers (70% de la superficie totale), de groupements marécageux biologiquement très riches, de prairies pâturées ou fauchées, d'étangs aux eaux mésotrophes et de cultures enclavées, établis sur les marnes cénomaniennes.

Un des intérêts de la ZNIEFF réside dans la présence de vastes cariçaies d'un très grand intérêt biologique. Elles sont constituées de nombreuses laîches (laîche des rives surtout, laîche des marais, laîche distique, laîche gracile, laîche faux-souchet, laîche aiguë, laîche paniculée, laîche vésiculeuse…), de séneçon des marais, de grand pigamon, de valériane rampante, de gaillet des marais, de salicaire, d'épiaire des marais, de canche cespiteuse, de patience des eaux, de calamagrostis épigéios, etc. On y remarque le laiteron des marais, protégé au niveau régional et inscrit, avec l'euphorbe des marais, sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne. Lorsque les herbes ne sont pas trop hautes et denses, on y observe aussi une petite fougère (également inscrite sur la liste rouge régionale), l'ophioglosse. Beaucoup plus localement se rencontrent des roselières (à baldingère, phragmite, typhe à larges feuilles et à feuilles étroites) et des mégaphorbiaies à reine des prés, angélique sylvestre, épilobe hirsute, lysimaque vulgaire, achillée sternutatoire, cardère velue, iris faux acore, grande consoude… Ces milieux marécageux sont parsemés de saulaies basses éparses à saules cendrés et d'aulnaies à grandes herbes où se remarque un arbuste inscrit sur la liste rouge régionale, le cassis.

Les bois sont largement représentés par la chênaie-charmaie mésotrophe à mésoacidiphile. La strate arborescente comprend le chêne pédonculé, le bouleau verruqueux, le chêne sessile, le charme, le tilleul à grandes feuilles, le merisier, le sycomore, le tremble, le noisetier et le frêne. La strate arbustive est constituée par le chèvrefeuille des bois, la viorne obier, le pommier sauvage, le troène, le prunellier épineux, la bourdaine. Le tapis herbacé est riche en fougères (polystic dilaté, polystic spinuleux, fougère mâle, fougère femelle). Il comprend également la laîche des bois, le muguet, le millet diffus, l'ornithogale des Pyrénées, la pervenche, la mélique à une fleur, la scrofulaire noueuse, la pyrole à feuilles rondes, la primevère élevée, le sceau de Salomon multiflore et, dans les secteurs les plus acides, la luzule poilue, la violette de Rivin, la laîche fausse brize, la luzule multiflore, la canche cespiteuse, la laîche à racines nombreuses. En lisière s'observent la houlque molle, le mélampyre des prés, la véronique officinale et le genêt à balais.

Localement, dans les secteurs hydromorphes, se développe l'aulnaie-frênaie-peupleraie à hautes herbes (laîche des rives, épiaire des bois, angélique sylvestre, laîche pendante, laîche espacée…). Certaines zones plantées en peupliers ont été rudement touchées par la tempête du 26/12/99 et sont aujourd'hui en cours d'exploitation.

Ponctuellement, au nord-ouest du Bois d'Hauzy (à l'ouest de la Barrière à Leclerc) dans une chênaie pédonculée à bouleau verruqueux, au niveau d'une zone hydromorphe, on observe le bouleau pubescent avec, au niveau de la strate herbacée, la molinie bleue, la laîche à nombreuses racines (rare dans la Marne), la laîche à pilules, la gesse des montagnes et la lysimaque vulgaire.

Le long de l'ancienne voie ferrée, dans le Bois de Ville, s'est développé un groupement d'ourlet à réglisse sauvage, trèfle intermédiaire, origan vulgaire, œillet velu, gesse des prés, gesse sauvage, sténactis à feuilles larges, aigremoine odorante, vesce des prés, campanule gantelée, épervière des murailles.

Les prairies humides sont pâturées et/ou fauchées. Elles sont constituées de graminées (vulpin des prés, flouve odorante, fromental), de laîches (laîche des renards, laîche distique, laîche bleuâtre) et de joncs divers. Elles comprennent également la renoncule rampante, la véronique à écus, l'œnanthe fistuleuse, le gaillet des marais, la menthe aquatique, la cardamine des prés, le lychnis fleur de coucou, le silaüs des prés, le colchique, l'achillée sternutatoire, la vesce à épis, l'euphorbe des marais. Très localement sur les points hauts se développe la prairie mésophile, le plus souvent fauchée, à avoine élevée, flouve odorante, houlque laineuse, salsifis des prés, achillée millefeuille, oseille sauvage, plantain lancéolé, luzule champêtre, ail des champs...

Le long des fossés et des ruisseaux (Canal de la Tourbe, rivière de la Bionne, ruisseaux du Sugnon, du Prêtre et de Saint-Gilles) se différencie une végétation amphibie à renoncule flammette, renoncule scélérate, renouée amphibie, rubanier simple, plantain d'eau, jonc glauque, pétasite officinal, faux cresson, cresson de fontaine... Dans certaines mares et certains étangs se remarque une végétation flottante caractérisée par l'utriculaire vulgaire et la zannichellie des marais (espèces inscrites sur la liste rouge régionale), l'utriculaire citrine, la petite lentille d'eau, l'élodée du Canada, le potamot crépu...

Son intérêt faunistique est très élevé, notamment pour les oiseaux. Les prairies et les milieux buissonnant accueillent, pour leur nidification et/ou leur alimentation la pie-grièche écorcheur (inscrite dans la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne), le tarier pâtre, la grive draine, la fauvette grisette, la fauvette babillarde, etc. Les boisements attirent le pigeon ramier, la tourterelle des bois, divers pouillots (pouillot siffleur, pouillot véloce) fauvettes (fauvette des jardins, fauvette à tête noire), et mésanges (mésange à longue queue, mésange bleue, mésange charbonnière) ainsi que le geai des chênes, le grosbec casse-noyaux, la grive musicienne, le bruant jaune, le roitelet triple-bandeau, le bec-croisé des sapins, la sittelle torchepot, le loriot d'Europe, etc.

La rivière, les plans d'eau et leur végétation riveraine sont fréquentés par une avifaune aquatique très variée avec le fuligule milouin (nicheur rare et en régression, inscrit sur la liste rouge régionale), la foulque macroule, les grèbes huppés et castagneux, le canard colvert, la poule d'eau, mais également la rousserolle effarvatte et la rousserolle turdoïde (inscrite sur la liste rouge régionale). Cette dernière figure dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale. Le blongios nain a récemment été observé au niveau de l'Etang la Ville.

Les milieux ouverts (marais, herbages, cultures) constituent les zones de chasse de nombreux rapaces dont notamment la buse variable, le faucon crécerelle et le busard des roseaux. Ce dernier, inscrit sur la liste rouge des oiseaux menacés de Champagne-Ardenne, niche dans la ZNIEFF.

D'autres hivernent sur le site ou y stationnent lors de leur migration (sarcelle d'hiver, canard colvert, fuligule milouin, fuligule morillon, faucon émerillon, chevalier guignette, guifette noire, grand cormoran).

Les amphibiens sont représentés par le triton alpestre, le triton palmé, la salamandre tachetée (inscrite sur la liste rouge régionale), la grenouille rousse et le crapaud commun. De nombreuses couleuvres à collier se rencontrent sur le site.

Certains grands mammifères fréquentent la ZNIEFF (comme par exemple de chevreuil et le sanglier), des carnivores (renard, chat sauvage, martre, fouine, belette, hermine et putois, inscrit sur la liste rouge régionale), des petits insectivores (dont la musaraigne aquatique, inscrite sur la liste rouge régionale) et rongeurs (rats, souris et campagnols divers). La loutre était encore présente dans la ZNIEFF en 1975.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF correspond aux limites de la zone la plus riche d'une vaste plaine d'un point de vue floristique et ornithologique. Elle prend ainsi en compte les forêts, les milieux marécageux, les prairies et certains plans d'eau (avec quelques cultures enclavées). Elle ne prend pas en compte les milieux agricoles environnants, à flore et faune plus banalisées.