ZNIEFF 210020180
CHATEAU DE MONTCORNET ET SES ENVIRONS

(n° régional : 00000621)

Commentaires généraux

Le Château de Montcornet et ses environs proches constituent une ZNIEFF de près de 11 hectares située non loin de la ville de Renwez dans le département des Ardennes. Elle fait partie la Z.I.C.O. CA 01 (plateau ardennais) de la directive Oiseaux. Les ruines du château servent de refuge à plusieurs espèces de chauves-souris. A l'ouest, le ruisseau de Magdalaine, qui prend sa source à Onchamps, entaille de façon considérable le plateau : les boisements sont très diversifiés selon le type de sol et la topographie. On y rencontre :

- l'érablière avec une strate arborescente dominée par l'érable sycomore et le frêne auxquels s'ajoutent l'orme des montagnes, l'érable champêtre, le sorbier des oiseleurs…Dans la strate arbustive se remarquent le groseillier à maquereaux et le noisetier. La strate herbacée comprend l'aspérule odorante, le lierre, la mercuriale vivace, la scolopendre, le polystic à soies raides (espèce à affinités atlantiques disséminée sur toute la France mais rare dans l'est du pays), le polystic à aiguillons…

- la chênaie-boulaie acidiphile (très localisée) à chêne pédonculé, chêne sessile et bouleau pubescent. La strate herbacée est caractérisée par la canche flexueuse, la germandrée scorodoine, la myrtille, la violette de rivin, le dryoptéris écailleux et en lisière, la digitale pourpre, le mélampyre des prés, la fougère aigle, le genêt à balais et le houx.

- la chênaie-charmaie neutrophile (à laîche des bois, primevère élevée, renoncule tête d'or, gouet tacheté, mercuriale vivace, lamier jaune, anémone sylvie, sceau de Salomon multiflore, millet diffus, mélique à une fleur…), avec une variante plus humide à proximité du thalweg en transition avec l'aulnaie-frênaie.

- l'aulnaie-frênaie de fond de vallon, à épiaire des bois, fougère femelle, fougère spinuleuse, fougère dilatée, épiaire des bois, laîche espacée, iris faux-acore…

Plus localement se rencontrent des prairies mésophiles (à flouve odorante, fétuque rouge, dactyle aggloméré, primevère officinale, pâturin annuel, cardamine des prés, crépide bisannuel, berce sphondyle, renoncule rampante, persil sauvage, achillée millefeuille, petite oseille, trèfle des prés…) et des mégaphorbiaies (à reine des prés, valériane rampante, salicaire, épilobe en épi, épilobe hérissée et pétasite officinal).

Les végétations saxicoles peuvent être localement bien développées (très belles populations de fougères diversifiées) et sont de deux types : calcicoles héliophiles (à polypode vulgaire, faux capillaire, drave printanière, saxifrage tridactyle) ou neutrocalcicoles sciaphiles (à scolopendre, faux capillaire, capillaire noir, polypode).

Les étangs sont pour la plupart de création récente, le site ayant fait l'objet (à partir de 1997) d'un réaménagement fonctionnel : dans l'ancienne carrière au sud-ouest du vallon du ruisseau de Magdelaine existaient des fosses envahies par l'eau ; celles-ci ont été recalibrées et leur périmètre modifié afin de constituer une série de petits étangs consacrés à la pêche à la truite. La végétation de bord des eaux y est peu développée (iris faux-acore, lycope d'Europe, menthe aquatique, laîche des marais), la fréquentation du site ayant amené une banalisation des berges par le piétinement.

Malgré sa faible superficie, la ZNIEFF recèle une faune extrêmement variée, notamment du point de vue des amphibiens, des oiseaux et des mammifères.

La faune ornithologique est bien représentée : parmi les 84 espèces d'oiseaux répertoriés, huit font partie de la liste rouge des oiseaux nicheurs menacés en Champagne-Ardenne. Il s'agit de la bécassine des marais (nicheur très rare en voie de disparition, inscrit sur la liste rouge nationale des oiseaux, dans la catégorie "espèce en danger" non revue très récemment), de la rousserolle verderolle (nicheur peu commun inféodé aux milieux palustres), de l'hypolaïs ictérine (nicheur très rare et en régression), du cincle plongeur (ou merle d'eau), de la chouette chevêche et, dans les milieux prairiaux et broussailleux, du tarier d'Europe, de la pie-grièche écorcheur et de la pie-grièche grise.

Des oiseaux plus communs fréquentent également le site. Les boisements accueillent les pics (pics épeiche, pics épeichette, pic vert), la sittelle torchepot, le loriot, le geai des chênes, la tourterelle des bois, le roitelet huppé, le pipit des arbres, le bouvreuil, divers pouillots (pouillot siffleur, pouillot fitis et pouillot véloce), grives (draine et musicienne), mésanges et fauvettes. Dans les milieux plus ouverts ou broussailleux se remarquent le pipit farlouse, l'alouette des champs, la linotte mélodieuse, le bruant jaune, etc. La poule d'eau, la bergeronnette des ruisseaux, la locustelle tachetée, le bruant des roseaux se rencontrent à proximité du ruisseau et des milieux marécageux. De nombreux rapaces chassent sur le site (milans noir et royal, buse, épervier d'Europe, faucon hobereau, faucon crécerelle, bondrée apivore).

Certains oiseaux y font une halte lors de leur migration comme par exemple le tarin des aulnes, le pinson du nord, le chevalier guignette, le grèbe castagneux, le grèbe huppé et le canard colvert.

Les zones humides et les fossés sont fréquentés par de nombreux amphibiens, dont trois espèces sont inscrites sur les listes rouges nationale, européenne ou régionale : le crapaud accoucheur (inscrit à l'annexe II de la convention de Berne et à l'annexe IV de la directive Habitats) le pélodyte ponctué et le triton alpestre. Ces deux derniers figurent dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable".

Les ruines du château accueillent plusieurs espèces de chauves-souris : le grand murin, le vespertilion de Daubenton, le vespertilion à moustaches, le vespertilion de Natterer et l'oreillard commun. En très forte régression en France et en Europe, ils sont protégés au niveau national depuis 1981, inscrits à l'annexe II de la convention de Berne et sur la liste rouge régionale. Le grand murin figure aussi aux annexes II et IV de la directive Habitats (de même que le vespertilion de Daubenton) et dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie vulnérable). Malheureusement des travaux sont en cours pour mettre en place une illumination nocturne de l'ensemble du château mettant en péril le maintien des colonies de chiroptères présents sur le site.

La musaraigne aquatique (protégée en France) et le putois ont également été répertoriés dans la ZNIEFF : ils font tous les deux partie de la liste rouge régionale.

Bien que très menacé localement, le site est dans un assez bon état général.

Commentaires sur la délimitation

Les limites prennent en compte les ruines d'un château abritant une colonie de Chiroptères. Les environs proches (mosaïque de milieux très diversifiés) sont à l'origine d'une faune avienne et amphibienne très riche ; les étangs, bois et escarpements rocheux entretiennent également une petite faune (non répertoriée ici) très favorable à l'alimentation des chauves-souris. Ils ont donc été intégrés au périmètre de la ZNIEFF.