ZNIEFF 210020208
BOIS ALLUVIAUX, MARAIS ET PRAIRIES DE LA NOUE DES NAGEOIRES ET DE LA PREE A NOGENT-SUR-SEINE

(n° régional : 00040010)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de type I située au nord-est de Nogent-sur-Seine, vers la centrale nucléaire, d'une superficie de plus de 130 hectares, fait partie de la grande ZNIEFF de type II de la Bassée Auboise appelée "Milieux naturels et secondaires de la vallée de la Seine". Elle comprend des bois humides (qui recouvrent près de la moitié de son territoire), des milieux marécageux (roselières, cariçaies et mégaphorbiaies) et des pâtures. Le réseau hydrographique est constitué par la Seine (limite est de la zone), ses bras morts et d'anciennes gravières en eau.

Les boisements regroupent essentiellement la peupleraie plantée et la frênaie-ormaie. La strate arborescente de cette dernière est principalement constituée par le frêne élevé, le chêne pédonculé, l'aulne glutineux, l'érable champêtre, l'orme champêtre et le saule blanc. La strate arbustive comprend le noisetier, le cornouiller sanguin , l'aubépine monogyne, l'aubépine épineuse, la viorne obier. La ripisylve de la Seine est constituée par le saule blanc, l'aulne glutineux, le frêne élevé, l'aulne champêtre, le saule fragile, le saule cendré, le saule des vanniers, la viorne obier…

Les secteurs marécageux sont constitués par des magnocariçaies (à laîche des rives, laîche des marais, laîche vésiculeuse, laîche raide, laîche distique, laîche aiguë, laîche faux-souchet, laîche d'Otruba…), des mégaphorbiaies (se développant souvent sous les peupleraies exploitées) et des roselières (phragmitaies, scirpaies, typhaies, phalaridaies). On y observe notamment la reine des prés, l'épiaire des marais, le pigamon jaune. Le phragmite, la massette à larges feuilles, le scirpe des lacs, l'eupatoire chanvrine, le cirse des marais, la salicaire, le séneçon des marais, la valériane herbe à chats, la salicaire, la lysimaque vulgaire…

Ces milieux recèlent de nombreuses plantes rares et/ou protégées : la renoncule grande douve et la violette élevée bénéficient d'une protection nationale. Deux autres espèces sont protégées au niveau régional : il s'agit de l'inule des fleuves (très menacée et en très forte régression, elle ne subsiste plus qu'au niveau des grandes vallées) et de la gesse des marais. Elles font partie toutes les quatre de la liste rouge des végétaux menacés de Champagne-Ardenne, en compagnie de l'euphorbe des marais.

Les pâtures appartiennent au Bromion racemosi. Certaines cariçaies sont également pâturées. Elles sont riches en graminées (fétuque des prés, houlque laineuse, pâturin commun, chiendent, canche cespiteuse). Elles sont accompagnées par diverses laîches (laîche raide abondante, laîche des rives et laîche d'Otruba), renoncules (âcre et rampante) et par l'inule des fleuves, la pulicaire dysentérique, la potentille rampante, la patience crépue, le gaillet des marais…

Les anciennes gravières et les noues de la Seine présentent une végétation aquatique typique constituée par le potamot à feuilles flottantes et l'utriculaire vulgaire (inscrits sur la liste rouge régionale), le nénuphar jaune, le potamot à feuilles pectinées, le potamot à feuilles luisantes, la renoncule divariquée, le cératophylle épineux, le myriophylle en épis, la pesse, etc. Au niveau des berges se rencontrent la petite berle, l'iris faux-acore, le faux cresson, le rubanier simple (chenal autour de la centrale électrique), le rubanier rameux.

La population avienne est bien diversifiée avec 89 espèces d'oiseaux qui hivernent, se nourrissent ou se reproduisent sur le site.

De nombreuses espèces y stationnent au printemps et en automne en exploitant les zones inondées, notamment la grande aigrette, le tadorne de Belon, le canard siffleur, le canard pilet, la sarcelle d'été, le garrot à œil d'or, le harle bièvre, le harle piette, le petit gravelot, le chevalier guignette, la guifette noire, le goéland cendré, le goéland leucophée et occasionnellement le grèbe jougris, le grèbe esclavon ; le balbusard pêcheur vient pêcher dans la rivière aux périodes de migration. Le canard chipeau, la sarcelle d'hiver, le fuligule milouin, le fuligule morillon, la foulque macroule, le rémiz penduline, le tarin des aulnes, le grèbe castagneux, le grand cormoran hivernent sur le site... Au total c'est près d'une cinquantaine d'espèces qui utilise la vallée comme voie migratrice ou site d'hivernage.

La ZNIEFF abrite les populations nicheuses de 47 espèces dont sept sont inscrites sur la liste rouge régionale : le râle des genêts (inscrit à l'annexe I de la directive Oiseaux) en très forte régression en France et dont la population en Bassée auboise est estimée à environ 6 couples reproducteurs), la sterne pierregarin qui occupe les radeaux disposés à son attention (9 couples en 2002), la bouscarle de Cetti (qui semblait avoir disparu de la région après les hivers froids de 1986 et1987 et qui commence à revenir timidement dans le Nogentais, surtout depuis 2 ou 3 ans), la rousserolle turdoïde (ces deux derniers figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France, catégorie "vulnérable"), le phragmite des joncs, la pie-grièche grise et la pie-grièche écorcheur.

Des espèces plus communes y nichent aussi comme par exemple le canard colvert, le grèbe huppé, la foulque, la poule d'eau, la bergeronnette grise, le bruant jaune, la locustelle tachetée, l'accenteur mouchet, des espèces plus forestières (sittelle torchepot, grive musicienne, geai des chênes, loriot d'Europe, pic vert, mésanges, pouillots et fauvettes diverses) et dans les roselières la rousserolle effarvatte, le bruant des roseaux, etc. La zone est régulièrement survolée par les rapaces qui y chassent ou qui y ont installé leur nid (buse, milan noir, faucon crécerelle, autour des palombes).

Les amphibiens sont bien représentés notamment par la salamandre tachetée (inscrite sur la liste rouge régionale), les grenouilles vertes, rousse, agile et rieuse, le crapaud commun, le triton palmé.

Le lézard des souches (inscrit sur la liste rouge régionale et figurant dans le livre rouge de la faune menacée en France), le lézard des murailles (inscrit à l'annexe II de la directive Habitats), le lézard vivipare, la couleuvre à collier et malheureusement la tortue de Floride ont été observés sur le site.

La ZNIEFF est fréquentée par les grands mammifères (sanglier, chevreuil), des carnivores (renard, fouine, hermine), certains rongeurs (ragondin, rat musqué, écureuil, lérot).

Une partie de la ZNIEFF appartenant à EDF est gérée par l'Association Nature du Nogentais : cette zone comprend le chenal d'évacuation des crues de la centrale nucléaire et les berges de la Seine à l'est du site. Une autre parcelle a été acquise par l'Agence Seine-Normandie pour la protection aquifère : achetée à l'état de culture, le site est orienté aujourd'hui vers une prairie notamment en laissant la végétation spontanée se développer et en y réalisant des fauches tardives. Un mâle chanteur de râle des genêts y a été entendu au printemps 2002.

La zone est dans un bon état général, mais très menacée par les plantations de peupliers (surtout dans la partie ouest).

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la ZNIEFF suit les contours d'une zone humide très riche en faune et en flore située au nord-est de la ville de Nogent-sur-Seine. Une partie de la limite nord suit les limites de la centrale nucléaire électrique de Nogent.