ZNIEFF 220004976
LEVÉES DE GALETS ENTRE CAYEUX-SUR-MER ET LA POINTE DU HOURDEL, DUNES DE BRIGHTON ET DU HOURDEL

(n° régional : 80LIT112)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Entre Cayeux-sur-Mer et la Pointe du Hourdel, les bas-champs de Cayeux sont séparés de la mer par des cordons successifs de galets, aux extrémités recourbées vers l’intérieur des terres, qui marquent la progression des dépôts vers le nord-est. Ces accumulations de galets correspondent aux pouliers successifs de l’estuaire de type picard qu’est la baie de Somme. Leur largeur dépasse localement 500 mètres (notamment au niveau de Brighton). A la Pointe du Hourdel et à Brighton, les cordons actifs en crochets successifs sont très nets et progressent d’année en année.

Ces accumulations de galets proviennent de l’érosion des falaises normandes et picardes, puis du transport de ces matériaux par la mer, du sud-ouest vers le nord-est (du fait de l’oblicité des houles et de la dérive littorale). La végétation, qui se développe au niveau des cordons de galets, n’est pas très recouvrante, mais revêt un caractère très original. On y observe la végétation atlantique pionnière à Atriplex glabriuscula*, au niveau des laisses de mer sur galets relevant du Beto-Atriplicicetum glabriusculae, ainsi que la végétation à Crambe maritima* du Crithmo-Crambetum et du Lathyro-Crambetum fragmentaire. Il existe des pelouses de sables interstitiels en cours de stabilisation à Armeria maritima. Au niveau des laisses de mer sur la plage de sable, croît une végétation thérophytique halonitrophile des Cakiletea maritimae.

Les cordons enserrent des dépressions sablo-vaseuses, recouvertes par la mer lors des grandes marées. On y observe des communautés halophiles des vasières avec des salicornes des Thero-Salicornetalia et des groupements de prés salés des Asteretea tripolium.

A l’arrière des cordons de galets s’élèvent des dunes allant de 15 à 18 mètres d’altitude. Dans certains secteurs, on observe une ammophilaie de dunes vives à Leymus arenarius*, appartenant à l’Honckenyo-Elymetea arenarii (Elymo arenarii-Ammophiletum arenariae). Des communautés pionnières vivaces des sables dunaires mobiles, de l’Euphorbio paraliadis-Ammophiletea arundinaceae, s’y expriment (Euphorbio paraliadis-Elymenion boreali atlantici, Euphorbio paraliadis-Ammophiletum arenariae). Quelques fragments de dunes fixées, du Phleo arenarii-Tortuletum ruraliformis, sont encore présents. Les fourrés dunaires sont davantage représentés (Sambuco nigra-Hippophaetum rhamnoidis, Ligustro vulgare-Hippophaetum rhamnoidis).

Plus à l’intérieur, se développe la prairie à Arrhenaterum elatius et à Silene vulgaris subsp. maritima du Sileno maritimi-Arrhenateretum elatioris.

INTERET DES MILIEUX

Tous les habitats côtiers représentés sur le site relèvent de la directive "Habitats" de l’Union Européenne et présentent un intérêt international. Signalons, en particulier, l’importance spatiale des groupements de végétation vivace des levées de galets, de l’Honckenyo peploidis-Crambion maritimae. Par ailleurs, les dunes blanches à Leymus arenarius* se trouvent, ici, en limite d’aire de répartition sur les côtes du nord de la France.

L’ensemble des groupements végétaux représentés accueille une flore très originale qui comporte de nombreuses espèces rares. Les levées de galets permettent la nidification de nombreuses espèces d'oiseaux remarquables. L’avifaune migratrice et hivernante est riche et diversifiée.

Enfin, le paysage des levées de galets est, sans doute, l’un des plus originaux pour la côte picarde et, plus globalement, pour tout le littoral nord de la France.

INTERET DES ESPECES

Flore :

De nombreuses espèces végétales remarquables s’observent dans chaque type de milieu représenté, parmi lesquelles :

* Au niveau des levées de galets :

- le Crambe maritime (Crambe maritima*), qui forme ici d’importantes populations ;

- l’Arroche de Babington (Atriplex glabriuscula*), espèce halophile exceptionnelle en Picardie ;

- le Crithme maritime (Crithmum maritimum), également exceptionnel en Picardie ;

- la Glaucière jaune (Glaucium flavum) ;

- le Panicaut maritime (Eryngium maritimum).

Signalons la disparition de la Gesse maritime (Lathyrus japonicus subsp. maritimus*), qui se développait sur les galets jusque vers 1940. Il s’agissait de la seule localité picarde et française.

* Au niveau des prés salés :

- la Bette maritime (Beta vulgaris subsp. maritima) ;

- le Statice commun (Limonium vulgare) ;

- l’Atropis maritime (Puccinellia maritima).

* Au niveau des vasières :

- la Salicorne couchée (Salicornia procumbens) ;

- la Salicorne obscure (Salicornia obscura).

* Dans les dunes :

- la Leyme des sables (Leymus arenarius*), espèce nordique en limite d’aire de répartition ;

- la Calystégie soldanelle (Calystegia soldanella) ;

- la Cochléaire du Danemark (Cochlearia danica) ;

- la Silène conique (Silene conica) ;

- l’Armérie maritime (Armeria maritima subsp. maritima) ;

- l’Anthrisque des dunes (Anthriscus caucalis).

Faune :

On observe la nidification de trois espèces de gravelots :

- le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula), nicheur exceptionnel en Picardie ;

- le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), espèce en danger en Picardie ;

- le Petit Gravelot (Charadrius dubius), nicheur assez rare en Picardie.

Egalement nicheur remarquable, le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) est une espèce en déclin depuis les années soixante-dix, dont la population atteint un niveau critique en Picardie.

Les levées de galets permettent l’hivernage régulier de passereaux nordiques tels que l’Alouette hausse-col (Eremophila alpestris) et le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis).

Situé dans la grande voie de migration du littoral de l’Europe de l’Ouest, ce site permet l’observation de nombreux oiseaux d’eau lors des migrations.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Alors que les accumulations de galets avançaient de quatre mètres par an au niveau de la Pointe du Hourdel, il semblerait que cette progression vers l’est soit actuellement atténuée depuis une décennie. Ce phénomène est également visible entre Ault et Cayeux, où les départs de galets vers le nord ne sont plus suffisamment compensés par l’arrivée de galets en provenance des falaises normandes.

Différents facteurs sont à l’origine de cette fragilisation du cordon naturel de galets. D’une part, d’importants ouvrages portuaires en Normandie (jetées de Dieppe et du Tréport notamment) bloquent la remontée naturelle des galets vers le nord, et, d’autre part, leur extraction massive, qui était pratiquée sur les littoraux normand et picard, ont réduit de manière significative le volume de galets susceptible de participer à la consolidation naturelle de notre littoral.

Ainsi, l’équilibre sédimentaire local dépend de la dynamique affectant le littoral à une échelle interrégionale.

Afin de compenser en partie le manque de matériaux normands, deux entreprises d’exploitation de galets, présentes sur le site, ont pour obligation de restituer l’équivalent des volumes qu’ils prélèvent dans la zone déficitaire en galets (au nord d’Ault).

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site est limité au sud par la ville de Cayeux-sur-mer et à l'est par des gravières, le village de Brighton, des camping et des cultures. Il englobe les levées de galets entre Cayeux-sur-mer et la Pointe du Hourdel. Il comprend également des vasières, des prés salés et des milieux dunaires. Ces habitats côtiers sont exceptionnels à l'échelle nationale et européenne. ils abritent une faune et une flore particulièrement remarquables et originales.