ZNIEFF 220004998
VALLÉE DU LIGER

(n° régional : 80VIM112)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Attenante à la vallée de la Bresle, au niveau de Sénarpont, la vallée du Liger comprend plusieurs milieux d'intérêts écologique et paysager élevés : des pelouses calcicoles, des bois de pente, des prairies humides relictuelles en fond de vallée, des secteurs bocagers (prairies mésophiles pâturées, vergers, haies) et le lit mineur du Liger.

Les coteaux s'inscrivent dans la craie argileuse du Turonien et dans la craie blanche du Coniacien, et sont globalement exposés au sud. Les pelouses calcicoles les plus remarquables se trouvent au niveau d'Inval-Boiron, du Mazis, de Saint-Aubin-Rivière, du Quesne et, sur le versant exposé au sud, de la vallée sèche de Bézencourt. La végétation est maintenue rase localement, soit par l'activité des lapins (grattis, broutage), soit par la restauration d'un pâturage ovin extensif sur le larris du Quesne. Les larris, qui ne sont plus entretenus, voient se développer des ourlets calcicoles (Centaureo nemoralis-Origanetum vulgaris) et des fourrés de recolonisation (Tamo communis-Viburnetum lantanae). D'importantes junipéraies témoignent de l'exploitation pastorale qui prévalait, dans le passé, sur ces coteaux.

Les pentes et le rebord du plateau, couverts de limons argileux rouges à silex, sont occupés par différents types de boisements comprenant des hêtraies calcicoles atlantiques du Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae, des chênaies-charmaies du Carpinion betuli, des frênaies-acéraies du Mercuriali perennis-Aceretum campestris. Plusieurs secteurs ont fait l'objet de plantations de résineux.

Le fond de vallée comprend un important ensemble de prairies mésophiles à mésohygrophiles pâturées (Cynosurion cristati, Mentho-Juncion localement), des vergers, des haies ainsi que plusieurs plantations de peupliers. Certaines prairies humides (notamment vers Sénarpont) étaient autrefois irriguées suivant un système de "flottage" périodique. Le cours du Liger s'étend selon un axe est-sud-est/ouest-nord-ouest. Il est relativement sinueux et possède un fond caillouteux. Cinq barrages cloisonnent le cours d'eau et empêchent l'amontaison des poissons. La pente élevée offre des conditions favorables au décolmatage des substrats.

Plusieurs cavités souterraines sont présentes. Il s'agit soit de galeries creusées lors de la Deuxième Guerre mondiale pour y abriter des missiles V1 allemands (les rampes de lancement étaient situées au débouché des galeries), soit d'anciennes carrières d'extraction de la craie (petites cavités). Dans le premier cas, les galeries sont vastes et profondes.

INTERET DES MILIEUX

La vallée du Liger constitue un important corridor écologique et accueille des milieux et des espèces remarquables pour la Picardie. Les pelouses-ourlets, fourrés et boisements calcicoles présentent un caractère thermocontinental, teinté d'influences submontagnardes, ce qui est particulièrement original pour le département de la Somme.

Plusieurs milieux relèvent de la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- les pelouses de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, groupement végétal rare et menacé, du fait de la disparition de l'élevage ovin en Picardie ;

- les hêtraies calcicoles atlantiques, du Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae ;

- les frênaies-acéraies neutrocalcicoles de pente (Mercuriali perennis-Aceretum campestris).

Les cavités souterraines hébergent une diversité importante de chiroptères en hivernage (huit espèces), ainsi que des effectifs importants pour plusieurs espèces, inscrites à l'annexe II de la directive "Habitats".

Le cours du Liger possède de nombreuses frayères potentielles (les frayères fonctionnelles sont très localisées). Les zones de production (succession de plats et de radiers) sont fréquentes.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Le site présente des peuplements importants d'orchidées et, de manière générale, un grand nombre d'espèces remarquables. Citons :

- la Parnassie des marais (Parnassia palustris*), espèce rare et vulnérable en Picardie ;

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), espèce méridionale, qui atteint sa limite de répartition en Picardie ;

- l'Ophrys araignée (Ophrys sphegodes*), très rare et en danger en Picardie ;

- l'Ophrys frelon (Ophrys fuciflora), espèce particulièrement rare dans le département de la Somme ;

- la Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata), espèce assez rare en Picardie ;

- l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), espèce assez rare en Picardie ;

- la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris), espèce en régression en Picardie ;

- la Globulaire ponctuée (Globularia bisnagarica), espèce assez rare en Picardie ;

- la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale), très rare en Picardie ;

- la Laîche maigre (Carex strigosa), espèce particulièrement rare dans la Somme ;

- le Calament des bois (Calamintha menthifolia), rare en Picardie ;

- l'Iris fétide (Iris foetidissima), espèce méditerranéo-atlantique, en limite d'aire.

Faune :

L'entomofaune du site est très riche, particulièrement en ce qui concerne les lépidoptères avec, notamment, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia*), espèce inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne ; la Virgule (Hesperia comma) ; la Turquoise de la Sarcille (Adsita statices) ; l'HespÈrie des Sanguisorbes (Spialia sertorius) ; l'Agreste (Hipparchia semele) ; le Petit Collier argenté (Clossiana selene) ; la Petite Violette (Clossiana dia) ; la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) et la Zygène de Carniole (Zygaena carniolica). Pour les odonates, citons le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), le Sympétrum vulgaire (Sympetrum vulgatum) et l'Agrion de Vander Linden (Cercion lindenii), espèces assez rares en Picardie.

Les chiroptères remarquables sont le Grand Murin (Myotis myotis), rare en Picardie et abondant sur le site ; le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), très rare en Picardie et abondant sur le site ; le Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini), rare à très rare en Picardie ; le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), rare en Picardie. Ces quatre espèces sont inscrites à l'annexe II de la directive "Habitats". On note aussi la présence du genre Oreillard (Plecotus sp.), genre qui comprend deux espèces, rares en Picardie.

En ce qui concerne l'avifaune, signalons la nidification de la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce menacée au niveau national et du Faucon hobereau (Falco subbuteo), nicheur assez rare en Picardie.

Les peuplements piscicoles comprennent l'Anguille (Anguilla anguilla) et la Truite fario (Salmo trutta fario).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- Les plantations de résineux, sur les versants, et de peupliers, dans le fond de vallée, sont réalisées au détriment des végétations originelles, entraînant une réduction de l'intérêt écologique du site.

- Au niveau des pelouses calcicoles abandonnées, on assiste à une évolution de la végétation pelousaire vers des ourlets denses et des fourrés arbustifs. Cette évolution spontanée constitue une menace pour la végétation remarquable des pelouses calcicoles.

- Le larris communal du Quesne est loué au Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, afin qu'il en assure la gestion. Un pâturage extensif par des moutons et des chèvres a été mis en œuvre et des travaux de déboisement et de débroussaillage ont été réalisés. Ces actions devraient permettre, à terme, de restaurer le patrimoine écologique du site.

- Des grilles ont été posées à l'entrée des cavités souterraines du Quesne et d'Inval-Boiron, afin de préserver la tranquillité des chiroptères en hivernage.

- Le manque d'entretien léger du Liger, au niveau des têtes de bassin principalement, ainsi que les pratiques agricoles, ont tendance à favoriser le colmatage des substrats (ruissellement, piétinement). Ces phénomènes sont préjudiciables aux zones de frayères. La pollution diffuse contribue à une eutrophisation des milieux tandis que le cloisonnement du Liger empêche l'amontaison des migrateurs vers les zones de frayères potentielles. Enfin, les peuplements piscicoles sont très en dessous des potentialités du milieu.

N.B. : les espèces végétales et les espèces d'insectes dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

La zone couvre la vallée du Liger (fond de la vallée et versant nord pentu) entre Hornoy-le-Bourg et la confluence avec la Bresle au niveau de Sénarpont. Les différents milieux présentent un intérêt écologique remarquable : pelouses calcicoles, hêtraies de pente, lit mineur du Liger, bocage. Le versant sud de la vallée, peu pentu, est essentiellement cultivé et n'est donc pas intégré à la zone.