ZNIEFF 220005005
RÉSEAU DE COTEAUX DE LA VALLÉE DE LA SOMME ENTRE CURLU ET CORBIE

(n° régional : 80VDS114)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site comprend un réseau de pelouses calcicoles et de boisements situé sur les versants pentus de la vallée de la Somme, ainsi que sur les versants des vallées sèches attenantes à la Somme, entre Curlu et Corbie. Les versants s'inscrivent dans les craies blanches du Coniacien, du Santonien et du Campanien inférieur.

Les différents sites se succèdent de la manière suivante, d'amont en aval :

- le coteau de Notre-Dame de Vaux, situé sur la rive droite du fleuve ;

- le coteau de Frise/Eclusier-Vaux, situé en aval de la commune de Frise ;

- le « Mont Clairon » intégrant les versants, surplombant « la Tourbière », et ceux, développés le long de la « Vallée de l'Enfer » ;

- le coteau du "Gros Mont", surplombant le « Marais du Couchant » ;

- L'ensemble de coteaux, situés sur la rive droite de la Somme entre Etinehem et Chipilly ;

- le larris situé sur le versant de la vallée sèche « du Bois Reau », attenante à la vallée de la Somme au niveau de Cerisy ;

- les coteaux du « Bois des Célestins », comprenant les bois attenants et les coteaux surplombant l'« Etang du Brache », et le « Marais Gobet » ;

- les larris relictuels, situés sur les versants des vallées sèches, au niveau des lieux-dits : "Bois de Tilloy" et "le Martimont" ;

- le vallon d'« Ornival », situé à l'ouest de Sailly-le-Sec ;

- les larris relictuels, situés sur le versant de la vallée sèche, au niveau du lieu-dit "Vallée du Bosquet Duval", à l'est de Vaux-sur-Somme ;

- les coteaux de « la Terrière » et de « la Falaise », surplombant le marais de la Barette à Corbie.

En 2015, la ZNIEFF a été étendue sur le coteau de la vallée de Péronne, à Cappy, sur une surface de 8 ha ; ainsi que sur le coteau de la petite vallée à Méricourt sur Somme attenant au bois des Câteaux sur la rive gauche, sur une surface de 4 ha

La zone comprend une mosaïque d'habitats diversifiés :

- des pelouses calcicoles rases, de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii subass. polygaletosum calcarae ;

- des pelouses calcicoles rases thermophiles, de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii subass. seselietosum montani ;

- des pelouses calcicoles rases, présentant des affinités submontagnardes de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii subass. anthericetosum ramosi ;

- des pelouses de l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii var. submontagnarde à Seseli libanotis ;

- des facies cuniculigènes à Hélianthème nummulaire (Helianthemum nummularium) et à Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens) ;

- des éboulis crayeux à Epervière tachetée (Hieracium maculatum) et à Laitue vivace (Lactuca perennis), du Leontodontion hyoseroidis, uniquement représentés sur le coteau de Frise/Eclusier-Vaux ;

- des pelouses "mobiles" à Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea*), du Rumici acetosae-Seslerietum caeruleae, uniquement représentées sur le coteau de Frise/Eclusier-Vaux ;

- des ourlets calcicoles du Centaureo nemoralis-Origanetum vulgaris, parfois sous facies de brachypodiaies denses ;

- des fourrés de recolonisation du Rubo-Prunetum mahaleb laburnetosum ;

- des prairies mésophiles calcicoles du Lolio-Cynosurion ;

- des bois de pente du Carpinion betuli.

Certains larris sont colonisés par les Genévriers communs (Juniperus communis), témoins de l'utilisation pastorale ancestrale qui était mise en œuvre sur les coteaux de la vallée de la Somme. L'évolution spontanée de la végétation vers le boisement est localement accélérée par des plantations diverses (pins, feuillus).

La zone présente également un intérêt paysager remarquable de par la nature des milieux représentés, ainsi que par le point de vue remarquable qu'offrent certains coteaux sur les marais de la vallée de la Somme.

INTERET DES MILIEUX

L'ensemble du site regroupe une grande variété de pelouses et forme un réseau de grande qualité et d'une densité importante pour la Picardie. La surface ouverte encore importante des différents coteaux et la distance assez faible entre chaque site laissent présager que les différents habitats (notamment pour les pelouses ourlets) et les populations de la plupart des espèces associées ont une bonne fonctionnalité. Les ambiances hygrophiles et submontagnardes, liées à la position des pelouses sur les versants exposés au nord de la vallée de la Somme, sont tout à fait originales. La totalité des habitats pelousaires, se rattachant à l'Avenulo pratensis-Festucetum lemanii, sont des milieux remarquables, en forte régression en Picardie et inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne. Les pelouses accueillent, notamment, de nombreuses orchidées. Les fourrés à Genévriers communs (Juniperus communis) relèvent également de la directive "Habitats".

Les éboulis crayeux, du Rumici acetosae-Seslerietum caeruleae, sont exceptionnels en Picardie et témoignent de conditions submontagnardes. Précisons que la position submontagnarde de la Seslérie bleuâtre* dans le nord de la France est particulièrement originale par rapport au reste du territoire national, où elle est thermophile.

La vallée de la Somme constitue une limite pour de nombreuses espèces thermophiles qu'on ne retrouve quasiment plus (ou en faible abondance) au nord, telles que la Globulaire ponctuée (Globularia bisnagarica) et la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris).

INTERET DES ESPECES

Flore :

Au moins neuf espèces légalement protégées ont déjà été observées sur les coteaux de la haute vallée de Somme :

- la Phalangère rameuse (Anthericum ramosum*), espèce rare en Picardie, particulièrement abondante sur le larris du "Gros Mont" mais également présente sur d'autres secteurs ;

- l'Orobanche élevée (Orobanche major*), espèce thermophile exceptionnelle en Picardie, observée sur deux secteurs ;

- le Polygala chevelu (Polygala comosa*), espèce thermophile rare en Picardie ;

- la Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea*), graminée montagnarde exceptionnelle et vulnérable en Picardie, qui se développe sur le coteau de Frise/Eclusier-Vaux ;

- l'Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa*), qui profite des conditions hygrophiles pour se développer ;

- l'Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia*), observé en 1985 dans le vallon d'Ornival ;

- le Coeloglosse vert (Coeloglossum viride*), orchidée exceptionnelle en Picardie sur le coteau de Frise/Eclusier-Vaux ;

- l'Ophrys araignée (Ophrys sphegodes*), rare et en danger en Picardie ;

- le Sisymbre couché (Sisymbrium supinum*), espèce inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats".

De nombreuses autres espèces végétales remarquables ont également été notées sur la zone : le Séséli libanotide (Seseli libanotis), présent sur la majorité des larris ; l'Ophrys frelon (Ophrys fuciflora), rare dans le département de la Somme ; l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis) ; l'Acéras homme-pendu (Orchis anthropophorum), rare et vulnérable en Picardie ; l'Orchis militaire (Orchis militaris) ; l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera) ; l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens) ; la Digitale jaune (Digitalis lutea), très rare en Picardie ; le Polygala d'Autriche (Polygala amarella), rare en Picardie ; la Prunelle laciniée (Prunella laciniata), vulnérable en Picardie

Faune :

Pour l'herpétofaune, signalons la présence de l'une des plus importantes populations de Picardie de Vipère péliade (Vipera berus)*, vulnérable sur tout le territoire national. La vipère est retrouvée sur de nombreux coteaux mais aussi sur les marais de la vallée de la Somme entre Sailly-Laurette et Bray sur Somme

En ce qui concerne l'entomofaune, plusieurs lépidoptères en régression en Picardie, et typiques des pelouses rases, ont été notés : l'Argus bleu-nacré (Polyommatus coridon), l'Azuré bleu-céleste (Polyommatus bellargus), l'Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius), l'Argus frèle (Cupido minimus).

Plusieurs coteaux accueillent également le Dectique verrucivore (Decticus verrucivore), espèce d'affinité submontagnarde en très forte régression sur les coteaux du nord de la france

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- Les pelouses ont tendance à être envahies par les hautes herbes et les broussailles, du fait de l'absence d'entretien, processus entraînant la régression des espèces héliophiles remarquables. Notons que ce phénomène est en partie ralenti par l'activité des lapins. Sur plusieurs coteaux de la vallée, une gestion est mise en œuvre par le Conservatoire d'espaces naturels de Picardie, afin de préserver et de valoriser le patrimoine naturel existant (avec restauration d'un pâturage extensif ovin et/ou caprin).

- Hors secteur géré à des fins conservatoires, les activités pastorales d'élevage ovin semble avoir quasiment disparu. En revanche, il est a noter qu'un nombre non négligeable de coteaux sont encore pâturés par des vaches et des chevaux. Ses activités permettent l'entretien des végétations ouvertes mais certains larris mériteraient de bénéficier d'un pâturage davantage extensif. L'apport d'intrants conduit à la régression, voire à la disparition des espèces oligotrophes, caractéristiques des pelouses calcicoles, telles les orchidées.

- Les plantations de résineux altèrent la flore et la végétation en place.

- La réalisation des carrières se fait aux dépens des espaces pelousaires et de leur flore et faune associées.

- Certains larris sont utilisés pour la pratique du moto-cross, ce qui tend à dénaturer le sol et la végétation en place.

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

La zone correspond au réseau de coteaux de la vallée de la Somme entre Curlu et Corbie, comprenant un ensemble de pelouses calcicoles et de boisements d'intérêt écologique élevé, de niveau européen. Les fourrés de recolonisation, les prairies mésophiles et les quelques cultures interstitielles sont laissés dans la zone pour leur intérêt fonctionnel.

En 2015, la ZNIEFF a été étendue sur le coteau de la vallée de Péronne, à Cappy, sur une surface de 8 ha ; ainsi que sur le coteau de la petite vallée à Méricourt sur Somme attenant au bois des Câteaux sur la rive gauche, sur une surface de 4 ha