ZNIEFF 220005027
MARAIS DE SAINT-SIMON

(n° régional : 02VDS103)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les marais, dits de « Saint-Simon », occupent en partie un tronçon de la vallée de la Somme mais aussi, et surtout, les vallées de petits rus affluents du fleuve. La très faible pente des fonds de vallée a conduit à l’apparition de vastes marais.

Le contexte géologique extérieur du site se résume principalement aux limons du plateau du Santerre qui recouvrent la craie blanche campanienne. Le site proprement dit repose sur des alluvions modernes tourbeuses, voire sur de la tourbe, dont les gisements atteignent localement plusieurs mètres de profondeur.

Les marais présentent une grande variété d’habitats aquatiques et amphibies :

- herbiers submergés à Cératophylle (Ceratophyllum demersum) et à divers Potamots (Potamogeton pl. sp.) ;

- herbiers nageants à Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum), du Myriophyllo-Nupharetum luteae ;

- herbiers flottants du Riccio-Lemnion trisulcae ;

- herbiers à nénuphars du Nymphaeion albae ;

- herbiers flottants fragmentaires de l’Hydrocharition morsus-ranae ;

- tremblants pionniers à Thélyptéride des marais (Thelypteris palustris) ;

- tremblants acidophiles à Laîche lisse (Carex lasiocarpa*), du Junco subnodulosi-Caricion lasiocarpae ;

- roselières des tourbes minéralisées à massette et à roseau (Phragmition) ;

- végétation des vases méso-eutrophes, temporairement exondées, du Caricion rostratae ;

- mégaphorbiaies turficoles, du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae ;

- bétulaies à Sphaignes, assimilées à des tourbières boisées ;

- saulaies-aulnaies tourbeuses de l’Alnion glutinosae ;

- aulnaies-frênaies médio-européennes de l’Alno-Padion.

En fond de vallée, des peupleraies, des fourrées denses de saules et des mégaphorbiaies eutrophes complètent l'ensemble.

Les nombreux étangs qui ouvrent le site sont issus de l’exploitation ancienne de la tourbe, pour la plupart, mais aussi du creusement d’étangs de pêche depuis quelques années.

INTERET DES MILIEUX

- Tourbières boisées du Dryopterido cristatae-Betuletum pubescentis, très rares en France.

- Tremblants acidophiles à Laîche lisse (Carex lasiocarpa*), exceptionnels en Picardie.

- Herbiers aquatiques du Riccio-Lemnion trisulcae, de l’Hydrocharition morsus-ranae, du Nymphaeion albae et du Potamion pectinati, tous en grande régression en Picardie et pour lesquels la vallée de la Somme représente un réservoir très important en terme de conservation.

- Groupements des vases exondées (à Carex pseudocyperus), relevant d’une association subcontinentale rare (Cicuto virosae-Caricetum pseudocyperi), typiques de cette partie de la vallée de la Somme mais très fragmentaires à cet endroit.

- Roselières du Thelypterido-Phragmitetum, rares à l’échelle nationale.

- Cladiaies subatlantiques, rares en Picardie.

- Mégaphorbiaies turficoles, du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae, qui sont, en Picardie, principalement localisées en vallée de la Somme.

- Systèmes boisés hygrophiles, de l’Alno-Padion et de l’Alnion glutinosae (représenté ici surtout par le Filipendulo ulmariae-Alnetum), très menacés par la régression généralisée des zones humides, par la plantation de peupliers et par l’absence de régénération des milieux.

Tous les milieux précédemment cités sont rares en Europe et inscrits, à ce titre, à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

- Grande diversité des milieux aquatiques et amphibies, remarquable dans cette région agricole.

- Roselières permettant la reproduction d’espèces animales rares.

- Etangs constituant une halte à la fois migratoire et hivernale importante pour les oiseaux d’eau.

INTERET DES ESPECES

Dans les étangs, présence d’espèces dont les populations sauvages sont vulnérables en France :

- la Lote de rivière (Lota lota) ;

- le Brochet (Esox lucius), reproducteur sur le site.

Dans les roselières et les fossés :

- le Dryoptéride à crête (Dryopteris cristata*), dont les principales populations françaises se trouvent en Picardie ;

- la Laîche lisse (Carex lasiocarpa*), en danger dans la région ;

- le Peucédan des marais (Peucedanum palustre*), rare, surtout présent dans la vallée de la Somme ;

- l’Utriculaire commune (Utricularia vulgaris*), exceptionnelle en Picardie ;

- le Sphagnum magellanicum, espèce typique des tourbières bombées ombrotrophes et qui n’est connue qu’en deux localités de Picardie ;

- l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), très localisé en Picardie ;

- le Blongios nain (Ixobrychus minutus), en danger en Europe et inscrit à la directive "Oiseaux" ;

- la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), inscrite sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Picardie.

Le marais a aujourd’hui perdu beaucoup de son intérêt patrimonial, comme en témoigne la disparition plus que probable d'Hypodryas maturna*, de Coenonympha tullia*, de Thersamolycaena dispar*, de Rumex aquaticus*, de Cicuta virosa* et de Lysimachia thyrsiflora*.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Eutrophisation des milieux aquatiques, accélérant le processus d’envasement des étangs et éliminant la flore des eaux oligotrophes, au profit d'espèces nitrophiles banales.

- Abandon de l’utilisation des marais à des fins de production, faisant disparaître certains milieux dérivant des activités humaines (roselières, cariçaies pionnières,...).

- Envahissement des roselières par les saules.

- Plantation massive de peupliers dans les prairies périphériques du marais, processus achevé aujourd’hui avec la disparition quasi-totale de ces milieux.

- Plantation des roselières en cours d’atterrissement, souvent complétée par un drainage des sites.

- Remblaiement des marais, parfois à l’aide de gravats et de déchets ménagers.

- Mitage des milieux par les habitations légères, fractionnant les milieux vitaux des vertébrés à grand territoire et générant une pollution diffuse des eaux.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les marais de Saint-Simon s'étendent sur la vallée de la Somme et sur plusieurs vallées annexes. Les milieux humides sont inclus dans le site mais les cultures en sont retirées. Quelques peupleraies périphériques, d'intérêt biologique faible, sont incluses dans une optique de fonctionnalité, pour leur rôle de site de nidification de certaines espèces d'oiseaux.