ZNIEFF 220005036
MASSIF FORESTIER DE ST-GOBAIN

(n° régional : 02LAN102)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le massif de Saint-Gobain et de Coucy-Basse occupe un fragment du plateau reposant sur la dalle structurale du Lutétien, cette dernière étant détachée du plateau principal par la vallée de l’Ailette. Cette butte constitue la limite nord du bassin tertiaire parisien. Plus au nord, s’étendent les plaines cultivées du Marlois.

Les parties les plus hautes de la forêt reposent sur les sables de Beauchamp (Auversien), affleurements très limités. Cà et là, des dépôts quaternaires de limons de plateau recouvrent les calcaires grossiers du Lutétien, lesquels structurent véritablement tout le relief du massif. A ce niveau, d’anciennes carrières souterraines de pierre s’ouvrent en plusieurs points. A la base du Lutétien, une couche discontinue d’argiles de Laon est marquée par une ligne de sources. Les pentes sont constituées de sables cuisiens, plus ou moins colluvionnés d’éléments soliflués des couches supérieures. Les sables cuisiens sont découverts sur de vastes surfaces, à l’ouest du site, en forêt de Coucy-Basse.

Les altitudes, assez importantes dans ce contexte de plaine, la variété des substrats et des expositions ainsi que les conditions mésoclimatiques et microclimatiques contrastées ont conduit à faire de ce massif une synthèse presque complète de l’essentiel des potentialités forestières du nord du Tertiaire parisien.

On y trouve :

- des chênaies-charmaies (Carpinion) ;

- des chênaies acidophiles (Quercion robori-petreae), souvent plantées de châtaigniers dans les zones plus acides ;

- des hêtraies thermophiles, du Cephalanthero-Fagion, en lisière sud ;

- des frênaies hygrophiles médio-européennes, de l’Alno-Padion, en forêt de Coucy-Basse ;

- des frênaies-érablières du Carpinion ;

- et des hêtraies submontagnardes (Lunario-Acerion), dans les pentes fortes exposées au nord.

On trouve également des milieux plus ponctuels, comme les végétations des sources calcaires incrustantes (Cratoneurion commutati), les pelouses calcaires du Mesobromion, sur les bermes des chemins et en lisière sud, ainsi que les layons forestiers hygrophiles acidophiles à neutrophiles.

INTERET DES MILIEUX

Très forte densité de milieux remarquables, inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- Galio odorati-Fagetum sylvaticae, hêtraie neutrophile précontinentale rare ;

- Hyacinthoido-Fagetum sylvaticae et Lonicero periclymeni-Fagetum sylvaticae ;

- Hordelymo europaei-Fagetum sylvaticae, très rare, présent ici sous une forme de transition subatlantique-précontinentale ;

- Fago sylvaticae-Quercetum petraeae, chênaies acidophiles sèches, présentes sur les terrains les plus décarbonatés ;

- hêtraies montagnardes du Lunario-Acerion, sous une forme particulière au Laonnois ;

- hêtraies thermophiles du Cephalanthero-Fagion, assez rares en Picardie ;

- frênaies rivulaires hygrophiles variées appartenant au Carici remotae-Fraxinetum, au Pruno padi-Fraxinetum, à l’Ulmo laevis-Fraxinetum et à l’Equiseto telmateiae-Fraxinetum, toutes rares en Picardie ;

- pelouses calcaires, relictuelles sur le site ;

- sources incrustantes relictuelles du Cratoneurion ;

- réseau de cavités souterraines important pour l’hivernage des chauves-souris.

On trouve également :

- des aulnaies marécageuses, de l’Alnion glutinosae ;

- des aulnaies à Sphaignes du Sphagno-Alnion ;

- des pelouses-ourlets du Coronillo-Brachypodietum ;

- les layons forestiers hygrophiles du Caricetum strigosae ;

- les bourbiers de pente à Chrysosplenium sp. pl. du Cardaminion amarae ;

- les falaises rocheuses de sous-bois, riches en fougères saxicoles, portant localement des groupements se rapprochant d’associations précontinentales, très rares, du Cystopteridion fragilis ;

- des groupements bryophytiques des blocs calcaires ombragés ;

- les herbiers aquatiques du Nymphaeion albae ;

- les roselières du Phragmition à Scirpe des lacs (Scirpus lacustris), à Roseau commun (Phragmites australis) et à massettes (Typha sp. pl.).

INTERET DES ESPECES

Dans les bois :

- la Prêle d’hiver (Equisetum hyemale*), très rare en Picardie ;

- la Prêle des bois (Equisetum sylvaticum*), exceptionnelle et en situation critique en Picardie ;

- le Gymnocarpion du chêne (Gymnocarpium dryopteris*), présent sur les terrains acides et ombragés ;

- la Fougère de montagne (Oreopteris limbosperma*), marquant les influences montagnardes ;

- l’Ophioglosse commune (Ophioglossum vulgatum*), fougère très discrète affectionnant les prairies ou les layons herbeux ;

- l’Aconit napel (Aconitum napellum ssp. lusitanicum*), présent le long de certains chemins ;

- la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium*), typique des bourbiers de pente ;

- le Cynoglosse d’Allemagne (Cynoglossum germanicum*), souvent dans les coupes forestières ;

- l’Orme lisse (Ulmus laevis*), dispersé dans les boisements rivulaires ;

- le Cerf élaphe (Cervus elaphus), dont d’importantes populations prospèrent en forêt ;

- le Chat forestier (Felis sylvestris), en progression ces dernières années ;

- l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), lié aux grands massifs forestiers ;

- le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), très rare dans l’Aisne ;

- le Triton crêté (Triturus cristatus), inscrit à l’annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Dans les étangs :

- la Grande Douve (Ranunculus lingua*), dans les ceintures de roselière des étangs ;

- le Pâturin des marais (Poa palustris*), difficile à observer, mêlé aux roseaux ;

- la Leucorrhine à large queue (Leucorrhinia caudalis*), très rare en France ;

- la Rainette verte (Hyla arborea), en forte régression en Picardie.

Dans les cavités :

- les Grand et Petit Rhinolophes (Rhinolophus ferrumequinum et Rhinolophus hipposideros) ;

- les Vespertilions de Bechstein (Myotis bechsteini) et à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) ;

- un Oreillard (Plecotus sp.), genre comprenant deux espèces peu fréquentes en Picardie.

Les quatre premières espèces citées sont menacées en Europe et inscrites à l’annexe II de la directive "Habitats".

Malgré sa richesse, le massif de Saint-Gobain a déjà perdu une partie de sa diversité et de sa richesse patrimoniale, comme en témoigne l’absence de mentions récentes de Carex laevigata*, d'Epipactis microphylla, de Serratula tinctoria, de Grattiola officinalis, (...) et la disparition totale de certains milieux, comme la lande, qui hébergeait le Lycopode en massue (Lycopodium clavatum). Certaines espèces restent toutefois potentielles sur le site.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Massif forestier vaste, offrant de larges zones de quiétude à la faune.

- Surfréquentation de certaines parties de la forêt, entraînant des destructions directes sur la faune, la flore et les milieux (piétinement, feux, pratique du moto-cross,...).

- Orientation de la sylviculture, sur certaines parcelles, vers des essences dont la plantation se fait au détriment des milieux existants (peupliers dans les marais de pied de pente, châtaigniers sur les sables des versants). Ces orientations répondent aux critères d’une sylviculture intégrée (adéquation stations/essences).

- Disparition complète des landes acides citées autrefois.

- Atterrissement et comblement naturel des mares, néfastes pour les populations de certains amphibiens rares.

- Disparition presque complète des pelouses calcicoles des lisières, par évolution spontanée.

- Appauvrissement des lisières calcicoles du plateau, au contact des cultures (fauchage excessif, traitements à l'aide de produits phytosanitaires).

- Protection de plusieurs cavités importantes pour l’hivernage des chauves-souris, grâce à la pose de grilles limitant la fréquentation.

N.B. : les espèces dont le nom est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site englobe tout le massif de Saint-Gobain et de Coucy-Basse, la vallée du Noirmézière, des pelouses attenantes aux bois ainsi que certaines zones interstitielles importantes pour les déplacements des grands mammifères. Les cultures sont exclues au maximum.