ZNIEFF 220005053
FORET DOMANIALE DE HEZ-FROIDMONT ET BOIS PERIPHERIQUES

(n° régional : 60CLE105)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le Massif forestier de Hez-Froidmont est inscrit sur le rebord septentrional du plateau tertiaire du Clermontois, entre le Marais de Bresle à l’ouest, la vallée du Thérain au sud et celle de la Brêche à l’est.

Le contact avec le plateau picard, au nord, s’effectue par un glacis de colluvions et de sables thanétiens jusqu’à la Brêche, en limite nord du massif.

Le découpage géomorphologique des versants génère une diversité élevée de conditions microclimatiques, en fonction des expositions des versants.

L’étagement des couches géologiques présente une séquence typique du sud de l’Oise, avec de bas en haut :

- les alluvions et colluvions, essentiellement sableux, en fond de vallée,

- les argiles sparnaciennes,

- les sables cuisiens,

- les épais calcaires lutétiens, qui structurent le plateau, localement surmontés de limons et/ou de sables résiduels.

De cette diversité géologique résulte la présence de sols diversifiés, augmentant encore la palette de conditions stationnelles, permettant la présence des milieux suivants :

- pelouses thermocalcicoles du Festuco-Anthylidetum vulnerariae en lisière sud, souvent relictuelles,

- ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei),

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion (accompagnés d'éléments du Quercion pubescentis),

- hêtraie-chênaie pédonculée xérothermocalcicole de l’Hordelymo europaei-Fagetum sylvaticae,

- boisements de Chênes sessiles (Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion, dont le Hyacinthoido non scriptae-Fagetum sylvaticae ) sur sables des versants,

- boisements de pente nord à Hêtre, Frêne, Erables, Tilleuls (Lunario redivivae-Acerion pseudoplatani),

- petits boisements frais ou humides en bas de pente : Carici remotae-Fraxinetum excelsioris, voire Equiseto telmateiae-Fraxinetum excelsioris sur suintements au niveau du contact cuisien-sparnacien,

- micro-prairies maigres sur sols siliceux, notamment en bordure des villages...

Quelques petits vergers, pâturés ou fauchés, parfois abandonnés à la friche, subsistent notamment sur les versants méridionaux. Ils constituent des vestiges de l’époque, relativement récente, où l’élevage était plus répandu, et où les buttes de Clermontois étaient un haut-lieu de l’arboriculture traditionnelle avec des vergers haute-tige, de cerisiers notamment.

Quelques étangs et mares, inscrits sur les argiles sparnaciennes, ponctuent le versant nord du massif.

INTERET DES MILIEUX

Parmi les plus remarquables, les forêts et les lisières thermocalcicoles sont des milieux menacés en Europe, et sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

De plus en plus rares et dégradés dans les plaines du Nord-Ouest de l'Europe, ils abritent de nombreuses espèces rares et menacées.

Les versants exposés au sud bénéficient d'influences méridionales permettant la présence de nombreuses espèces végétales thermophiles rares et/ou menacées.

Ce complexe de milieux forestiers connaissant toutes les expositions (contraste entre les pentes nord et sud par exemple), et d’espaces herbacés thermocalcicoles, permet l'expression d'une biodiversité très élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes.

Faune :

Parmi les oiseaux remarquables figurent :

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Pic noir (Dryocopus martius) dans les grandes hêtraies, le Pic mar (Dendrocopos medius) dans les vieilles chênaies, le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) dans les clairières.

Tous sont inscrits à l'annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

- le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca)... sont menacés en Picardie.

L’herpétofaune comprend :

- la rare Coronelle lisse (Coronella austriaca),

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), proche ici de sa limite d’aire septentrionale,

- la Vipère péliade (Vipera berus), menacée en France et en Picardie,

- le Lézard agile (Lacerta agilis) sur les ourlets calcicoles.

Mammalofaune :

- le Cerf élaphe (Cervus elaphus) fréquente occasionnellement le massif,

- la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens),

- la Martre des pins (Martes martes),

- plusieurs chiroptères rares et menacés dont les Petit et Grand Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros et Rhinolophus ferrumequinum) et le Grand Murin (Myotis myotis).

La flore comprend notamment :

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum)*,

- le Grémil bleu-rouge (Lithospermum purpuro-coeruleum*),

- la Gentiane croisette (Gentiana cruciata*),

- l’Ophrys araignée (Ophrys sphegodes*),

- le Polygale chevelu (Polygala comosa*)

- la Germandée des montagnes (Teucrium montanum*),

- l’Orchis brûlé (Orchis ustulata*),

- l’Isopyre faux-Pigamon (Isopyrum thalictroides*),

- l’Anémone fausse-Renoncule (Anemone ranunculoides),

- le Fragon petit-Houx (Ruscus aculeatus),

- le Sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum),

- l’Ail des Ours (Allium ursinum) abondant dans certains bois frais,

- l’Iris fétide (Iris foetidissima),

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens) sur les lisières thermocalcicoles,

- le Dompte-Venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria),

- l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus),

- l’Orchis militaire (Orchis militaris),

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium),

- l’Orchis singe (Orchis simia),

- l’Orchis mâle (Orchis mascula),

- l'Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis),

- l’Epipactis rouge-foncé (Epipactis atrorubens),

- la Néottie nid d'oiseau (Neottia nidus avis),

- la Pulsatille commune (Pulsatilla vulgaris),

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens),

- la Laîche digitée (Carex digitata) sur les pentes nord,

- le Céraiste nain (Cerastium pumilum).

Plusieurs lichens et bryophytes très rares, en limite septentrionale d'aire, sont également présents.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

L’absence d’entretien des dernières pelouses et des ourlets entraîne une fermeture progressive du milieu par boisement spontané, très peu contenue par l’action des lapins et des chevreuils.

Il s’en suit une banalisation biologique de ces anciens espaces ouverts originaux et précieux : quelques coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient souhaitables, en dehors de la saison de reproduction de la faune.

Le maintien d’un réseau de vieux arbres sénescents ou morts (quelques-uns à l’hectare au minimum) est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone intègrent les milieux forestiers et leurs marges (prairies, pelouses, ourlets, étangs, vergers...) les plus précieux pour les habitats, la flore et la faune.

Dans la mesure du possible, les milieux rudéralisés (cultures, milieux urbanisés...) ont été exclus.