DESCRIPTION
Le massif forestier du Haut-Bray se singularise par l'importance des milieux acides et humides, développés sur un relief tourmenté, la "Petite Suisse Beauvaisienne". Les affleurements importants de sables et grès wealdiens, au sein de l'anticlinal évidé (ou boutonnière brayonne), induisent en effet la présence de sols acides et imperméables, au niveau des argiles réfractaires qui sous-tendent une nappe.
Cette acidité est renforcée par les conditions climatiques atlantiques : précipitations élevées et nombreux jours de pluie, notamment sur les crêtes élevées (253 m au Signal de Courcelles), plus arrosées. L'origine du mot "bray" ("boue" en celte) exprime ces caractéristiques d'humidité.
Il en résulte la présence de milieux très précieux, voire uniques en Picardie, ultimes "irradiations" d'une influence atlantique bien marquée :
- landes relictuelles à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) et à Ajonc nain (Ulex minor) ;
- landes sèches fragmentaires à Ajonc nain de l’Ulici minoris-Ericetum cinerae ;
- prairies paratourbeuses acides du Juncion acutiflori ;
- pelouses sableuses hygroclines à Gaillet de Harz (Galio saxatilis-Festucetum filiformis), et à Nard raide (Nardus stricta) ;
- aulnaies à Osmonde royale et à Blechne en épi (Blechno spicant-Alnetum glutinosae) comprenant de nombreuses sphaignes ;
- aulnaies et suintements à Dorines à feuilles opposées et à feuilles alternes (Chrysosplenium oppositifolium, C. alternifolium) ;
- cariçaies (Caricetum ripario-acutiformis, Caricion rostratae), notamment près de l’Avelon ;
- chênaies sessiliflores sur sables podzoliques (Mespilo germanici-Quercetum petraeae) et chênaies pédonculées-boulaies pubescentes à Sorbier des oiseleurs et Myrtille (Sorbo aucupariae-Quercetum roboris subass. vaccinietosum myrtilli) ;
- boisements de Chênes sessiles et de bouleaux à Molinie (Querco roboris-Betuletum pubescentis) sur sables hydromorphes ;
- chênaies-charmaies acidoclines du Hyacinthoido non scriptae-Fagetum sylvaticae traitées, en taillis sous futaie.
Les activités d'élevage ont par ailleurs façonné les paysages prairiaux. Le bocage, largement anthropique, constitue un bel exemple d'adaptation aux contraintes du milieu. Il est encore assez bien conservé dans les secteurs périphériques des bois, entre Lhéraule et Armentières.
INTERET DES MILIEUX
Parmi les milieux les plus remarquables, on soulignera : les landes humides à Bruyère à quatre angles et à Ajonc nain (alliance de l'Ulicion minoris, association de l'Ulici minoris-Ericetum tetralicis) ; les prairies oligotrophes sèches (Nardo-Galion) ; les boisements acides en futaies (Quercion robori-petraeae, dont le Querco-Betuletum pubescentis molinietosum) ; les mares et les aulnaies tourbeuses acides (Alno-Ulmion, dont le Blechno-Alnetum et le Carici elongatae-Alnetum). Ces milieux sont des milieux rares et menacés en Europe, inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.
Ils abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.
Les abords de l'Avelon ou des ruisseaux comme celui des Bonshommes, comportent également des milieux intéressants, refuges pour des espèces rares. La structure bocagère est notamment favorable à l'avifaune.
Les nombreuses mares permettent la présence de remarquables populations de batraciens, quasiment sans équivalent dans la région.
Globalement, ces milieux forestiers bordés de prairies, présentant divers degrés d'acidité et d'humidité, permettent l'expression d'une biodiversité exceptionnelle en Picardie.
INTERET DES ESPECES
De nombreuses espèces végétales assez rares à exceptionnelles (et très menacées) en Picardie, sont présentes, notamment les suivantes qui sont légalement protégées :
- la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix),
- le Gaillet de Harz (Galium saxatile),
- l'Ajonc nain (Ulex minor),
- le Nard raide (Nardus stricta),
- la Laîche blanchâtre (Carex canescens)
- l’Osmonde royale (Osmunda regalis),
- la Véronique en écus (Veronica scutellata), dans les prairies humides proches de l’Avelon.
Une vingtaine d'autres espèces remarquables ont également été recensées, parmi lesquelles : la Saxifrage granulée (Saxifraga granulata) ; la Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica) ; le Dactylorhize à larges feuilles (Dactylorhiza maculata subsp. elodes) ; la Myrtille (Vaccinum myrtillus) particulièrement abondante ici ; le rare Polygale à feuilles de Serpolet (Polygala serpyllifolia) ; la Laîche allongée (Carex elongata) ; l'exceptionnel Myosotis douteux (Myosotis discolor subsp. dubia) ; le Pied-d’oiseau délicat (Ornithopus perpusillus)...
Parmi les bryophytes, plusieurs espèces sont assez rares à exceptionnelles avec notamment : Sphagnum fimbriatum, Sphagnum palustre, Sphagnum auriculatum, Polytrichum commune, Nardia scalaris, et Trichocoela tomentella...
Faune :
Parmi les oiseaux nicheurs remarquables figurent trois espèces inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne :
- le Pic noir (Dryocopus martius) ;
- le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), sur l’Avelon ;
- la Bondrée apivore (Pernis apivorus).
Plusieurs autres espèces sont également remarquables : l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola)...
Les batraciens sont également bien représentés :
- la Grenouille agile (Rana dalmatina), assez rare en Picardie, en limite d’aire septentrionale, et inscrite en annexe IV de la directive "Habitats" ;
- le Triton crêté (annexe II de la directive "Habitats" de l’Union Européenne) est présent dans les mares, de même que la Rainette verte (Hyla arborea), menacée en France ;
- le Triton alpestre (Triturus alpestris) vulnérable en France (livre rouge de la faune menacée en France).
Plusieurs espèces d’insectes remarquables ont pu être identifiées, dont le Criquet ensanglanté (Stetophima grossa), dans les prairies humides, et deux odonates : le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), assez rare en Picardie, et le Cordulegastre annelé (Cordulegaster boltonii), inscrit sur la liste rouge nationale des odonates, rare en Picardie.
S’agissant des mammifères, on note la présence de la rare Martre des pins (Martes martes).
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE
Les difficultés de l'élevage entraînent des évolutions de l'occupation du sol : des terres trop humides sont mises en culture ou boisées (peupliers, résineux...), ce qui limite leur intérêt biologique.
Une agriculture, adaptée aux particularités du Bray humide, permet de conserver et de faire vivre des paysages et des milieux de très grand intérêt patrimonial.
Cet intérêt, à la fois biologique et paysager, est complémentaire du précieux patrimoine rural et artisanal (poteries du Bray), caractéristique de l’identité brayonne et de plus en plus valorisé sur le plan touristique.
Le périmètre du site englobe les habitats forestiers et prairiaux les plus importants pour la flore et la faune. Autant que possible, les cultures et les habitations ont été exclues.