ZNIEFF 220013402
MONTAGNE DES CARRIÈRES A ORGIVAL ET PELOUSE DU MONT DU CROCQ

(n° régional : 02SOI103)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site est organisé autour de deux coteaux calcaires. L’ensemble du site repose essentiellement sur les calcaires lutétiens, particulièrement visibles dans les carrières, près de la « Ferme d’Orgeval ». Les pentes des coteaux sont assises sur les sables cuisiens, voire sur des colluvions.

Sur ces bases, des sols peu épais (rendzines), voire squelettiques, se sont développés. Les deux sites s’articulent autour d’un noyau de pelouses dans un état d’évolution assez avancé (pelouse du Mesobromion évoluant vers un ourlet du Geranion sanguinei). Seules les corniches rocheuses des fronts de taille des carrières présentent des facies jeunes, perpétuellement rajeunis par l’érosion et l’action des lapins. En périphérie des pelouses, les ourlets et les fourrés de recolonisation assurent la transition avec la forêt. Les boisements du site sont de trois natures principales : boisements thermophiles jeunes à base de bouleau ; boisements thermophiles plus âgés évoluant vers la hêtraie ; et bois de pente moins bien exposés (Carpinion betuli frais avec une forte contribution du Frêne et de l’Erable sycomore).

Le site du « Mont du Crocq » est un ancien parcours à moutons abandonné, une partie du coteau étant toujours pâturée par des bovins. L’activité principale, menée près de la « Ferme d’Orgeval », était l’exploitation de la pierre à bâtir, comme en témoignent les fronts de taille et les entrées de carrières souterraines.

INTERET DES MILIEUX

- Pelouses du Festuceto lemanii-Anthyllidetum vulnerariae, encore bien conservées mais en évolution rapide. Les pelouses sont des milieux menacés en Europe et inscrits, de ce fait, à la directive "Habitat" ;

- ourlets thermophiles du Coronillo variae-Brachypodietum pinnati, présentant un cortège d’espèces remarquables. Le milieu, en lui-même, est surtout présent dans le Tertiaire parisien et donc absent de tout le nord de la Picardie ;

- pelouses ouvertes des corniches rocheuses, milieux très menacés, ne se maintenant que sur une très petite frange des fronts de taille ;

- boisements thermophiles accueillant plusieurs espèces intéressantes ;

- cavités souterraines, propices à l’hivernage des chauves-souris, dont la plupart des espèces sont en forte régression en Picardie.

INTERET DES ESPECES

Sur les corniches rocheuses : la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), en limite nord de son aire de répartition.

Au sein des pelouses :

- l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens) et l'Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), deux orchidées assez rares dans la région ;

- le Fluoré (Colias australis), un papillon dont la chenille se nourrit sur l’Hippocrépide en ombelle ;

- le Lézard des souches (Lacerta agilis), particulièrement bien représenté dans le Soissonnais, mais rare à l’échelle de la région.

En sous-bois thermophile : l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera), assez rare en Picardie.

Présence d’un cortège de passereaux peu communs, dont la Fauvette babillarde (Sylvia curruca) et le Tarier pâtre (Saxicola torquata).

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les pelouses sont menacées par l’embroussaillement et les espèces héliophiles et thermophiles disparaissent au profit de buissons denses, à la végétation plus banale. L’érosion et le broutage par les lapins sont les seuls phénomènes qui permettent le rajeunissement de certaines parties des pelouses, et particulièrement les corniches rocheuses. L’action des lapins est vitale pour le maintien d’espèces telle que la Germandrée des montagnes. Le pâturage d’une partie de la pelouse du Mont du Crocq est également bénéfique à la flore pelousaire du site.

En l’absence d’entretien, les pelouses du site auront disparu d’ici quinze à vingt ans.

NB : Les espèces dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site regroupe deux noyaux de pelouses calcaires et leurs milieux interstitiels. Les coteaux de la vallée exposés à l'ouest, d'un moindre intérêt biologique, n'ont pas été pris en compte. Sur le plateau, les cultures intensives tranchent nettement avec les coteaux.