DESCRIPTION
La zone considérée est située à la confluence de la vallée de l’Ailette et de la vallée de l’Oise, proche ici de ses secteurs les plus larges.
Les fonds de vallées, notamment tout le « Bois d’Arblincourt », reposent sur des alluvions récentes et anciennes. Le bois est ainsi caractérisé par son inondabilité et par une forte hydromorphie des sols. Une chênaie-charmaie couvre la majeure partie du bois, mais des lambeaux de frênaie et d’aulnaie-frênaie persistent sous des formes appauvries.
L’essentiel du site se développe sur les bases des dépôts tertiaires, largement mis à jour par les pentes très faibles des versants. On trouve ainsi, du « Bois de Manicamp » au « Bois de Fêve, les sables thanétiens et les argiles et faluns du Sparnacien. Aux niveaux topographiques les plus élevés du site, on trouve des alluvions sur une ancienne terrasse de l’Oise. Sur ces sols encore assez hydromorphes, les boisements sont presque tous convertis en plantations de peupliers.
En périphérie des bois, l’essentiel des surfaces est couvert par des prairies, à la fois des pâtures mésophiles assez intensives (du Cynosurion cristati) et des prairies mésotrophes de fauche (de l’Arrhenaterion elatioris). Un réseau de haies maille encore les prairies, surtout au nord-ouest du site.
INTERET DES MILIEUX
- Forêts inondables remarquables par leur structuration (vieux chênes dominants un sous-bois clairsemé), un facies rare en Picardie ;
- fragments de forêt alluviale à base de Frêne, dont des surfaces relictuelles subsistent en vallée de l’Oise ;
- prairies de fauche de plateau, particulièrement originales, plus rares encore que les quelques prairies inondables de fauche de la vallée de l’Oise ;
- petits ruisseaux au fond graveleux, comportant des radiers non colmatés, favorables à l’ichtyofaune salmonicole et présentant une diversité intéressante de libellules ;
- prairies bordées de haies, très favorables à une avifaune remarquable dans la région.
Cet ensemble de bois, situé entre les massifs d’Ourscamp-Carlepont et de Saint-Gobain, constitue un site important pour le passage des cervidés.
INTERET DES ESPECES
Dans les bois :
- la Grenouille agile (Rana dalmatina), bien représentée dans le Tertiaire parisien, mais absente au nord ;
- le Cerf élaphe (Cervus elaphus), assez rare en Picardie, fréquent dans cette zone de passage entre les forêts d’Ourscamp et de Coucy-basse ;
- le Petit Mars changeant (Apatura ilia), lépidoptère très rare en Picardie, en dehors du sud de l’Oise et de l’Aisne.
Le long des lisières forestières, on trouve le très rare Oeillet velu (Dianthus armeria).
Dans les prairies :
- le Silaüs des prés (Silaum silaus), assez rare en Picardie, mais assez fréquent dans la moyenne vallée de l’Oise et dans ses dépendances ;
- Les Lestes dryade et sauvage (Lestes dryas et Lestes barbarus), deux libellules exceptionnelles en Picardie ;
- la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), inscrite à la directive "Oiseaux" de l’Union Européenne ;
- le Triton crêté (Triturus cristatus), en grande régression en Europe et inscrit à la directive "Habitats" ;
- la Rainette arboricole (Hyla arborea), batracien menacé en France, qui se reproduit dans les mares prairiales.
FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE
Les bois du site sont presque exclusivement voués à la populiculture, ce qui limite l’expression des potentialités écologiques de la forêt alluviale, spontanée dans le fond des vallées de cette région. Le « Bois des Rentiers » présente encore un mode d’exploitation compatible avec la préservation des espèces.
Les prairies sont peu à peu converties en cultures, ce qui en exclut les espèces animales et végétales, inféodées à ce milieu.
Les cours d’eau, qui parcourent le site, sont souvent recalibrés de façon brutale, phénomène entraînant le surcreusement de certaines berges et le colmatage des fonds en aval.
La poursuite des activités pastorales assure le maintien des milieux et des espèces prairiales.
Le site comprend une bande de bois alluviaux de part et d'autre du canal de l'Oise à l'Aisne ainsi que des petits bois en connection directe. Un noyau de prairies au Sud-Est de Manicamp est intégré pour sa valeur patrimoniale. Cette ensemble surtout forestier se distingue bien des cultures et des prairies intensives qui l'entourent.