ZNIEFF 220013422
FORÊTS DE L'ANTIQUE MASSIF DE BEINE

(n° régional : 02NOY101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Au nord de la vallée de l’Oise, près de Noyon, au-delà de la cuesta d’Ile-de-France, le plateau lutétien se termine en formant deux buttes allongées aux contours disséqués. Le site occupe les versants et le plateau de ces buttes-témoins.

Les parties hautes du site sont recouvertes par des sables de Beauchamp (Auversien), ce qui représente la limite nord de ces dépôts en Picardie. Ces affleurements sont surtout présents sur la butte située entre Noyon et Ugny-le-Gay. L’essentiel du plateau et des hauts de versant repose sur les calcaires grossiers du Lutétien. A ce niveau, d’anciennes carrières de pierre s’ouvrent en plusieurs points. A la base du Lutétien, une couche discontinue d’argiles de Laon est marquée par une ligne de sources. Les pentes sont constituées de sables cuisiens, plus ou moins colluvionnés d’éléments soliflués des couches supérieures. A l’ouest du site, les bois reposent sur des limons de plateau, assurant la transition avec les plaines cultivées du Marlois.

Sur les calcaires lutétiens, des lambeaux de pelouses calcicoles (Mesobromion) persistent au sein de fourrés et de forêts thermophiles encore jeunes (Berberidion, Cephalanthero-Fagion). Le rebord du plateau est occupé par des hêtraies bien structurées, au sous-bois clairsemé. Les versants sont couverts par des boisements de pente de différents types selon l’exposition, la pente, le degré de lessivage des sables cuisiens et la proximité des zones de sources. On trouve essentiellement :

- des chênaies-charmaies à Jacinthe (Mercurialo-Carpinenion), dans les zones calcicoles sèches ;

- des chênaies-charmaies à Chèvrefeuille (Lonicero-Carpinenion), voire des lambeaux de chênaies acidophiles (Quercion robori-petraeae), avec souvent beaucoup de châtaigniers dans les zones plus acides ;

- des frênaies, à l’aval des suintements (Alno-Padion) ;

- des frênaies-érablières fraîches, dans les pentes fortes exposées au nord (Carpinion).

Les plantations de peupliers sont abondantes dans le bois de Villequier et le bois de Frières.

INTERET DES MILIEUX

- Boisements diversifiés et vastes, habitats favorables à une faune et à une flore variées.

- Reliquats de pelouses calcaires mésoxérophiles en voie de fermeture complète, lesquelles sont inscrites, comme toutes les pelouses calcaires, à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

- Prés-bois calcicoles thermophiles, habitats d’espèces remarquables.

- Cavités souterraines importantes pour l’hivernage de chauves-souris rares en Picardie et en Europe.

- Chemins forestiers sur sables oligotrophes, milieux peu fréquents en Picardie.

- Boisements des sources et suintements (Equiseto-Fraxinetum), bien représentés dans le Tertiaire parisien et inscrits à la directive "Habitats".

- Lisières forestières, en contact avec des prairies mésophiles, où persistent parfois quelques haies, système très favorable à la faune.

Des micro-tourbières alcalines de pente se trouvaient autrefois sur les zones de suintement.

INTERET DES ESPECES

Dans les cavités :

- les Grand et Petit Rhinolophes (Rhinolophus ferrumequinum et Rhinolophus hipposideros), ainsi que le Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini) et le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), quatre espèces de chauves-souris menacées en Europe et inscrites à l’annexe II de la directive "Habitats". Le site accueille également un Oreillard (Plecotus sp.), genre comprenant deux espèces rares en Picardie.

Dans les bois :

- l’Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides), témoignant de la fraîcheur de certains vallons ;

- l’Hellébore occidental (Helleborus viridis ssp. occidentalis), assez rare en Picardie ;

- l’Ail des ours (Allium ursinum), présent dans les vallons frais près des sources ou des ruisseaux, assez rare en Picardie ;

- le Petit Mars (Apatura ilia), papillon rare en dehors des massifs boisés du Tertiaire parisien ;

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace inscrit à la directive "Oiseaux".

Dans les zones de source et de suintement :

- la Dorinne à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium), typique des bourbiers forestiers ;

- la Laîche maigre (Carex strigosa), assez rare en Picardie ;

- le Callitriche à crochets (Callitriche hamulata), très rare et vulnérable en Picardie ;

- le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii), rare en Picardie.

Le site a d'ores et déjà perdu beaucoup de sa biodiversité, comme en témoigne l’absence d’observation de Scrophularia umbrosa, de Limodorum abortivum*, de Pinguicula vulgaris*, de Carex pulicaris*, d'Oreopteris limbosperma* et d'Aconitum napellus ssp. lusitanicum*, cités anciennement par M. BOURNERIAS.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Orientation de la sylviculture vers des essences, dont la plantation se fait au détriment des milieux existants (peupliers dans les marais de pied de pente, châtaigniers sur les sables des versants), et vers des pratiques intensives (coupes à blanc, plantations monospécifiques, conversion en futaie régulière).

- Abandon des pratiques pastorales sur les pelouses calcaires et les marais de pente, qui a conduit à un embroussaillement rapide et à une disparition quasi-complète des espèces et des milieux.

- Impact des sangliers sur les zones de sources en sous-bois, qui déstructurent complètement la végétation en place.

N.B. : Les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site comprend les boisements de deux buttes tertiaires du Noyonnais s'étalant de Noyon à Tergnier. Le massif est bien délimité, tant par son insertion au milieu de cultures intensives que par le relief sur lequel il repose. Ponctuellement, des prairies mésophiles rélictuelles en lisière ont été intégrées.