DESCRIPTION
Le périmètre englobe un très vaste ensemble bocager, situé en rive droite du bassin aval du Ton, au contact des terrains du Crétacé et du Jurassique. L'ensemble de la zone est couvert par des limons lœssiques. Le substratum crayeux du Turonien ou du Cenomanien affleure rarement. La morphogenèse de certains vallons est encore très active, comme en témoignent les cicatrices fraîches de glissements argileux (solifluxion).
La rivière le Ton coule en limite nord du périmètre. Ses eaux, provenant du département des Ardennes, sont basiques. Elle forme de nombreux méandres. On note la présence de plusieurs barrages, entraînant les formations d'une zone de sédimentation ,en amont, et d'un secteur plus rhéophile, en aval.
Plusieurs ruisseaux, orientés sud-ouest/nord-est et prenant leur source sur la ligne de crête de la forêt d'Aubenton, vont se jeter dans le Ton. Ceux-ci, à pente relativement importante, présentent un fond tapissé de blocs et d'éclats de silex.
Un autre ruisseau, situé près de Landouzy-la-Cour, se dirige vers le bassin de la Serre.
Le maillage bocager apparaît inégal et semble mieux conservé dans la partie est de la zone, au contact de la forêt d'Aubenton.
Des petits bois ponctuent cette zone : sur les limons, on observe une chênaie-charmaie et, sur les banquettes de ruisseaux et du Ton, persistent des fragments de forêt alluviale.
Les prairies sont fortement pâturées et les mares de pâtures existent plus fréquemment au voisinage de la forêt d'Aubenton. Quelques-unes sont couvertes d'herbiers à Potamots.
INTERET DES MILIEUX :
Cette zone est située dans une région de transit entre le domaine atlantique et le domaine médio-européen. Ce bocage recèle donc des éléments floristiques appartenant à ces deux secteurs phytogéographiques.
L'étendue du bocage fait de cette zone un élément remarquable à l'échelle de la Picardie. D'autres secteurs de bocage existent en Thiérache, mais l'intérêt de celui-ci réside dans la présence de milieux devenus rares en Picardie, du fait des pratiques agricoles mises en œuvre depuis plusieurs décennies.
La rivière le Ton, qui présente les caractéristiques théoriques de la zone à Truite, limite cette zone au nord, sur une longueur de vingt-cinq kilomètres.
On observe :
- une aulnaie-frênaie, sur les banquettes du Ton, dont certains fragments sont bien conservés ;
- plusieurs ruisseaux typiques de la zone de frayère de la Truite, avec plus de quinze kilomètres de développement, phénomène remarquable à l'échelle de la Picardie, compte tenu du processus d'altération qu'a connu ce type de ruisseaux depuis une trentaine d'années ;
- de nombreuses mares de pâtures, avec les végétations aquatiques typiques ;
- des boisements alluviaux des banquettes de ruisseaux ;
- des zones de sources avec formations de micro-marais sur argiles, habitats d'une plante protégée
- de nombreuses haies de différentes classes d'âge ;
- de nombreux gros arbres de pâture ;
- de nombreux arbres fruitiers hauts de tiges, avec possibilités importantes de nidification pour l'avifaune des trous d'arbres ;
- des prairies mésophiles, présentant ponctuellement des zones plus hygromorphes, avec cortège floristique appartenant au Calthion et présence d'espèces végétales en déclin, du fait de la disparition de ce type de prairies ;
- des boisements éclatés, appartenant à la chênaie-charmaie, où se développent desespèces protégées.
L'ensemble de ces milieux est à l'origine de la richesse patrimoniale de la zone.
INTERET DES ESPECES
La rivière le Ton présente une grande diversité faunistique (poissons, macro-invertébrés aquatiques).
Le Vairon (Phoxinus phoxinus) et le Chabot (Cottus gobio) sont très abondants. On note aussi la présence de la Lamproie de Planer (Lampetra planeri), espèce inscrite à la directive "Habitats" de l'Union Européenne ; du Goujon (Gobio gobio) et de la Lote de rivière (Lota lota). Ces espèces sont assez sensibles aux altérations portées à leurs milieux et sont, de ce fait, des indicateurs précieux permettant de situer la valeur halieutique d'une rivière.
Les ruisseaux se jetant dans le Ton présentent de bonnes caractéristiques faunistiques de la zone amont de la Truite (Salmo truita fario).
Présence d'espèces végétales protégées :
- la Raiponce noire (Phyteuma nigrum*),
- la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium*)
On rencontre également d'autres plantes peu fréquentes en Picardie :
- la Renouée bistorte (Polygonum bistorta),
- le Scorsonère humble (Scorzonera humilis),
- l'Hellébore atlantique (Helleborus viridis),
- la Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium),
- l'Orme des montagnes (Ulmus glabra).
Nous sommes ici en limite ouest de la répartition de la Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta) et de l'Hellébore atlantique (Helleborus viridis).
L'avifaune possède plusieurs espèces en déclin, étant donné la disparition de leur habitat : la Pie-grièche écorcheur, le Rougequeue à front blanc, le Cincle plongeur, le Martin-pêcheur et le Pic mar.
Les rapaces sont assez nombreux.
FACTEURS INFLUENCANT l'EVOLUTION DE LA ZONE
Les différents barrages implantés le long du Ton sont sources d'altérations, par effet de cloisonnement du peuplement piscicole. Ils sont certainement à l'origine d'une forte diversité ichtyologique, qui traduit un déséquilibre par rapport aux espèces théoriques de la zone à Truite. La tendance à la sédimentation des zones situées en amont des barrages constitue l'élément le plus repérable au niveau du lit mineur. Ce processus tend à exclure la faune rhéophile.
L'érosion des sols est assez limitée à l'intérieur du périmètre. On note localement des apports de lisier, par ruissellement direct ou diffus, au niveau des petites zones humides situées le long des ruisseaux.
Les zones de frayères de la Truite et des espèces associées sont graduellement colmatées par le piétinement excessif des bovins.
L'absence de renouvellement du réseau de haies, de vergers et d'arbres de pâture engendre l'érosion graduelle de la diversité biologique du territoire. L'apport d'engrais, répandus de façon régulière, tend à homogénéiser la composition floristique des prairies. Les espèces des sols oligotrophes (sols pauvres en nutriments) sont progressivement exclues du cortège floristique des prairies.
La mise en culture, essentiellement pour le maïs fourrage, hypothèque lourdement les potentialités biologiques de certains secteurs du terroir.
N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.
Le périmètre englobe le cours aval de la rivière le Ton ainsi que les pentes situées sur sa rive gauche.