ZNIEFF 220013437
FORET DU VAL SAINT PIERRE (PARTIE SUD)

(n° régional : 02THI113)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Cette ZNIEFF est principalement formée d'une vaste forêt implantée dans un secteur de plateau céréalier, entre la rivière la Serre et la Brune.

Le substratum, constitué de la craie du Turonien, détermine un relief relativement peu marqué. La craie affleure rarement et est recouverte par d'importants dépôts limoneux lœssiques.

La chênaie-charmaie constitue la plus grande partie de la forêt de plateau, alors que la frênaie est mieux représentée dans les petits vallons.

La limite nord-ouest de la zone est soulignée par plusieurs petits étangs récents et relativement artificialisés.

Une zone de culture et quelques éléments de bocage ceinturent la forêt domaniale du val Saint-Pierre.

Cette forêt est peut-être issue du réseau de forêts de défense datant du moyen âge

INTERET DES MILIEUX

Cette forêt est essentiellement constituée d'une chênaie-charmaie à Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta), milieu relativement fréquent en Picardie. Ceci ne doit cependant pas cacher que cette forêt présente une certaine importance phytogéographique, du fait de sa situation à proximité de la limite est de répartition de la Jacinthe. Ainsi, cette plante est apparemment très peu représentée à quelques kilomètres au nord-est, dans la forêt d'Aubenton. Par-contre la Jacinthe est ici très abondante. Cette forêt appartient clairement au domaine atlantique. Pourtant certains éléments floristiques d'origine subcontinentale viennent s'y mêler. C'est le cas de la Raiponce noire (Phyteuma nigrum*). Cette forêt constitue donc un lieu de confluence de différentes aires phytogéographiques et, à ce titre, constitue un élément important au plan phytosociologique régional.

Les petits vallons à atmosphère un peu plus fraîche permettent le développement d'une strate de fougères parfois assez dense. Ce type d'ambiance forestière, rappelant les forêts plus continentales, est peu fréquent dans la région.

Les zones plus calcaricoles permettent le développement d'une chênaie-frênaie enrichie en Ormes des montagnes (Ulmus montana).

Des éléments de forêt, à rapprocher des frênaies alluviales, sont implantés dans les fonds les plus frais. L'Aulne y est souvent abondant.

Cette vaste surface boisée, dans un secteur de grande culture agricole, représente un élément remarquable à l'échelle de la Picardie. L'ensemble présente globalement un caractère assez homogène, bien que, ponctuellement, des petites variantes puissent être observées (cas des bourbiers ou des micro-suintements...).

L'étendue de ce type de boisement est un élément indispensable pour l'établissement de certains éléments faunistiques : rapaces, pics et chauves-souris.

Les petits étangs permettent l'implantation d'une petite population d'oiseaux aquatiques.

INTERET DES ESPECES

L'intérêt floristique est limité par l'étendue des limons, à l'origine d'une certaine homogénéité des formations forestières et associées. On observe quelques stations de Raiponce noire (Phyteuma nigrum*), espèce protégée et de répartition médio-européenne et, ici, sur ses limites ouest de répartition. Plusieurs espèces végétales, rares en Picardie, sont aussi observées :

- le Séneçon de Fuchs (Senecio ovatus ssp.fuchsii),

- la Renouée bistorte (Polygonum bistorta),

- le Polystic à aiguillons (Polysticum aculeatum),

- le Dryoptéride de Borrer (Dryopteris affinis borreri).

Ces plantes traduisent ici le caractère plus froid du secteur.

La Jacinthe (Hyacinthoides non scripta), autre plante intéressante de cette ZNIEFF, pousse en abondance mais est proche de sa limite ouest de répartition. En fait, il s'agit vraisemblablement d'une des dernières stations vers l'est dans laquelle la Jacinthe est très abondante. Cette espèce est l'un des indicateurs principaux servant à définir le domaine phytogéographique atlantique. L'Hellébore occidentale (Hellebore viridis ssp. occidentalis) représente un autre élément caractéristique du domaine atlantique, stricto sensu . Cette plante devient, tout comme la Jacinthe, très rare quelques kilomètres plus à l'est, dans le département des Ardennes. La Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium), espèce à tendance atlantique et localisée en Picardie, est observée en quelques points le long d'ornières forestières.

Plusieurs espèces de mammifères rares en Picardie sont notées :

- le Muscardin, dont l'habitat principal est constitué de ronciers et de végétation des coupes forestières ;

- l'Oreillard commun (Plecotus auritus) ;

- le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus).

Cette dernière espèce est inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Deux espèces de batraciens rares en Picardie sont notées : la Rainette verte (Hyla arborea) et le Pelodyte ponctué (Pelodytes punctatus). Ces deux espèces ont connu, à l'échelle du pays, une importante réduction d'effectif de leurs populations.

L'avifaune possède aussi plusieurs espèces rares au niveau picard. Il s'agit principalement du Pic mar (Dendrocopos medius), de l'Autour (Accipiter gentilis), de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et du Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).

FACTEURS INFLUENCANT l'EVOLUTION DE LA ZONE

Les facteurs principaux d'évolution de la zone sont liés aux pratiques forestières. La taillis sous futaie semble plus favorable à la diversité biologique.

On constate actuellement une conversion de la forêt en futaie régulière. Cette mutation est précédée de coupes rases, suivies de plantations. Ce mode de gestion est généralement considéré comme moins favorable à l'établissement, à long terme, d'une biodiversité de qualité.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Vaste forêt isolée au milieu du plateau céréalier et représentative des potentialités forestières de cette région.