ZNIEFF 220013439
VALLÉE DE L'OISE À L'AVAL DE GUISE, CÔTE SAINTE CLAIRE ET BOIS DE LESQUIELLES-SAINT-GERMAIN

(n° régional : 02THI107)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le périmètre est constitué d'un tronçon de la vallée de la rivière Oise, situé en aval de Guise, et d'un vallon situé en rive droite de cette rivière (vallon de Lesquielles).

L'Oise a un cours relativement sinueux et effectue successivement un virage important vers le nord, à la hauteur de Guise, puis oblique vers le sud-ouest. La pente de 1,3 pour mille est relativement modeste.

La pente du versant situé en rive gauche est relativement forte. Le substratum est constitué de la craie du Turonien et le fond de la vallée est recouvert d'alluvions modernes.

Les prairies pâturées apparaissent comme l'élément le plus structurant de ce paysage de vallée bocagère. Les pentes de la rive gauche sont en grande partie boisées de feuillus. Des étangs ont été implantés dans le lit majeur, en aval de Guise.

Le vallon de Lesquielles, en rive droite de l'Oise, est couvert essentiellement de boisements de feuillus. Le substratum est constitué de débris centimétriques, issus de la craie et enrichis en blocs de silex. La pente est relativement forte et s'étend sur une hauteur d'environ quarante mètres.

L'activité sylvicole actuelle semble peu marquante. Un écoulement temporaire, vraisemblablement important à certains moments de l'année, souligne le bas de la côte. Un captage d'eau potable est implanté dans la partie ouest de la zone. Le haut du plateau est occupé par quelques prairies pâturées et, surtout, par une vaste zone céréalière.

La hêtraie-charmaie ou la chênaie-charmaie à Jacinthe sont dominantes dans l'ensemble des boisements, alors que le lit majeur de l'Oise est occupé par des prairies pâturées formant un paysage bocager très ouvert.

INTERETS DES MILIEUX

La végétation forestière présente des combinaisons de plantes à caractère montagnard et de plantes d'origine atlantique. La Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta), espèce caractéristique du domaine atlantique y est relativement abondante. Elle se situe ici proche de sa limite nord-est de répartition. La végétation présente toutefois de nombreux indices de pénétration de la flore médio-européenne.

On note l'abondance de trois espèces d'érables, phénomène rarement rencontré en Picardie. La valeur patrimoniale des bois est liée à la juxtaposition de plusieurs types forestiers. Les plus remarquables sont l'érablière de pente (du Lunario-Acerion), dont un bel ensemble en exposition nord est situé au nord du lieu-dit le Paradis, à Vadencourt. Ces boisements d'affinités montagnardes sont très rares en région picarde. La frênaie-charmaie de fond de vallon est relativement caractéristique et possède une flore diversifiée.

Les affinités montagnardes du site, favorisées par la migration d’espèces en provenance des Ardennes, le long du couloir de la vallée de l’Oise, était mises en évidence de façon remarquable par le passé. Le méandre accueillait en effet une tourbière au caractère boréo-montagnard accusé, unique en France (présence de Ledum palustre), et dont les traces ont été retrouvées dans un herbier.

Le taillis calcicole à tendance thermophile, qui, localement, est peut-être dérivé d'anciennes zones pâturées, possède une flore remarquable. L'importance du Buis (Buxus sempervirens) à l'état spontané, particulièrement sur l'éperon de la « Ferme de Robbé » et à mi-pente des bois du vallon de Lesquielles (« Bois des Fonds »), est un élément d'une très grande importance aux plans phytogéographique et patrimonial. Ce type de boisement est extrêmement rare dans la moitié nord de la France et trouve sa limite dans le sud de la Belgique.

La vallée de l'Oise est constituée en grande partie de milieux bocagers. Plusieurs pièces d'eau, implantées probablement à des fins cynégétiques, ont un effet attractif sur l'avifaune migratrice (limicoles, anatidés).

L'Oise présente un courant encore assez rapide, avec fond constitué de graviers, mais on note une propension à constituer des zones de dépôts. Ceci correspond aux caractéristiques de la zone à Barbeau, avec une tendance vers le passage vers la zone à Brème. Les tronçons de rivière de la zone à Barbeau sont des milieux peu fréquents en Picardie. Leurs caractéristiques physiques et chimiques tendent à être modifiées par des altérations diverses. La diversité d'habitats est à l'origine d'un peuplement piscicole varié.

INTERETS DES ESPECES

Trois espèces d'Erables sont répertoriées :

- l'Erable sycomore (Acer pseudoplatanus),

- l'Erable champêtre (Acer campestre),

- l'Erable plane (Acer platanoides).

On remarque également la présence de plantes à caractère montagnard telles que le Sureau à grappes (Sambucus racemosus) et l'Anémone fausse-renoncule (Anemone ranunculoides) .

L'ambiance froide de l'érablière de pente est renforcée par la présence de plusieurs fougères :

- le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) ;

- le Polystic à soies (Polystichum setiferum) ;

- la Doradille scolopendre (Asplenium scolopendrium) ;

- la Corydale solide (Corydalis solida), poussant ici en abondance.

Présence d'une station très étendue de la Nivéole (Leucojum vernum*), plante à tendance montagnarde, localisée à l'est de la France et qui est ici située à proximité de sa limite nord-ouest de répartition en France.

De beaux peuplements de Buis (Buxus sempervirens) sont des témoins de la végétation d'une époque climatique différente. Le Buis est extrêmement rare en Picardie à l'état spontané.

La végétation calcaricole est marquée par la présence du Dompte-venin (Vincetoxicum officinale) et de la Laîche digitée (Carex digitata), rares dans le nord du département de l'Aisne.

L'abondance de la Jacinthe (Hyacintoides non-scripta), associée à un cortège de plantes montagnardes, confère à ce site une grande originalité au plan phytosociologique. La flore exprime le fait que la région est située à la confluence de différentes aires botaniques actuelles.

Le site abrite plusieurs espèces de chauves-souris, dont une inscrite à la directive "Habitats" de l'Union Européenne : le Grand Murin (Myotis myotis).

Présence d'un peuplement ichtyologique de grand intérêt, en raison du nombre important d'espèces présentes, dont plusieurs inscrites à la directive "Habitats" :

- la Lamproie de Planer (Lampetra planeri),

- la Loche de rivière (Cobitis taenia),

- le Chabot (Cottus gobio).

- le Barbeau fluviatile (Barbus barbus), dont l'abondance est une caractéristique importante de ce peuplement aquacole.

On note enfin la présence de Potamenthus luteus, éphémèroptère à tendance potamophile, en voie de raréfaction dans de nombreuses rivières de France.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

L'impact de la sylviculture est, en l'état actuel, relativement modéré bien que quelques coupes rases soient notées. Des alignements de piquets de parc indiquent clairement que la côte de la ferme de Robbé était pâturée par le passé. Ce milieu ,probablement en parcours à bétail autrefois, est aujourd'hui constitué d'un boisement calcicole relativement jeune dans lequel persistent quelques pieds de Buis. Le piégeage des carnivores est relativement développé dans cette zone et plus particulièrement dans « Bois des Fonds ». L'implantation de petits étangs dans le lit majeur de l'Oise permet le stationnement de Canards et Limicoles mais a été réalisée aux dépens des milieux prairiaux alluviaux. L'activité cynégétique semble importante sur ces pièces d'eau.

L'apport de polluants, par rejets directs ou diffus, venant en partie de la ville de Guise mais aussi du bassin amont, altère les potentialités piscicoles et, plus largement, faunistiques de cette rivière.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe un secteur de la vallée de l'Oise ainsi qu'un vallon et ses bordures. Cet ensemble renferme des habitats et des espèces remarquables au plan régional.