ZNIEFF 220013447
BOCAGE DU FRANC-BERTIN ET HAUTE VALLEE DE LA SERRE

(n° régional : 02THI115)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Cet ensemble bocager et prairial est situé en Thiérache, en limite du département des Ardennes et en tête du bassin de la rivière la Serre. La zone est bordée, à l'ouest et au sud-ouest, par d'importantes cultures céréalières et, à l'est, (dans le département des Ardennes) par la forêt d'Estremont.

Les prairies pâturées couvrent de grandes surfaces et possèdent de nombreuses mares, généralement de petite taille, dont certaines s'assèchent durant les étés secs.

Les prairies de fauche sont probablement dérivées d'un système d'exploitation herbager alternant, de façon irrégulière, la fauche de printemps et un pâturage léger tardif.

Plusieurs vallons modèlent ce relief argileux. Les boisements sont globalement de petites dimensions.

INTERET DES MILIEUX

Présence de prairies de fauche irrégulièrement amendées, hébergeant un nombre important de taxons et exprimant les influences du domaine subcontinental. Ces prairies sont uniques en Picardie et se rapprochent de celles des systèmes continentaux et montagnards.

Les boisements sont à rattacher à la chênaie-charmaie, avec cortège d'espèces atlantiques et montagnardes. De nombreux indicateurs floristiques expriment remarquablement ce carrefour phytogéographique entre le subatlantique, le subcontinental et le submontagnard. La présence de la Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta), située ici en limite de répartition, le confirme. Elle est encore présente à l'intérieur du périmètre, mais sa disparition est quasi-absolue et brutale, à quelques kilomètres à l'est de cette zone.

Des éléments de l'aulnaie-frênaie de pente et fond de vallon sont présents avec suintements et écoulements superficiels sur argile. Ce type de boisement, souvent converti en peupleraie, tend à disparaître. Ces milieux suintants sont des gîtes larvaires spécifiques pour certains macro-invertébrés.

Des banquettes limoneuses, du cours supérieur de la Serre et de ses affluents, forment un complexe de milieux aquatiques correspondant à la zone à Truite. Ce type de milieu est relativement rare en Picardie.

Dans les zones de sources, avec formation de bourbiers, on peut observer la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium*), une espèce végétale protégée. Ces milieux sont peu fréquents en Picardie mais bien représentés en Thiérache.

Les banquettes limono-sablonneuses de la Serre sont remarquables, en raison de la présence de plusieurs espèces végétales rares et confinées à cet habitat.

On note enfin un bel ensemble bocager, milieu indispensable pour plusieurs espèces d'oiseaux rares en Picardie. Les nombreuses mares de pâtures offrent des lieux de ponte aux batraciens.

INTERET DES ESPECES

Cortège important d'espèces végétales rares à l'échelle de la Picardie, constitué d'une combinaison d'espèces atlantiques et d'espèces à affinités continentales à submontagnardes, dont plusieurs sont protégées :

- la Nivéole (Leucojum vernum*) ;

- la Raiponce noire (Phyteuma nigrum*) ;

- la Dorine à feuilles alternes (Chrysoplenium alternifolium*) ;

- la Gagée des bois (Gagea lutea*), dont seules deux stations sont connues à ce jour en Picardie) ;

- le Coeloglosse vert (Coeloglossum viridis*) ;

- l'Anémone fausse-renoncule (Anemona ranunculoides) ;

- le Carvi officinal (Carum carvi) ;

- la Renouée bistorte (Polygonum bistorta) ;

- la Jacinthe des bois, en limite est de sa répartition optimale.

Ces espèces ne sont pas confinées à un seul compartiment de la zone. Elles concernent les bois, les ruisseaux, les banquettes alluviales, les suintements et les prairies. Les éléments floristiques remarquables sont donc dispersés sur l'ensemble de la zone.

Présence d'une faune de macro-invertébrés assez diversifiée avec, notamment, l'Hémérobe aquatique (Osmylus fulvicephalus), névroptère rare en Picardie et dans une grande partie du bassin Parisien, de Torleya major, éphéméroptère peu fréquent dans la moitié nord de la France et recherchant les ruisseaux basiques.

Des espèces sont caractéristiques des ruisselets frais, pas ou peu pollués : la Truite fario (Trutta trutta fario) et le Chabot (Cottus gobio), ce dernier étant inscrit à la directive "Habitats" de l'Union Européenne :.

L'avifaune, assez diversifiée, présente une grande valeur patrimoniale régionale, en raison de la présence de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), de la Pie-grièche grise (Lanius excubitor), du Faucon hobereau (Falco subbuteo), de la Bondrée (Pernis apivorus), du Pic noir (Dryocopus martius). Toutes ces espèces sont rares ou localisées en Picardie.

Le Nacré de la Sanguisorbe (Brenthis ino), papillon des prairies humides présent ici, devient de plus en plus rare en Picardie.

FACTEUR INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Les amendements répétés régulièrement sont à l'origine d'une certaine homogénéisation de la composition floristique des prairies destinées à la fauche de printemps. La persistance, jusqu'à ce jour, d'îlots de prairies avec un cortège floristique remarquable semble liée à une certaine irrégularité, en fréquence et en intensité, des amendements.

Les plantations de peupliers et de résineux, modérées en étendue, sont à l'origine de perturbations de certains micro-milieux, comme les petites sources et les fonds de vallons, anciennement en prairies marécageuses.

Le vieillissement des arbres fruitiers de pâtures, autrefois destinés à la production de cidre, laisse entrevoir une réduction des effectifs et de la diversité de l'avifaune, liée à ces arbres et à leurs cicatrices (trous).

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe une zone bocagère bien individualisée et limitée à l'Ouest par les cultures et à l'Est par la forêt d'Estremont dans le département des Ardennes.