ZNIEFF 220013466
BOIS DES BUTTES ET MARAIS DE LIGNY

(n° régional : 02CHP108)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Cette zone est située en bordure orientale du plateau tertiaire de l'Ile de France et au contact de la plaine de la Champagne crayeuse. Le substratum est constitué pour, l'essentiel, des sables siliceux du Thanétien.

Cette ZNIEFF est constituée d'une petite butte, surmontée par des lambeaux de l'Yprésien et d'une zone basse. La butte présente de très nombreuses traces des combats de la Première Guerre mondiale, le sol étant partout profondément bouleversé. La zone basse est couverte par des sables siliceux. La craie sous-jacente apparaît ponctuellement sur les points bas et sur les marges.

Une forêt acidocline couvre une grande partie de ce site. Des fragments de landes acidoclines apparaissent localement. Dans les ravins artificiels issus des combats se développent des peuplements de Fougères, constitués ,pour l'essentiel, de la Dryoptéride dilatée (Dryopteris dilatata). Le peuplement de Chênes présente des caractères nettement hybrides, avec le Chêne pubescent. Les formations boisées des sols frais et acides se développent sur les parties basses dont le Cerisier à grappes (Prunus padus) est un élément constant.

Le contact de la craie permet le développement d'éléments des marais alcalins. La végétation d'un petit étang d'origine récente et de ses abords, traduit bien ce fait. On y observe d'importants herbiers de Charas sp..

Des plantations de peupliers sont constatées en différents endroits des niveaux inférieurs de la zone.

INTERET DES MILIEUX

Présence d'un cortège floristique de la chênaie acidocline relativement bien typé. Les pelouses acidoclines sont de faible étendue mais recèlent une flore diversifiée et rare à l'échelle régionale.

Le peuplement de Cerisier à grappe (Prunus padus), caractéristique des forêts fraîches du Laonnois, est remarquable par sa densité. Ce type de boisement est peu fréquent en Picardie et tend à se raréfier fortement, quelques kilomètres plus à l'est.

Ce site comporte aussi, sur ses niveaux les plus bas, des éléments floristiques appartenant aux marais alcalins. Ils sont localisés au lieu dit les « Marais de Ligny ». Ces milieux sont généralement en voie d'altération profonde dans de nombreux secteurs de la moitié nord de la France.

INTERET DES ESPECES

Cette ZNIEFF abrite quatre espèces protégées :

- le Potamot rougeâtre (Potamogeton coloratus*),

- la Véronique à écusson (Veronica scutellata*),

- la Germandrée scordium (Teucrium scordium*),

- l'Armerie faux-plantain (Armeria arenaria*).

Les trois premières sont rencontrées sur les fragments de bas marais alcalins et dans les pièces d'eau associées.

Le cortège des marais basiques est enrichi par :

- la Samole de Valerandus (Samolus valerandi), petite espèce des sols nus et humides qui, ici, forme localement de grandes colonies ;

- quelques pieds de Marisque (Cladium mariscus), du Scirpe de Tabermaemontanus (Scirpus tabernaemontani), d'un peuplement dense d'Utriculaire citrine (Utricularia australis). Ces espèces sont généralement rares à l'échelle de la Picardie.

L'Armérie faux-plantain (Armeria arenaria*) est observée sur les pelouses sableuses en compagnie de la Véronique en épis (Veronica spicata). Les pelouses les plus siliceuses sont colonisées par le Carex arenaria. Elles sont, pour l'essentiel, localisées aux espaces dégagés tels les bords de chemins, les bords de routes et les espaces décapés par les lapins.

Les forêts recèlent aussi de belles stations d'espèces rares et menacées en Picardie : la Mélique penchée (Melica nutans) et la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia). Elles accueillent aussi, en abondance, la Luzule de Forster (Luzula forsteri), espèce caractéristique des forêts légèrement acides. Le cortège des silicicoles est complété par la présence de la Bruyère commune (Calluna vulgaris), qui forme de petites landes, et du Maianthème à deux feuilles (Maianthemum bifolium), localement abondant sous la chênaie âgée.

L'odonatofaune est assez diversifiée avec une petite population d'Orthetrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) et d'Agrion à longs cercoïdes (Coenagrion lindenii). Ces deux espèces sont rares en Picardie. L'Orthetrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) est très localisée dans la moitié nord de la France, du fait de la rareté et de la fragilité de son habitat. Celui-ci est, le plus souvent, constitué de micro-milieux aquatiques stagnants ou suintants.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

L'ensemble de la zone, et plus particulièrement le « Bois des Buttes », a été soumis, durant la Première Guerre mondiale à d'importants bombardements et le sol a été totalement bouleversé La dynamique végétale actuelle est probablement affectée par cet épisode.

Des fossés implantés dans un passé relativement proche contribuent à assécher les parties basses de la zone. Leur implantation a été suivie de plantations de peupliers avec, pour conséquence, une modification de la flore, et la disparition progressive des espèces caractéristiques des bas-marais alcalins, au profit des espèces nitrophiles comme Cirsium palustre et Symphytum officinale. Il s'ensuit un appauvrissement patrimonial, en raison de la disparition ou de la régression des populations des espèces rares à l'échelle régionale.

Le mode de gestion de la chênaie acidocline en taillis sous futaie représente une option favorable à la biodiversité.

N.B. : Les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe un îlot boisé du tertiaire.