ZNIEFF 220013468
FORÊT DE SAMOUSSY ET BOIS DE MARCHAIS

(n° régional : 02CHP101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La « Forêt de Samoussy » et le « Bois de Marchais » se situent à la confluence des régions naturelles du Laonnois, du Marlois et de la Champagne picarde, à laquelle ils sont rattachés par la géologie.

Ils reposent sur la craie sénonienne, elle-même couverte sur une grande surface par des dépôts quaternaires peu profonds de sables de Sissonne. Dans la partie nord du « Bois de Samoussy », ces sables sont plus épais. Le massif est coupé en deux par une dépression tourbeuse, parallèle à la D 977. Si le "Gros marais", à Samoussy, a perdu l’essentiel de son caractère tourbeux, les prairies au sud de Gizy le conservent.

Les milieux forestiers dominants sont :

- la chênaie-charmaie calcicole (Mercurialo-Carpinenion), sur la craie affleurante ;

- la chênaie-charmaie acidocline (Lonicero-Carpinenion), sur sables et limons ;

- la chênaie acidophile (Quercion robori-petraeae), sur les sables décalcifiés ;

- l’aulnaie-frênaie (Alno-Padion), dans les dépressions humides.

Des pelouses calcaires (Mesobromion) se maintiennent au nord-est, autour de l’ancien terrain d’aviation, tandis que des pelouses acidophiles à Carex arenaria (Violion caninae) se développent dans les coupes forestières et le long des chemins sableux. Des lisières thermophiles (Geranion sanguinei, Teucrion scorodoniae et Trifolion medii) peuvent prendre, çà et là, une certaine ampleur.

Au sein de la forêt, des dépressions plus accusées restent en eau une bonne partie de l’année et des végétations aquatiques et amphibies se développent :

- stades pionniers à Characées (Charetea fragilis) ;

- végétation flottante du Riccio-Lemnion trisulcae et de l’Hydrocharition morsi-ranae ;

- végétation des vasques exondables de l’Oenanthion aquaticae ;

- végétation des eaux mésotrophes du Sparganio-Glycerion.

Autour des mares et des dépressions, ou bien encore en périphérie des prairies, se trouvent des mégaphorbiaies du Thalictro-Filipendulion. On trouve également des fragments de lande tourbeuse de l’Ericion tetralicis.

Enfin, les prairies paratourbeuses oligo-mésotrophes de Gizy sont à rattacher au Molinion (presque disparu sur le site).

INTERET DES MILIEUX

- Herbiers aquatiques à Characées, inscrits à la directive "Habitats"de l'Union Européenne ;

- herbiers flottants des eaux oligo-mésotrophes (Riccio-Lemnion trisulcae et Hydrocharition morsi-ranae), hébergeant des espèces rares et protégées ;

- vasques exondables du Rorippo-Oenanthetum, devenues rares en Picardie ;

- prairies paratourbeuses oligo-mésotrophes à Choin noirâtre (Schoenus nigricans), très rares en Picardie et en grande régression dans le nord de la France ;

- pelouses calcicoles sablo-calcaires (Koelerio-Phleion phleioidis), rares dans la région, fragmentaires sur le site ;

- pelouses silicicoles à Laîche des sables (Carex arenaria), en régression ;

- ourlets calcicoles thermophiles, devenus rarissimes en Picardie, habitats d’espèces rares ;

- landes tourbeuses humides, fragmentaires, très rares en Picardie ;

- aulnaies-frênaies médio-européennes, inscrites à la directive "Habitats" ;

- massif forestier vaste, permettant à des vertébrés à grand territoire de s’établir.

INTERET DES ESPECES

Dans les pelouses et les ourlets thermophiles :

- l’Anémone sauvage (Anemone sylvestris*), menacée en France ;

- la Gentiane croisette (Gentiana cruciata*), très rare en Picardie ;

- l’Azuré de la sarriette (Pseudophilotes baton), papillon rarissime en Picardie.

Dans les zones humides :

- l’Utriculaire commune (Utricularia vulgaris*), en grande régression ;

- la Véronique à écussons (Veronica scutellata*), rare en Picardie ;

- la Grande Douve (Ranunculus lingua*), rare en France ;

- le Peucédan des marais (Peucedanum palustre*), présent dans les roselières inondables ;

- le Séneçon des marais (Senecio paludosus*), vulnérable en Picardie ;

- le Gaillet boréal (Galium boreale*), présent dans les prairies tourbeuses ;

- le Saule à feuilles étroites (Salix repens ssp angustifolia*), exceptionnel en Picardie ;

- la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix*), en régression ;

- le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia*), vulnérable en France et inscrit à l’annexe II de la directive "Habitats" ;

- le Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar*), inscrit à l’annexe II de la directive "Habitats" ;

- l’Aeschne affine (Aeshna affinis), dont la reproduction en Picardie est exceptionnelle.

En forêt :

- la Ronce des rochers (Rubus saxatilis*), très menacée ;

- la Mélique penchée (Melica nutans), rare dans la région ;

- le Cerf élaphe (Cervus elaphus), de passage ici ;

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus), inscrite à la directive "Oiseaux".

A signaler, la présence passée :

- de la Gentianelle champêtre (Gentianella campestris), espèce médio-européenne des lisières, qui se trouvait en limite occidentale de répartition ;

- du Damier du Frêne (Eurodryas maturna*) et de la Mélitée noirâtre (Melitaea diamina), deux papillons rares.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Labour et gestion brutale des lisières et des layons forestiers, appauvrissant la flore et la faune.

- Plantation de conifères, dans les zones sableuses, et de peupliers, dans les zones humides, détruisant les habitats spontanés remarquables des ces sols.

- Drainage des zones tourbeuses, provoquant la minéralisation de la tourbe et le remplacement de la flore turficole par une flore banale eutrophe.

- Abaissement de la nappe aquifère alimentant les mares et les dépressions, à la suite d'une succession d’étés secs et d'un pompage important pour l’irrigation des cultures, facilitant le boisement des zones humides.

- Abandon des pratiques pastorales sur les pelouses calcaires, phénomène déjà ancien sur le site, qui conduit à la disparition de milieux et d’espèces exceptionnelles.

- Transport de produits phytosanitaires et d’engrais par le vent depuis les cultures environnantes, nuisible à la flore des lisières.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le massif forestier de Samoussy se démarque bien des cultures intensives qui le bordent sur la majeure partie de son périmètre. Au sud, c'est l'autoroute A26 qui marque la limite. Le site englobe les prairies attenantes de Gisy et le bois de Grand Marais. Vers l'est, au dela du Bois de Marchais, un changement important d'unité écologique se produit. La clairière centrale occuoée par des cultures, autour de Samoussy, est retirée.