ZNIEFF 220013471
FORET DOMANIALE DE MARLE

(n° régional : 02MAR102)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Petit massif forestier situé sur le plateau céréalier du Marlois, cette petite butte du Crétacé (craie du Sénonien) est surmontée de limons lœssiques et localement recouverte de placages de sables du Thanétien. La côte est donne sur la vallée de la Serre et ses petits vallons sont perpendiculaires à cette rivière. La forêt est constituée de boisements naturels, mais on remarque rapidement l'étendue des plantations d'essences diverses.

Cette forêt permet d'observer différents groupements forestiers, en étroite relation avec la nature géologique du sol :

- une chênaie-charmaie mésophile sur les limons lœssiques ;

- une chênaie-hêtraie acidocline, se dégradant localement en chênaie-bétulaie ;

- une chênaie-frênaie calcicole, située sur les affleurements calcaires ;

- une aulnaie-frênaie de fond de vallon.

INTERET DES MILIEUX

L'intérêt de cette forêt réside dans la diversité des milieux rencontrés. Les fragments de forêts acidoclines sont remarquables au regard du plateau crayeux du Marlois. Ces formations silicicoles originales peuvent être la source d'un intérêt pédagogique facilement compris par des personnes non averties.

La végétation des layons est assez diversifiée. On observe un gradient de groupements végétaux allant des ourlets calcicoles thermophiles aux fragments de landes acidoclines. Les formations végétales mésophiles sont dominantes sur les limons de plateau.

Cette forêt est un témoin de la végétation forestière d'une région de culture intensive, dans laquelle ces milieux ont pratiquement disparu.

Elle représente aussi un bel exemple de forêt de transition entre le Marlois et la Thiérache. Elle revêt, à ce titre, une certaine importance phytogéographique.

Habitat important par son étendue, pour l'avifaune forestière du Marlois, elle représente l’un des éléments d’un réseau de boisements permettant la persistance de certains groupements végétaux et animaux au milieu du plateau cultivé. La forêt de Marle, par sa localisation entre le Laonnois et la Thiérache, permet également d'examiner les groupements forestiers en place et d’illustrer les gradients climatiques existants. Cela lui confère un intérêt biogéographique certain.

INTERET DES ESPECES :

La Nivéole (Leucojum vernum*), espèce protégée, élément continental, se trouve ici en limite ouest de répartition en France. La végétation, bien qu'appartenant au domaine atlantique avec notamment la Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta), laisse apparaître des indices de pénétration des influences continentales. Le maintien jusqu'à ce jour de la Nivéole est un argument allant dans ce sens.

La présence du Polygale chevelu (Polygala comosa *), autre espèce protégée, est un élément remarquable en raison de sa rareté en Picardie. Cette plante d'origine médio-européenne affectionne les pelouses thermophiles.

Plusieurs autres plantes sont remarquables en Picardie, soit pour des raisons phytogéographiques, soit en raison de la rareté de leurs milieux préférentiels : la Bruyère commune (Calluna vulgaris), le Sureau à grappes (Sambucus racemosus), le Séneçon de Fuchs ( Senecio fuchsii) et le Millepertuis élégant ( Hypericum pulchrum).

Trois espèces inscrites à l’annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne nichent sur le site : le Pic mar (Dendrocopos medius), le Busard Saint-Martin (Circus cyanus) et la Bondrée apivore (Pernis apivorus). On note également la présence de l’Autour des palombes (Accipiter gentilis).

Les groupements végétaux acidoclines, installés sur les sables du Thanétien, sont relativement typiques, bien que de faible étendue. Les plantes appartenant aux landes acidoclines, comme le Maïanthème (Maïanthemum bifolium), localement abondant, sont très rares sur le plateau de la craie du Marlois.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE :

La sylviculture est le principal agent d'évolution de cette zone. La futaie régulière a été adoptée par les gestionnaires de la forêt. Des coupes rases sont pratiquées et sont suivies de plantations de diverses essences, résineux et feuillus. Le dégagement des plants est réalisé, entre les alignements, au moyen de gyrobroyeurs. La végétation poussant sous les plantations de résineux est peu diversifiée.

La forêt tend à constituer un paysage très compartimenté.

N.B. : Les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe une petite forêt domaniale isolée sur plateau céréalier du Marlois ainsi qu'une frange de cultures l'entourant.