ZNIEFF 220013472
ENSEMBLE DE PELOUSES DE LA VALLEE DE L'OISE EN AMONT DE RIBEMONT ET PELOUSE DE TUPIGNY

(n° régional : 02THI116)

Commentaires généraux

DESCRIPTION GENERALE

La zone abrite un ensemble de quatre pelouses calcicoles : trois d'entre elles sont installées sur les flancs de l'Oise et la dernière située sur les flancs du Noirrieu. Ces pelouses sont alignées suivant un axe sud-ouest-nord-est.

Du sud vers le nord, on trouve :

- la pelouse de la « Falaise du Bac » à Thenelles, située en rive droite de l'Oise ;

- la pelouse de la côte de « la Montagne » à Neuvillette, située en rive droite de l'Oise :

- la pelouse de la « Falaise Bloucard », la plus étendue en superficie, située en rive gauche de l'Oise ;

- la pelouse de Tupigny, située en amont de Guise, en rive droite du Noirrieu.

INTERET GENERAL

Ces milieux recèlent une végétation exceptionnelle en plaine, constituée de groupements à affinités montagnardes, d'éboulis mobiles et de stades de fixation.

Des groupements calcicoles en voie de colonisation et des pré-bois calcicoles sont également présents.

On observe donc, sur ces sites, différents stades de végétation, allant des groupements pionniers sur sols mobiles à la colonisation progressive de la pelouse par les graminées, puis par les arbustes.

La zone revêt une importance majeure pour la moitié nord de la France car elle représente probablement un témoin de la végétation de périodes plus froides (il y a plusieurs milliers d'années).

Elle est un habitat potentiel de relais pour d'autres plantes des éboulis. L'alignement de ces sites, le long de l'Oise et du Noirrieu, confère à cet ensemble une valeur de couloir de dispersion.

Les milieux présents actuellement rappellent les processus géomorphologiques à l'origine de ces escarpements pouvant être source d'un intérêt à la fois pédagogique, esthétique et scientifique.

Ces milieux sont des témoins de pratiques agropastorales n'ayant plus cours.

L'ensemble des sites est indissociable et forme une entité biologique de valeur nationale.

Précisons aussi que la flore des éboulis possède plusieurs taxons dont les caractères morphologiques suggèrent que les processus évolutifs locaux sont à l'origine de micro-endémismes. Ces sites sont donc un support indispensable pour aborder l'étude des populations sous un angle génétique.

FALAISE DE THENELLES

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses calcicoles, plus ou moins rases, sont pérénnisées par l'action régressive des lapins mais sont en voie de colonisation par le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea). Une petite carrière de craie forme un petit escarpement à sol mobile.

Cette pelouse constitue un témoin de la végétation des anciens parcours à moutons et revêt donc, de ce fait, un intérêt phyto-historique. Le site correspond aussi à l'habitat de divers invertébrés, qui trouvent ici une dernière possibilité d'effectuer leur cycle biologique.

Les pelouses sont des milieux en voie de raréfaction drastique sur le plateau picard et leur persistance prend donc une certaine valeur patrimoniale.

INTERETS DES ESPECES

La zone est relativement limitée en surface mais présente une grande diversité floristique avec, notamment, des espèces protégées ou rares à l'échelle régionale :

- l'Inule à feuilles de saule (Inula salicina *) ;

- le Géranium des prés (Geranium pratense) ;

- la Platenthère à deux feuilles (Platanthera bifolia) ;

- l'Himantoglosse à barbe-de-bouc (Himantoglossum hircinum) ;

- l'Acéras homme-pendu (Aceras anthropophorum), probablement dans sa plus importante station du nord du département de l'Aisne.

Par ailleurs, onze espèces d'Orchidées sont observées sur cette petite zone.

On note enfin la présence d'Euchorthippus declivus, orthoptère en limite nord de répartition en France et de Platycleis albopunctata, orthoptère thermophile en voie de raréfaction dans les régions de grande culture.

COTEAU DE LA MONTAGNE A NEUVILLETTE

INTERET DES MILIEUX

- Pelouse calcicole en cours de colonisation, présentant quelques zones d'éboulis mobiles. Ce type de milieu se raréfie fortement dans la région. Le cortège floristique présente des affinités submontagnardes, phénomène remarquable compte tenu de la situation géographique et altitudinale du site.

Ce type de pelouse correspond à l'habitat de plusieurs espèces d'orthoptères, autrefois communs mais actuellement localisés du fait de la quasi-disparition de leurs milieux de vie.

INTERET DES ESPECES

Présence de plusieurs espèces végétales, rares à assez rares en Picardie :

- l'Himantoglosse à barbe-de-bouc (Himantoglossum hircinum),

- le Séséli libanotide (Seseli libanotis),

- la Laitue vivace (Lactuca perennis),

- l'Acéras homme-pendu (Aceras anthropophorum).

Ces espèces sont localisées aux pelouses calcicoles, milieux en voie de disparition dans la moitié nord de la France.

Le rare hybride entre l'Orchis militaire (Orchis militaris) et l'Orchis singe (Orchis simia), l'Orchis de Beyrich (Orchis X beyrichii) y est aussi répertorié.

Il en est de même pour plusieurs espèces d'orthoptères, rares dans les zones agricoles picardes : le Criquet des mouillères (Euchorthippus declivus), en limite nord de répartition en France, et la Decticelle chagrinée (Platycleis albopunctata).

FALAISE DE BLOUCARD

INTERET DES MILIEUX

Vaste pelouse calcicole installée sur des éboulis crayeux, elle forme un escarpement plus ou moins mobile, constitué de débris centimétriques. Ce relief, d'origine périglaciaire, forme une petite "falaise", haute d'une trentaine de mètres. On y observe des traces d'exploitation du matériel crayeux (granulats) ainsi que d'anciennes cavités (abris de la Première Guerre mondiale, ou carrières ?).

Les couches superficielles de ces pelouses ont été remises en mouvement, sous l'influence des agents atmosphériques et des passages humains. Apparaissent alors, localement, des cônes de glissement. La pente, quant à elle, tend vers un nouvel état d'équilibre.

La végétation est principalement constituée de groupements calcicoles herbacés mais on observe, à l'extrémité nord de cette zone, une colonisation plus marquée par les ligneux.

Les groupements végétaux les plus remarquables sont la pelouse à Seslérie blanchâtre (Sesleria albicans*) et les groupements pionniers mobiles à Liondent des éboulis (Leontodon hyoseroides), formations végétales d'affinités submontagnardes, exceptionnelles dans les régions de plaines de France.

INTERET DES ESPECES

Le site abrite une espèce végétale protégée, très rare en Picardie et façonnant très largement la physionomie de ce site : la Seslérie blanchâtre (Sesleria albicans*). Cette graminée, assez fréquente dans les massifs montagneux français, est, ailleurs, localisée essentiellement aux terrains Jurassiques. Les noyaux de population les plus proches sont localisés sur les pelouses de la vallée de la Seine, en région normande, dans la Somme et dans l'Oise, en aval de Compiègne, ainsi que sur les plateaux calcaires de Lorraine et de Champagne-Ardenne. Placé sous cette perspective chorologique, ce site, d'une étendue remarquable, prend une dimension dépassant largement le cadre régional. Le caractère montagnard du site est renforcé par la présence de la Silène des graviers (Silene vulgaris sub-espèce glareosa), espèce caractéristique des éboulis montagnards. Les stations de la vallée de l'Oise correspondent à l'extrémité nord-ouest de la répartition européenne de cette plante, essentiellement localisée à l'arc alpin.

D'autres plantes rares en Picardie sont aussi observées :

- la Laitue vivace (Lactuca perennis),

- le Polygale amère (Polygalla amarella),

- le Liondent des éboulis (Leontodon hyseroides : forme micro-endémique ?),

- le Platenthère à deux feuilles (Platanthera bifolia),

- le Séséli libanotide (Seseli libanotis), dont l'aire de distribution en France est fragmentée et localisée à quelques régions calcaires.

PELOUSE DE TUPIGNY

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses calcicoles sont en voie de colonisation par Brachypodium pinnatum. Des fragments de groupements végétaux des éboulis persistent localement sur de petites étendues. Il semble qu'ils évoluent rapidement vers des groupements d'ourlets thermophiles. La pérennité actuelle de ces milieux semble être à attribuer à l'action régressive des lapins.

Ce site constitue l'une des dernières pelouses du nord du département de l'Aisne et représente, à ce titre, un élément patrimonial de grand intérêt.

INTERET DES ESPECES

Ce site abrite une station de la Silène des graviers (Silene vulgaris ssp. glareosa), espèce caractéristique des éboulis. Les stations de la vallée de l'Oise correspondent à l'extrémité nord-ouest de la répartition européenne de cette plante, essentiellement localisée à l'arc alpin.

Le cortège floristique présent sur la pelouse se révèle plus classique. Les potentialités floristiques du site sont probablement amoindries par l'actuel dynamisme de Brachypodium pinnatum.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DES MILIEUX

L'ensemble des quatre sites formant cette zone est soumis à plusieurs sources d'altération.

L'activité agricole, située sur le plateau, peut être à l'origine d'une modification progressive du couvert végétal et de la diversité animale (invertébrés essentiellement), par apport diffus d'engrais (ruissellement) et par retombée de biocides.

L'activité touristique est à l'origine, localement (falaise de Bloucart), d'une surfréquentation de la pelouse (passage de randonneurs et de VTT), avec apparition de coulées importantes de matériaux crayeux, se faisant aux dépens des plantes des éboulis et de la pelouse à Seslérie. Les perturbations apportées à ce milieu sont trop répétées et trop envahissantes pour permettre la reconstitution de la flore des éboulis.

L'exploitation de la craie semble avoir cessé, mais on constate des dépôts de matériaux divers et d'immondices, peut-être à l'origine d'une eutrophisation supplémentaire des milieux.

L'élargissement de la route, située au pied de la pelouse de Thenelles, a amputé une petite partie du site. Les autres sites présentent une sensibilité semblable vis-à-vis de telles réalisations.

Des traces d'incendie des pelouses et des pré-bois calcicoles ont été constatées.

L'évolution naturelle des pelouses tend à constituer des bois calcicoles. Cette évolution se réalise aux dépens des milieux les plus originaux que sont la pelouse à Seslérie blanchâtre (Sesleria albicans) et les groupements mobiles sur graviers.

N.B. : Les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF englobe plusieurs sites de la vallée de l'Oise et du Noirrieu.