ZNIEFF 220013473
FORETS D'HIRSON ET DE SAINT MICHEL (INCLUS ETANGS DE LA LOBIETTE, NEUVE FORGE ET DU PAS BAYARD)

(n° regional: 02ARD103)

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DESCRIPTION

Le site couvre un vaste ensemble forestier situé aux limites des territoires de la Picardie, de la Champagne-Ardenne, du Nord-Pas-de-Calais et de la Belgique.

Le socle siliceux de l'Ardenne cambrienne est recouvert d'altérites argilo-schisteuses, pouvant localement présenter un grand développement. Les marnes du Pliensbachien (terrains secondaires, jurassiques) affleurent ponctuellement dans le bois de Saint-Michel.

Le réseau hydrographique, très développé, dessine plusieurs vallons bien marqués.

Le mélange d'altérites, riches en bases, et de fascies décapés, laissant apparaître le socle siliceux, détermine une variabilité stationnelle importante. De ces conditions édaphiques variées, découle une hétérogénéité de la végétation. Les contrastes les plus marqués sont situés en fond de vallon. La chênaie-charmaie de plateau, sur sol riche en bases, est progressivement remplacée, sur les flancs des vallons, par une forêt plus acidophile, avec, sur les bords des ruisseaux, la formation de micro-tourbières à sphaignes.

Les falaises sur schistes reviniens abritent une végétation caractéristique, dans laquelle les mousses (Bryophytes) et les fougères (Ptérydophytes) ont une grande importance.

Des enrésinements sont par ailleurs constatés.

INTERET DES MILIEUX

Cet ensemble forestier constitue l'extrémité occidentale des forêts de l'Ardenne cambrienne et forme un secteur unique en Picardie. Il présente des combinaisons floristiques intéressantes, représentatives des forêts atlantiques à Jacinthe (Hyacintoides non-scripta) et des forêts à affinités continentales à submontagnardes. Ce secteur représente donc une zone de transition entre deux domaines phytogéographiques. La forêt accueille un type de végétation à rapprocher des hêtraies-chênaies médio-européennes à Luzule, cortège floristique rencontré nulle part ailleurs en Picardie.

Les fonds de vallons offrent une mosaïque de groupements végétaux caractéristiques des aulnaies continentales. Les suintements et les formations tourbeuses à paratourbeuses acides, de faibles étendues, sont des milieux précieux en raison de leur rareté en Picardie. Les banquettes des ruisseaux possèdent une flore bryologique, bien que non étudiée en détail, unique aussi en Picardie.

Les caractéristiques particulières du substrat des rivières ainsi que des ruisseaux, blocs, cailloux et graviers, déterminent une diversité de micro-habitats essentiels pour les macro-invertébrés aquatiques. Ces conditions sont probablement uniques en Picardie.

Les falaises suintantes, sur schistes reviniens, présentent une flore à la fois bryologique et ptéridologique caractéristique des régions à fortes précipitations.

Cette vaste forêt abrite plusieurs espèces rares au niveau régional et constitue, de ce fait, un ensemble de grand intérêt ornithologique.

INTERET DES ESPECES

Cet ensemble floristique se révèle unique au plan régional. Il comprend en effet dix espèces protégées d'affinités montagnardes, de nombreuses autres plantes rares en Picardie, ainsi que la Jacinthe (Hyacinthoides non-scripta), en limite nord-est quasi-absolue.

On note par ailleurs la présence de plusieurs espèces végétales montagnardes, dans un secteur de plateau de faible altitude (maximum proche de 300 m) :

- la Laîche blanchâtre (Carex canescens*),

- la Laîche lisse (Carex laevigata*),

- la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium*),

- la Circée intermédiaire (Circaea intermedia*),

- la Prêle des bois (Equisetum sylvaticum*),

- la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium*),

- le Gaillet du Harz (Galium saxatile*),

- la Clandestine écailleuse (Latraea saquamaria*),

- la Fougère des montagnes (Oreopteris limbosperma*),

- la Violette des marais (Viola palustris*).

D'autres plantes rares ou exceptionnelles sont répertoriées à l'échelle régionale :

- la Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium) ;

- le Sceau-de-Salomon verticillé (Polygonatum verticillatum, ici dans sa seule station picarde connue) ;

- le Phégoptéride polypode (Phegopteris connectilis), ici dans sa seule station picarde connue ;

- la Laîche fausse-brize (Carex brizoides) ;

- le Blechne en épi (Blechnum spicant) ;

- le Polystic à soies (Polystichum setiferum).

Au siècle passé, la présence de la Gagée à spathe (Gagea spathacea*) a été signalée. Il s'agit d'une espèce continentale, en limite ouest-européenne de répartition, dont trois stations, connues actuellement en France, subsistent (deux dans le nord et une dans le département des Ardennes).

L'Avifaune des forêts médio-européennes est relativement bien conservée, avec la présence remarquable du Pic Mar (Dendrocopos medius) et de la Gelinotte (Bonasa bonasia), ici dans sa seule station picarde, espèces toutes deux inscrites à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

Plusieurs espèces d'oiseaux sont peu fréquents en Picardie :

- le Cincle plongeur (Cinclus cinclus),

- l'Autour des palombes (Accipiter gentilis),

- le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus),

- le Grimpereau des bois (Certhia familiaris),

- l'Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus).

Parmi les nombreuses espèces de papillons, rares en Picardie :

- le Petit Mars (Apatura ilia) ;

- le Grand Mars (Apatura iris) dont des espèces orientales ou submontagnardes : Eustroma reticulatum.

On note une grande diversité de macro-invertébrés aquatiques.

Plusieurs espèces d'odonates rares sont répertoriées en Picardie :

- le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii) ;

- la Cordulie métallique (Somatochlora metallica) ;

- l'Ephémèroptère sténotherme (Epeorus sylvicola), ici probablement dans ses seules stations picardes. Cette espèce se rencontre dans les régions à rivières torrentueuses (Ardennes, Vosges, Morvan,...) ;

- présence de Leptophlebia marginata, petit ephéméroptère des pièces d'eau acides, que l'on rencontre plus couramment dans les zones montagneuses de France.

- très importantes stations d'Hémérobe aquatique (Osmylus fulvicephalus), névroptère rare en Picardie et dans une grande partie du bassin Parisien.

Citons plusieurs espèces de mammifères, rares à l'échelle de la région : le Muscardin (Muscardinus avellanarius), le Chat forestier (Felis silvestris), le Mulot à gorge jaune (Apodemus flavicollis).

Deux espèces de poissons sont inscrites à la directive "Habitats" : le Chabot (Cottus gobio) et la Lamproie de Planer (Lampetra planeri).

Au total, un nombre important d'espèces animales et végétales, protégées ou rares à l'échelle régionale, traduisent la position biogéographique originale de cet ensemble forestier.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La plantation de résineux, localement importante, a altéré les potentialités biologiques de certains secteurs de cette forêt. La gestion forestière des boisements de feuillus est actuellement encore très favorable à de nombreux organismes. Cette organisation, orientée vers la conversion en futaie est, dans l'état actuel des choses, potentiellement défavorable à certaines espèces ayant besoin de milieux plus ouverts (cas de la Gelinotte qui recherche, sous nos latitudes, les forêts dégradées par les coupes successives et les taillis de noisetiers).

La pollution de la rivière Oise, principalement par apports de rejets urbains et agricoles (élevage) venant de Belgique, ne permet pas d'exprimer toutes les potentialités de cette zone à Truite. Des effets thermiques, induits par les petits barrages, viennent s'ajouter à cette pollution plus ou moins chronique des eaux.

L'Artoise, petite rivière infraforestière affluente de l'Oise, présente ,dans son lit majeur, des traces d'anciennes constructions (digues), probablement d'origine industrielle, qui entraînent encore des modifications de la vitesse des courants.

Le piétinement de la strate herbacée et ligneuse basse de la forêt, au voisinage du camping de Blangy et des berges de la retenue, est assez sévère pour altérer l'environnement biologique de manière significative.

Les parcours équestres et de VTT sont, localement, des sources d'altération du couvert végétal de certains chemins. Rappelons que la végétation des allées forestières peut être particulièrement riche aux plans floristique et phytosociologique.

Une réglementation, définissant les modes de circulation sur les grands axes et le stationnement (notamment la nuit), a été instaurée afin, sans doute, de préserver un minimum de quiétude à cette forêt.

N.B. : Les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Unique secteur de l'Ardenne en Picardie. Les contours englobent une forêt représentative de l'Ardenne occidentale.