ZNIEFF 220013558
MASSIF FORESTIER D'AGASSE

(n° régional : 02SOI111)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Cette zone, située en rive gauche de la rivière Ailette, est essentiellement constituée d'un versant boisé relativement pentu, s'individualisant bien dans le paysage. Le front de la côte, sinueux, forme une avancée bien nette au « Mont d'Abias ». Les sables du Thanétien, situés en bas de pente, sont surmontés par les sables et argiles de l'Yprésien puis par les calcaires du Lutétien. Le Lutétien supérieur constitue la surface structurale du plateau Tertiaire.

Une diversité de substratum, incluant des sables siliceux, des argiles, des facies à lignites, des calcaires, est à l'origine d'une diversité de groupements végétaux. Cette juxtaposition de différents milieux constitue une source de diversité.

La forêt constitue la formation végétale dominante. L'exposition nord favorise les boisements frais au sein desquels la hêtraie, localement dominante, laisse place à des boisements de peupliers trembles sur les secteurs fortement exploités. De belles frênaies hygrophiles à Prêle d'ivoire (Equisetum telmateia) sont observées en fond de vallon. L'abondance des fougères constitue une indication complémentaire allant dans le sens d'une forêt froide.

L'exposition particulière du « Mont d'Abias » permet le développement d'une végétation thermophile, alors que le pied de la côte est plus favorable aux formations hygrophiles.

INTERET DES MILIEUX

Cette forêt étendue forme un élément remarquable, représentatif des formations boisées en exposition nord de la cuesta de l'Ile-de-France.

Les pelouses sur sables et sur calcaires constituent un ensemble très représentatif des pelouses thermophiles du Laonnois. Cette région est une entité biogéographique bien reconnue par les scientifiques.

La présence d'un sous-bois humide à Prunus padus représente un élément remarquable, en raison de la relative localisation régionale de cet arbre.

Des cavités souterraines (anciennes carrières situées en amont de la vallée du Tambour) offrent des gîtes potentiels d'hibernation pour les chauves-souris.

INTERET DES ESPECES

Présence d'une végétation des versants froids avec, notamment sous la hêtraie, d'importantes populations de Polystic à aiguillons (Polysticum aculeatum) ainsi que son hybride, le Polystic de Bicknell (Polysticum bicknelli), taxons rares en Picardie.

La flore thermophile rassemble un nombre important d'espèces rares à l'échelle régionale. Plusieurs de celles-ci sont protégées :

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*) ;

- la Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima*) ;

- l'Inule à feuilles de saule (Inula salicina*) ;

- la Bugrane naine (Ononis pusilla*) ;

- la Germandrée des montagnes ( Teucrium montanum*) ;

- une station d'Aconit du Portugal (Aconitum napellus ssp. lusitanicum*), espèce caractéristique des forêts froides et des mégaphorbiaies alcalines, très rare en Picardie et dans la moitié nord-ouest et ouest de la France.

Parmi les autres espèces rares à l'échelle régionale, ou en déclin important, on notera l'abondance de certaines Orchidées :

- la Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea),

- la Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia),

- l'Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora),

- l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera),

- le Dactylorhize de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii),

- le très rare Epipactis de Müller (Epipactis muelleri),

- l'Anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris),

- la Globulaire commune (Globularia bisnagarica),

- le Tétragonolobe siliqueux (Tetragonolobus maritimus),

- la Mélique penchée (Melica nutans),

- la Laîche humble (Carex humilis),

- la Saxifrage granulée (Saxifraga granulata).

Plusieurs espèces animales présentes sont rares en Picardie ou ont une distribution régionale relativement restreinte :

- le Pic noir (Dryocopus martius),

- le Fluoré (Colias australis),

- le Muscardin (Muscardinus avellanarius),

- la Bondrée (Pernis apivorus),

- le Lézard des souches (Lacerta agilis),

- la Mante religieuse (Mantis religiosa).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Cette zone, constituée principalement de boisements naturels, tend à être modifiée par des plantations de peupliers, déjà assez anciennes pour certaines. Le processus de substitution des formations végétales naturelles par ces implantations ne semble pas être un phénomène passager. Certaines d'entre elles ont été réalisées sur différents substrats géologiques, ce qui laisse à penser que les variétés utilisées ont une grande capacité d'adaptation.

La populiculture nécessite, pour sa réalisation, l'application de techniques particulières (coupes à blanc, sous-solage, etc.) impliquant des modifications radicales des écosystèmes en place. C'est pour ces raisons, entre autres, que les peupleraies ne sont pas un facteur favorable à la biodiversité. L'utilisation de manière systématique de cette pratique de sylviculture est une source d'inquiétude quant à l'avenir de ce secteur, et plus particulièrement des milieux exceptionnels, qui, pour certains, sont de faible étendue.

La forêt en taillis-sous-futaie représente un mode de gestion permettant l'expression de nombreuses composantes naturelles, comme le montrent les observations actuelles de terrain.

Les pelouses thermophiles évoluent graduellement vers des prés-bois calcicoles. Ce processus naturel transformera lentement ces milieux et fera disparaître de nombreuses plantes exceptionnelles pour la région. Cette évolution, si elle n'est pas modulée, engendre l'appauvrissement graduel de la richesse patrimoniale du site.

N.B. : les espèces dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre englobe un ensemble forestier homogène et caractéristique des versants de l'Ailette.