ZNIEFF 220013562
MARAIS DE MONTCHEVILLON ET BOIS DE LUD

(n° régional : 02VAL105)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le marais de Montchevillon se trouve dans la vallée de l’Ourcq. En étroite connexion fonctionnelle et complémentaire avec le « Bois de Lud », ce site constitue l'un des derniers marais du complexe de vallées du Valois.

L’ensemble du marais est installé sur de la tourbe, souvent minéralisée en surface et enrichie de colluvions limono-sableuses récentes en provenance du plateau, et des alluvions quaternaires tourbeuses. Le « Bois de Lud » repose, dans ses parties hautes, sur des sables de Beauchamp (Auversien), avec, localement, des blocs de grès et des limons de plateau. Plus bas, le versant, en rive droite de la vallée de l’Ourcq, entaille les calcaires lutétiens supérieurs et moyens.

Globalement très asséchées, les roselières forment l’essentiel des groupements herbacés du marais. De caractère méso-eutrophe, elles s’apparentent à un Solano-Phragmitetum, dans lequel subsistent des noyaux d’oligotrophie remarquables de par leur cortège floristique. Une cladiaie assez vaste et des cariçaies du Caricetum ripario-acutiformis et du Caricetum paniculatae complètent cette mosaïque de milieux ouverts.

Les parties non entretenues du marais évoluent vers un boisement à base de saules. Ce boisement est accéléré par la plantation de peupliers (qui couvre l’essentiel de la surface en marais), souvent précédée par un drainage très profond. Les peupleraies représentent plus de la moitié de la surface du marais.

Les groupements végétaux du « Bois de Lud » sont à rapprocher du Lonicero-Fagetum, sur sols sableux et limoneux, et du Hyacinthoido-Fagetum, dans la zone de contact avec les calcaires lutétiens.

Le versant exposé au sud, compris entre le bois et le marais, porte des reliques de pelouses calcicoles du Coronillo-Brachypodietum, en voie de colonisation arbustive, et quelques prairies mésophiles bordées de fourrés.

Le marais est traversé par une voie de chemin de fer, dont le remblai provoque un blocage hydraulique propice au maintien de l’inondabilité du marais.

INTERET DES MILIEUX

- Roselières oligo-mésotrophes basiclines du Phragmition, en nette régression, du fait de la populiculture.

- Cladiaie turficole, milieu relevant de la directive "Habitat" de l'Union Européenne, ici en voie d’atterrissement rapide.

- Fragments de Thelypterido-Phragmitetum, cantonnés à la zone la plus humide du site, milieux menacés en Picardie.

- Pelouses du Coronillo-Brachypodietum, accueillant un cortège important d’orchidées, également inscrites à la directive "Habitats".

- Prairies mésophiles bordées de buissons, favorables à la nidification d’oiseaux intéressants.

- Ensemble marécageux présentant encore, localement, une structure de végétation favorable à l’avifaune paludicole.

INTERET DES ESPECES

Espèces palustres remarquables en Picardie :

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*), localisé à un fossé tourbeux alcalin sur le site ;

- le Marisque (Cladium mariscus), espèce en forte régression en Picardie ;

- la Laîche distante (Carex distans), rare en Picardie ;

- le Laiteron des marais (Sonchus palustris), assez rare en Picardie, mais en progression géographique ;

- le Thélyptéride des marais (Thelypteris palustris), fougère des roselières turficoles ;

- la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), fauvette paludicole discrète, rare à l’intérieur des terres.

Sur les coteaux :

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), très rare en dehors du Tertiaire parisien ;

- l’Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora), orchidée assez rare en Picardie ;

- l’Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens), en régression en Picardie ;

- la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), inscrite à la directive "Oiseaux".

Le site à d’ores et déjà perdu une grande partie de sa flore remarquable, comme en atteste la disparition de Liparis loeselii*, de Spiranthes aestivalis*, d'Eriophorum latifolium*, d'Eriophorum gracile*, de Cyperus flavescens, de Cyperus longus, de Carex limosa*, (…) cités par d’anciennes publications.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- Assèchement généralisé du marais par drainage, plantation de peupliers et création de plans d’eau, menaçant, à terme, les milieux oligotrophes paratourbeux.

- Minéralisation des horizons superficiels et de la tourbe, mis à l’air par le drainage sur plusieurs décimètres.

- Abandon de l’entretien du marais, qui conduit au boisement spontané et à la disparition des espèces héliophiles.

- Abandon des pratiques pastorales sur les coteaux, entraînant la fermeture des milieux herbacés.

- Migration importante d’éléments fins et de nutriments, depuis les terres cultivées vers le marais, provoquant une eutrophisation des sols et des eaux, ainsi que des modifications pédologiques nuisibles aux espèces turficoles et oligotrophes.

La gestion sylvicole du « Bois de Lud » semble assurer la pérennité des groupements en place.

N.B. : Les espèces végétales dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Le site regroupe un bois et un marais liés fonctionellement, le bois assurant une protection de la qualité de l'eau ruisselant vers le marais. Le secteur en marais est limité à la partie la plus tourbeuse et à sa périphérie, les secteurs plus dégradés au sud de l'Ourcq étant exclus. Des prairies mésophiles bordant le bois, intéressantes pour l'avifaune, sont intégrées. Les cultures du plateau sont exclues.