ZNIEFF 220013563
BOIS DE MONTIGNY ET DE BORNY

(n° régional : 02VAL108)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Les Bois de Montigny et de Borny s’étendent sur la rive gauche de l’Ourcq, en limite méridionale du plateau du Valois.

La vallée du ru d’Allan, orientée ouest-est, sépare les deux bois.

La structure géologique de la forêt comprend l’essentiel des affleurements tertiaires du Soissonnais.

On note, du haut en bas :

- les limons de plateau, au niveau du Bois de Borny ;

- les marnes et calcaires bartoniens, peu épais ;

- les sables et grès auversiens de Beauchamp, qui recouvrent la majorité des affleurements lutétiens sur le plateau ;

- les calcaires lutétiens ;

- les sables cuisiens, qui n’affleurent qu’au niveau de la vallée du Ru d’Allan.

Les chênaies-charmaies-hêtraies acidoclines atlantiques, développées sur les sables auversiens (du Lonicero-Carpinenion pour une bonne part) dominent les peuplements, traités en futaies et taillis sous futaie. De nombreux tilleuls et quelques châtaigniers, robiniers et bouleaux (sur les buttes sableuses) s’intercalent dans ces formations.

Des chênaies sessiliflores (Quercion robori-petraeae) se développent sur les sols les plus lessivés des buttes sableuses du Bois de Montigny. Elles sont ponctuellement ouvertes par des clairières, occupées par des callunaies relictuelles.

Les argiles sous-tendent une nappe dans les sables, dont les sources alimentent le ru d’Allan. De même, les marnes de Saint-Ouen permettent la présence de sources dans le bois de Montigny (Fontaines du Vieux parc, du Renard).

Des mares et des ornières humides (notamment du Carici remotae-Fraxinetum excelsioris) sont présentes sur le plateau, notamment au niveau des chemins.

Les zones humides de la vallée du Ru d’Allan sont plantées de peupliers.

Les affleurements de calcaire favorisent les végétations calcicoles, dont la hêtraie thermocalcicole proche du Cephalanthero-Fagion (type subatlantique méridional).

Quelques lisières comprennent des petites pelouses (proches du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae) et des ourlets thermophiles (Trifolion medii) sur calcaire et sables calcaires, entre autres à l’ouest du massif de Montigny et sur une ancienne carrière de calcaire, au nord-est de Mareuil-sur-Ourcq.

Sur les sables subsistent ponctuellement, à l’ouest du bois de Montigny notamment, des fragments de landes à Callunes, avec, parfois, des systèmes de sables mobiles (lieu-dit La Montagne à sable).

En périphérie du massif, sur les versants de la vallée, quelques carrières souterraines de calcaire abandonnées sont utilisées par les chauves-souris pour passer l’hiver.

INTERET DES MILIEUX

Plusieurs milieux remarquables, rares et menacés en Europe, relèvent de la directive "Habitats" de l’Union Européenne :

- la chênaie-charmaie acidocline du Lonicero periclymeni-Quercetum petraeae (type subatlantique méridional) ;

- la chênaie-charmaie à Jacinthe du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae (type subatlantique méridional à Tilia cordata) ;

- la chênaie-hêtraie du Fago sylvaticae-Quercetum petraeae (type subatlantique méridional) ;

- la frênaie à Laîche espacée du Carici remotae-Fraxinetum excelsioris ;

- les pelouses calcicoles du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae...

Ces habitats d’intérêt européen, ainsi que les milieux importants à l’échelle tant nationale que régionale, abritent bon nombre d’espèces végétales et animales de très grande valeur patrimoniale.

INTERET DES ESPECES

La flore comprend, entre autre, les taxons rares et/ou menacés suivants :

Sur les chemins sableux humides :

- la Scutellaire naine (Scutellaria minor),

- la Danthonie décumbente (Danthonia decumbens),

- la Salicaire pourpier (Lythrum portula),

- la Salicaire à feuilles d'Hysope (Lythrum hyssopifolia),

Sur les sols sableux secs :

- l'Oeillet velu (Dianthus armeria),

- l'Aigremoine odorante (Agrimonia procera),

Sur les sols calcaires :

- le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum),

- l'Ibéris amer (Iberis amara),

- l'Iris fétide (Iris foetidissima)...

Les éléments faunistiques parmi les plus remarquables sont :

Pour l’avifaune :

- le Pic mar (Dendrocopos medius),

- le Pic noir (Dryocopus martius),

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus).

Ces trois espèces sont inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux" de l’Union Européenne.

Plusieurs espèces rares et/ou menacées, à l’échelle de la Picardie ou du nord de la France, sont également présentes : la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), le Tarier pâtre (Saxicola torquata), le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le Pouillot de Bonelli (Phylloscopus bonelli) ...

Pour la mammalofaune :

- le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), chiroptère particulièrement menacé dans le nord de l'Europe ;

- le Grand Murin (Myotis myotis) ;

- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus).

Ces trois espèces, présentes en hiver dans les carrières souterraines, sont inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l’Union Européenne.

La Martre des pins (Martes martes) et le rare Chat sauvage (ou Chat forestier : Felis silvestris) sont également présents.

Les populations de grands mammifères, notamment de Cerf élaphe (Cervus elaphus), sont relativement importantes.

Pour l’herpétofaune :

- le rare Lézard agile (Lacerta agilis), dans les brachypodiaies sèches des pelouses-ourlets ;

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), assez rare en Picardie ;

- le Triton alpestre (Triturus alpestris), peu fréquent et menacé en France, mais bien présent dans les mares et les ornières, avec plusieurs autres espèces plus communes de batraciens.

Pour l’entomofaune :

- la Petite Violette (Clossiana dia), lépidoptère rare des pelouses thermophiles.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les pelouses et les lisières calcicoles, ainsi que les groupements pionniers sur sables tendent à disparaître sous l’avancée des milieux sylvatiques. Des coupes circonstanciées seraient nécessaires, afin de conserver une héliophilie indispensable à ces groupements de grand intérêt patrimonial. Par ailleurs, il serait préférable d’éviter le boisement systématique des lisières et des trouées.

En outre, les layons forestiers, souvent très riches sur les plans floristique, entomologique et batrachologique, gagneraient à être gérés en conservant les micro-topographies (ornières, dépressions...) et par le biais d'une fauche exportatrice.

La permanence de la biodiversité à la fois ornithologique, mammalogique et entomologique passe par le maintien de nombreux arbres d’âge avancé (150 à 200 ans) ou sénescents : de nombreuses espèces cavernicoles ne subsistent plus que dans les grandes forêts du nord de la France, où dominent les peuplements âgés de chênes et de hêtres.

Enfin, la préservation de la quiétude de certains sites souterrains serait souhaitable pour leurs populations de chauves-souris en hiver, avec la pose de grilles solides (à barreaux horizontaux) à l’entrée, empêchant les intrusions humaines (nombreuses actuellement), mais permettant les allées et venues des chiroptères.

Commentaires sur la délimitation

Les contours du site englobent les milieux comprenant les habitats les plus remarquables en tant que tels, et les habitats des espèces végétales et animales les plus rares et menacées.

Les habitations et les zones cultivées sont évitées, homis un liseré externe faisant office de zone-tampon.