DESCRIPTION
L’Orillon et ses tributaires ont découpé la dalle structurale du Lutétien pour former des digitations complexes dans le plateau agricole du Tardennois. Le site occupe les versants et le fond de la vallée.
Les parties hautes du site, plateau et haut de versant, reposent sur les calcaires du Lutétien. Le bas des pentes est constitué de sables cuisiens, plus ou moins colluvionnés d’éléments des couches supérieures. Le fond de la vallée repose sur des alluvions modernes.
Les versants en expositions sud et est sont occupés par des pâtures à bovins (parfois abandonnées) sur une superficie importante, dont les cortèges végétaux s’apparentent de très près aux pelouses calcicoles.
On en identifie divers types :
- pelouses de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi, sur les écorchures et la corniche lutétienne ;
- pelouses du Mesobromion, sur les sols plus évolués.
A la périphérie des pelouses, se trouvent différentes ceintures comprenant :
- la pelouse-ourlet (à rattacher encore au Mesobromion, dans bien des cas) ;
- les ourlets thermophiles du Geranion sanguinei ;
- les fourrés de recolonisation forestière du Berberidion.
Une partie des versants est couverte par des boisements jeunes et souvent peu structurés, mais qui sont tous à rapprocher du Carpinion avec des variantes mésotrophes fraîches de pente à Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum).
Le fond de vallée est, pour partie, voué à la culture du peuplier. Pourtant, dans quelques zones encore, persistent les traces de ce qui devait former le paysage de cette vallée il y a quelques dizaines d’années :
- les pâtures (Cynosurion et Mentho-Juncion dans les parties humides), autour de la ferme de Longueville ;
- les roselières, présentes à l’état de reliques dans le Fond de Mézière, aujourd’hui très sèches et en cours de boisement ;
- les prairies tourbeuses oligotrophes et les bas-marais alcalins (Molinion et Hydrocotylo-Schoenion), qui ne sont plus représentés que par des lambeaux confinés au Fond de Mézière.
Un étang, issu du barrage du ruisseau du Fond de Vau, permet la présence de végétations aquatiques tels les herbiers à Nénuphar jaune (Nuphar lutea).
INTERET DES MILIEUX
- Bas-marais alcalin de l’Hydrocotylo-Schoenion, relictuel sur le site.
- Pelouses pionnières, riches en thérophytes de l’Alysso-Sedion, très rares en Picardie.
- Divers groupements du Mesobromion :
. pelouses du Chamaecytiso supini-Prunelletum grandiflorae, unité thermocontinentale limitée à la bordure nord-est du Tertiaire parisien, exceptionnelle en Picardie et particulièrement riche sur le site ;
. pelouses mésoxérophiles du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae, association inféodée au Tertiaire parisien en Picardie ;
. pelouse-ourlet du Coronillo-Brachypodietum, accueillant de nombreuses espèces d’orchidées et de papillons.
- Boisements de pente du Scillo-Carpinetum à Ornithogalum pyrenaicum, typiques de la Brie picarde ;
- Ruisselets de tête de bassin, favorables aux invertébrés aquatiques.
Les pelouses calcaires sont inscrites à la directive "Habitats" de l’Union Européenne.
La vallée de l’Orillon présente des caractéristiques biogéographiques exceptionnelles. De fortes influences subcontinentales marquent le site [présence du Petit-cytise couché (Chamaecytisus supinus*), de la Brunelle à grandes fleurs (Prunella grandiflora),...].
Les prairies oligotrophes du Chamaecytiso-Prunelletum sont parmi les groupements agro-pastoraux les plus riches et les plus diversifiées de Picardie. Elles évoquent en cela certaines prairies du bocage du Franc-Bertin, très riches elles aussi (en terme de nombre d’espèces au mètre carré), car bénéficiant encore de pratiques agricoles extensives.
INTERET DES ESPECES
Sur les pelouses :
- le Petit-cytise couché (Chamaecytisus supinus*), exceptionnel en Picardie ;
- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*), rare en dehors du Tertiaire parisien ;
- la Bugrane naine (Ononis pusilla*), espèce méridionale, en limite de répartition ;
- l’Antennaire dioïque (Antennaria dioica), espèce montagnarde présente ici dans son unique station picarde connue ;
- la Laîche humble (Carex humilis), qui affectionne les stations les plus arides ;
- l’Argus bleu nacré (Polyommatus coridon), de plus en plus rare en Picardie ;
- la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), inscrite à la directive "Oiseaux", qui fréquente aussi les haies des prairies.
Dans les marais et les étangs :
- le Mouron délicat (Anagalis tenella*), présent sur les rives exondables ;
- la Laîche écailleuse (Carex lepidocarpa), typique des bas-marais alcalins.
Dans les bois :
- l’Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum), assez rare en Picardie ;
- le Pic noir (Dryocopus martius), inscrit à la directive "Oiseaux" ;
- le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), inscrit à l’annexe II de la directive "Habitats".
FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE
- Abandon des pratiques pastorales sur les prairies humides et les marais, qui conduit à un embroussaillement rapide et à une régression des espèces liées à ces milieux.
- Plantation de peupliers, souvent accompagnée d’un drainage des stations, détruisant la flore originelle.
- Maintien d’un pâturage bovin peu intensif sur les prairies des versants, permettant la conservation de types pelousaires remarquables.
- Substrat géologique très aride sur les versants, limitant l’évolution des pelouses abandonnées.
- Migration de fertilisants et de biocides, depuis les cultures du plateau vers les pelouses et les pâtures, nuisible à la flore et à la faune.
N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.
Les contours englobent une partie de la vallée de l'Orillon à l'aval de Dravegny et la partie aval de la vallée du ruisseau du Fond de Vaux. Ces deux vallées sont prises jusqu'à la convexité sommitale des versants, même lorsque des cultures sont présentes. Au nord et au nord-est, c'est la limite départementale qui clôt le site. Les cultures du plateau ne sont pas prises en compte.