ZNIEFF 220013581
FORET DE RIS, VALLON DE LA BELLE AULNE ET COTEAUX PERIPHERIQUES

(n° régional : 02BRI107)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La zone se compose du massif forestier de Ris, de prairies connexes, des coteaux de Barzy-sur-Marne, de Courcelles et de Trélou-sur-Marne, du ru de Jaulgonne et du vallon de la Belle-Aulne. Ces milieux variés, paraissant hétérogènes, entretiennent, entre eux, d’étroites relations écologiques et fonctionnelles. Cet ensemble géomorphologique, bien marqué dans le paysage de la Brie, est situé sur la rive droite de la Marne, en amont de Château-Thierry.

La forêt de Ris repose sur une colline et ses versants est et ouest. L’essentiel de sa superficie occupe le plateau meulier de Brie, recouvert de limons. Les versants montrent une toposéquence géologique typique de la Brie, avec de haut en bas : meulière de Brie et argiles à meulière (Sannoisien ; marnes supragypseuses et gypses (Ludien) ; calcaires de Saint-Ouen (Marinésien) ; sables de Beauchamps (Auversien) ; calcaires du Lutétien et argiles sparnaciennes.

Cette grande diversité de substrats, liée à des expositions variées et à un fort relief, notamment sur les versants, entraîne une grande hétérogénéité des milieux. L’altitude du massif forestier (supérieur à 230 m) implique des influences submontagnardes relativement nettes, tant au niveau des cortèges animaux que des cortèges végétaux.

Au niveau forestier, les principaux groupements présents sont :

- la frênaie à Egopode podagraire (Aegopodium podagraria) de l’Adoxo-Fraxinetum, dans le vallon de la Belle Aulne ;

- la frênaie à Grande Prêle (Equisetum telmateia), de l’Equiseto-Fraxinetum, sur les niveaux de résurgences marneuses ;

- la chênaie-frênaie fraîche du Stellario-Carpinetum, sur les niveaux mésotrophes frais ;

- la hêtraie à Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta), du Hyacinthoido-Fagetum, sur substrat mésotrophe mésophile de versant ouest ;

- la chênaie-hêtraie acidophile à Muguet (Convallaria majalis), du Lonicero-Fagetum, sur substrat acide mésotrophe ;

- la chênaie-hêtraie acidophile à Myrtille (Vaccinium myrtillus), du Querco-Fagetum, sur substrat acide oligotrophe, d’affinités submontagnardes ;

- la frênaie-érablière de pente nord et de ravin à Fougères (Lunario-Acerion), de caractère psychrophile très marqué ;

- la tiliaie-charmaie des culées exposées au sud (Tillion platyphyllis), fragmentaire sur le site.

Des habitats connexes intraforestiers de layons et de coupe complètent cet ensemble remarquable :

- les layons acidoclines du Violion caninae ;

- les layons acidoclines hygrophiles du Carici demissae-Agrostietum caninae, sur le plateau de limons ;

- les layons basophiles marnicoles à Laîche tomenteuse (Carex tomentosa), proches du Carici tomentosa-Festucetum lemanii ;

- les ourlets calcicoles du Trifolion medii, sur les substrats calcaires ;

- les ourlets acidophiles du Teucrion scorodoniae ;

- le fourrés acidophiles de recolonisation forestière, du Sarothamnion sur le plateau de limons ;

- les landes mésohygrophiles à Callune (Calluno-Genistetum anglicae fragmentaire) ;

- les mares de meulière à Sphaignes, au sud de la forêt ;

- les étangs du nord de la forêt, celui de couflan étant colonisé par le Rorippo-Oenanthetum aquaticae et celui de Vénus abritant des herbiers à Utriculaire (Utricularia sp.).

Les abords de la forêt présentent des pâtures mésophiles à mésohygrophiles méso-oligotrophes de grand intérêt (Agrostietalia stoloniferae). Dans le ravin de la Belle Aulne, des prairies à Renouée bistorte (Polygonum bistorta) témoignent d’influences montagnardes très fortes. Des groupements bryophytiques remarquables sont aussi présents. Ce sont notamment :

- les groupements de l’Isothecion myosuroidis, sur blocs de grès de l’Auversien ;

- les groupements des Brachythecietalia plumosi, sur les blocs de meulière, dans les rus intermittents qui occupent les ravins encaissés.

Les pelouses calcicoles, encore appelées "savarts" en Champagne, sont relictuelles du fait de la plantation de vignes sur les coteaux classés en AOC Champagne. Il en existe encore trois principaux sur les abords de la forêt de Ris. Plus ou moins embroussaillés, ces savarts conservent une grande originalité et sont les témoins de milieux quasiment disparus et fortement menacés actuellement.

Les milieux principaux de ces savarts sont respectivement :

- la pelouse rase marnicole, typique des coteaux picards de la Marne, du Carici tomentosae-Festucetum lemanii. La pelouse de Courcelles en est un exemple très représentatif et encore très bien structuré ;

- l’ourlet en nappe du Coronillo-Brachypodietum, encore riche du point de vue patrimonial, qui précède l’installation des ligneux, les pelouses de Barzy-sur-Marne et de Trélou-sur-Marne sont principalement constituées de ce type de milieu ;

- les fourrés de recolonisation du Tamo-Viburnetum (Berberidion), qui forment transition avec des habitats de caractère nettement forestier.

INTERET DES MILIEUX

Ensemble de groupements forestiers inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne :

- la frênaie de l’Adoxo-Fraxinetum, rare en Picardie, souvent remplacée par des plantations de peupliers ;

- la frênaie de l’Equiseto-Fraxinetum, bien structurée ici ;

- la hêtraie du Hyacinthoido-Fagetum, en limite est de répartition ;

- la chênaie-hêtraie acidophile du Lonicero-Fagetum, en futaie régulière ;

- la chênaie-hêtraie acidophile du Querco-Fagetum, localisée en Picardie ;

- la frênaie-érablière de pente nord et de ravin à fougères (Lunario-Acerion), au cortège riche en fougères remarquables ;

- la tiliaie-charmaie des culées exposées au sud (Tillion platyphyllis), fragmentaire sur le site.

Ensemble de milieux connexes rares ou en régression en Picardie :

- les layons acidoclines, du Violion caninae et du Carici demissae-Agrostietum caninae, inscrits à la directive "Habitats" ;

- les layons basophiles marnicoles à Laîche tomenteuse et les ourlets calcicoles du Trifolion medii, typiques de la Brie, très rares dans le reste de la région ;

- les landes mésohygrophiles à Callune (Calluno-Genistetum anglicae fragmentaire), inscrites à la directive "Habitats", très rares en Picardie ;

- les mares de meulière à Sphaignes, milieu original et exceptionnel en Picardie.

Ensemble d’habitats des pelouses calcicoles, inscrits à la directive "Habitats" :

- la pelouse marnicole, du Carici tomentosae-Festucetum lemanii, en voie de disparition en Picardie ;

- l’ourlet en nappe du Coronillo-Brachypodietum.

Le ru de Jaulgonne possède des caractéristiques piscicoles intéressantes et permet, notamment, la reproduction de populations sauvages de Truite fario (Salmo trutta fario).

INTERET DES ESPECES

Cortège de plantes forestières remarquables :

- l’Orme lisse (Ulmus laevis*), rare en Picardie ;

- la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia*), très rare en Picardie ;

- le Blechnum en épis (Blechnum spicant), fougère de répartition atlantique, assez rare mais en limite est de répartition ;

- le Sorbier domestique (Sorbus domestica), rare en Picardie en tant qu’espèce indigène ;

- l’Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides), très rare ;

- la Myrtille (Vaccinium myrtillus), assez rare et localisée en Picardie.

Cortège de plantes hygrophiles et de prairies oligotrophes :

- la Véronique en écus (Veronica scutellata*), assez rare en Picardie ;

- la Renoncule peltée (Ranunculus peltatus), assez rare ;

- le Polygala à feuilles de Serpolet (Polygala serpyllifolia), rare et vulnérable ;

- le Myosotis versicolore (Myosotis discolor), très rare en Picardie ;

- la Renouée bistorte (Polygonum bistorta), plante d’affinité montagnarde, rare et vulnérable en Picardie.

Cortège de plantes de savarts :

- l’Inule à feuilles de saule (Inula salicina*), assez rare et localisée en Picardie ;

- l’Hélianthème obscur (Helianthemum nummularium ssp. obscurum), espèce continentale en limite ouest de répartition, assez rare en Picardie ;

- la Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia*), très rare et gravement menacée d’extinction en Picardie ;

- la Cuscute du Thym (Cuscuta epithymum), très rare et menacée en Picardie.

Présence du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), petit crapaud, en limite nord-ouest de répartition, inscrit à l'annexe II de la directive "Habitats".

Cortège avifaunistique remarquable :

- l’Autour de Palombes (Accipiter gentilis) ;

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), inscrites à la directive "Oiseaux" ;

- le Torcol fourmilier (Jynx torquila) ;

- la Bécasse des bois (Scolopax rusticola).

Cortège entomologique remarquable :

- le Leste brun (Sympecma fusca), libellule très rare en Picardie ;

- le Leste fiancé (Lestes sponsa), libellule très rare, inféodée aux eaux oligotrophes, milieux en régression dans la région ;

- l’Hespérie du Brome (Carterocephalus palaemon), papillon diurne très rare en Picardie ;

- la Petite Violette (Clossiana dia), papillon très localisé en Picardie ;

- le Grand Sylvain (Limnetis populi), considéré comme disparu de Picardie jusqu’alors et retrouvé dans la forêt de Ris en 1997 ;

- l’Azuré des cytises (Glaucopsyche alexis), papillon en voie de disparition, connu par ailleurs seulement du camp de Sissonne;

- l’Hespérie de la Passe-rose (Carcharodus alcae), rare et localisé en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Gestion sylvicole en taillis sous futaie compatible avec le maintien de la biodiversité.

Plantation de résineux et de peupliers, notamment sur le sommet de la colline.

Abandon de la gestion par pâturage des derniers savarts, dommageable pour les habitats et les cortèges floro-faunistiques associés.

Plantation de vignes sur les derniers lambeaux de pelouses calcicoles.

Importants traitements phytosanitaires sur les vignes, produits entraînés par les vents sur les derniers espaces pelousaires, très préjudiciables au maintien de la biodiversité de ces pelouses.

Nécessité d’une protection forte des dernières pelouses, occupant de petites surfaces, véritables vestiges et témoins des anciens parcours à ovins des coteaux de la Marne.

N.B. : les espèces végétales dont le nom est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone englobent la forêt, les coteaux périphériques, le ru de la belle Aulne et les prairies du vallon de Jaulgonne.