ZNIEFF 220013595
BOIS ET PELOUSES DE BOURESCHES, DU MONT CHEVRET ET BOIS DES MEULES

(n° régional : 02BRI109)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La zone comprend une mosaïque de milieux ouverts et boisés dont les bois de Bouresches, le « Bois du Mont Chevret », le « Bois des Meules » et des pelouses sur sables le long des chemins, à la "Pierre Bouc" et au "Terrier Bouteille". Elle est installée sur les dernières irradiations vers le nord-ouest du plateau meulier de la Brie, qui apparaît sporadiquement dans le bois des meules et le bois de Bouresches. La végétation présente donc des caractères intermédiaires entre les groupements forestiers submontagnards briards et les groupements pelousaires subatlantiques xérophiles acidophiles, typiques du Valois. Cette double originalité, biogéographique et géologique, fait de cette Znieff un bel exemple de transition entre deux régions naturelles situées à l’interface entre les domaines atlantiques et médio-européens.

L’essentiel de la zone occupe un versant exposé à l’ouest , lequel est installé dans les sables de Beauchamps (Auversien), surmontés par une couche d’épaisseur variable de sables de Saint-Ouen (Marinésien), puis par les gypses et marnes du Ludien et, enfin, par des argiles à meulière et la meulière de Brie (Sannoisien). Le bois des Meules occupe une butte témoin surmontée par une faible surface de meulière de Brie, dont l’exposition principale se situe au sud. Les boisements sont ici relativement récents car, ce coteau, au parcellaire très découpé, était anciennement occupé par des vignes, phénomène qui explique la grande variété des boisements tant au niveau structural qu'au niveau qualitatif.

En fonction de la dynamique naturelle de la végétation et des actions anthropiques et cuniculigènes, différents groupements végétaux peuvent être décrits. Les surfaces de sables, non colonisés par les ligneux, présentent alors différents types de pelouses en fonction de l’acidité et de la granulométrie du substrat :

- la pelouse du Corynephorion, sur sables acides oligotrophes fréquemment remaniés, ici fragmentaire ;

- la pelouse de l’Airion caryophylleo-praecocis, à petites plantes annuelles, se trouve sur les sables oligotrophes stabilisés et plus grossiers ;

- la pelouse du Violion caninae, constitue la phase dynamique de succession du groupement précédent. Elle se compose de petites plantes vivaces, qui contribuent à fixer le sable et à l’enrichir en nutriments.

Ces pelouses sont entretenues par les grattis des lapins et par un piétinement modéré. Lorsque ces actions régressives disparaissent sur les pelouses, ces dernières se boisent spontanément. Les fourrés à Genêt à balais (Sarothamnus scoparius), du Sarothamnion scoparii, succèdent alors aux pelouses.

Les groupements forestiers sont relativement diversifiés. Il s’agit de :

- la chênaie-charmaie acidocline fraîche de caractère submontagnard à Grande Luzule (Luzula maxima) du Lonicero-Carpinenion, notamment au sommet du bois des Meules ;

- la chênaie-charmaie acidocline à Muguet du Lonicero-Fagetum, sur la meulière de Brie ;

- la frênaie-charmaie de ravin à fougères (Lunario-Acerion fragmentaire), au sud du bois de Bouresches ;

- la hêtraie à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum), de caractère subatlantique, en recolonisation sur des tranchées et des trous de bombes de la Guerre 1914-1918, au niveau de la corniche des calcaires de Saint-Ouen ;

- la chênaie-charmaie mésoneutrophile à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum), variante plus fraîche que la précédente.

Les pentes sud du « Bois des Meules » présentent, en outre, des fourrés de recolonisation denses des Prunetalia (Berberidion). Le sommet de ce bois est parsemé de mares aux eaux méso-eutrophes, mais qui abritent une faune batrachologique très riche. De telles mares sont aussi présentes dans la partie sommitale du bois de Bouresches.

Outre les pelouses et les bois, de nombreuses pâtures mésotrophes sur sables accueillent des troupeaux de bovins et fournissent au site un écrin paysager d’intérêt à la fois patrimonial et esthétique très fort.

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses sur sables sont particulièrement menacées de disparition dans le bassin Parisien. La mosaïque complexe de pelouses existant sur le site est tout à fait remarquable en Picardie. Parmi les habitats les plus menacés, citons :

- la pelouse du Corynephorion, propre au bassin Parisien, en voie de disparition en Picardie ;

- la pelouse du Violion caninae, riche en plantes vivaces, très rares à exceptionnelles en Picardie.

Les groupements forestiers les plus remarquables et inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne sont :

- la frênaie-charmaie de ravin à fougères (Lunario-Acerion fragmentaire) ;

- la hêtraie à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum), en limite est d’aire de répartition ;

- la chênaie-charmaie à Jacinthe des bois (Hyacinthoido-Fagetum).

Les mares de meulière sont d’un grand intérêt, surtout du point de vue batrachologique.

INTERET DES ESPECES

Cortège de plantes sabulicoles remarquables :

- la Cotonnière naine (Filago minima), rare dans la région ;

- l’Orpin rougeâtre (Sedum rubens), exceptionnel et menacé de disparition en Picardie ;

- l’Oeillet des sables (Dianthus armeria), très rare ;

- la Mibore naine (Mibora minima), très rare et vulnérable en Picardie.

Les bois sont tout aussi remarquables avec, notamment :

- la Grande Luzule, qui révèle des affinités submontagnardes ;

- le Laurier des bois (Daphne leureola), assez rare en Picardie ;

- la Néottie nid-d’oiseau (Neottia nidus-avis), assez rare.

Les bois abritent des amphibiens de grand intérêt, dont le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), crapaud inscrit à l’annexe IV de la directive "Habitats", exceptionnel en Picardie et le Triton alpestre (Triturus alpestris), espèce vulnérable en France. Les pelouses sont fréquentées par le Lézard vert (Lacerta viridis) et le Gomphocère tacheté (Myrmeleotettix maculatus), tous deux rares en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Eutrophisation des eaux des mares de meulière, par rejet de résidus de houppiers dans ces milieux, ayant des conséquences néfastes pour la faune batrachologique.

Apports éoliens de pesticides et de phytocides des cultures voisines, néfastes à la conservation des cortèges floro-faunistiques de la côte.

Fermeture des milieux ouverts par boisement spontané.

Menaces liées à la possibilité de création de carrières d’extraction de sables.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone englobent les bois, pelouses ouvertes sableuses, prairies mésophiles et bocage résiduel. Les cultures sont exclues de la zone autant en emporte le vent.