ZNIEFF 220013616
LARRIS ET BOIS DES LONGUES EAUX

(n° régional : 60PPI138)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le larris et le bois des Longues Eaux s'étirent le long d'une vallée sèche orientée nord-sud et inscrite dans les craies santonienne et coniacienne. Celles-ci sont recouvertes de limons acides à silex sur le plateau.

Le bois qui se développe sur ces sols acides est une chênaie-charmaie-hêtraie acidocline, dominée, en sous-bois, par des étendues de ronces, dans lesquelles percent des tapis de Jacinthes (Hyacinthoides non-scripta). Quelques Houx (Ilex aquifolium) et Néfliers (Mespilus germanica) ponctuent ces futaies.

Sur la craie des versants s'étendent des hêtraies thermocalcicoles (Daphno-Fagetum), des taillis et fourrés de recolonisation (Tamo-Viburnetum lantanae) et des pelouses évoluant vers des ourlets à Centaurée et à Origan (Centaureo-Origanetum vulgaris), par densification de la brachypodiaie.

Les pelouses mésoxérophiles sont à rattacher au groupement à Avénule des prés et à Fétuque de Léman (Avenulo pratensis-Festucetum lemanii subass. polygaletosum calcarae), dont le site présente toutes les caractéristiques.

Elles sont ponctuées de nombreux buissons, notamment de Genévriers qui forment facies par endroits. Ceux-ci sont des témoins du pâturage (essentiellement ovin) qui valorisait, autrefois, ces fortes pentes aux sols squelettiques.

Des lapins contribuent au maintien d'espaces ras et caillouteux par leurs activités de grattements et de broutage.

INTERET DES MILIEUX

Les pelouses à orchidées, les junipéraies, et les hêtraies calcicoles sont inscrites à la directive "Habitats" de l'Union Européenne. Les milieux pelousaires sont en effet menacés de disparition dans les plaines du Nord-Ouest de l'Europe, à la suite de l'abandon de l'élevage ovin extensif, consécutif aux mutations agricoles. La Picardie a vu ses surfaces de larris divisées par vingt depuis environ un siècle.

L'ambiance thermophile du coteau favorise par ailleurs la présence d'espèces remarquables présentant des affinités subméditerranéennes.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Les espèces remarquables (assez rares à rares en Picardie) sont les suivantes :

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*),

- le Séséli libanotide (Seseli libanotis),

- l'Epiaire des Alpes (Stachys alpina),

- le Daphné lauréole (Daphne laureola).

Parmi elles, plusieurs orchidées :

- l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens),

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium),

- l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera).

Faune :

Plusieurs rapaces inscrits à la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne se reproduisent sur le site ou l'utilisent comme terrain de chasse : la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).

S'agissant de l'entomofaune, l'Azuré bleu-céleste (Polyommatus bellargus) fréquente les pelouses ensoleillées.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

L'abandon du pâturage, depuis des dizaines d'années, entraîne la fermeture du milieu par boisement : la forêt progresse en effet spontanément, envahit les pelouses et les espèces végétales et animales héliophiles disparaissent graduellement. L'action des lapins ne compense que très ponctuellement cette évolution naturelle.

Quelques travaux sylvicoles peuvent permettre de conserver des espaces ensoleillés à proximité du larris (dégagement et entretien des lisières, des fourrés et des chemins), ce qui serait très favorable à la biodiversité, à la qualité paysagère et au gibier.

N.B. : Les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la ZNIEFF intègrent les pelouses, lisières et fourrés du larris ainsi que la partie boisée sommitale la plus intéressante. Un étroit liseré cultural périphérique est également inclus, au-delà duquel les cultures sans intérêt particulier sont exclues.