DESCRIPTION
Le massif forestier de la Molière de Sérans est situé à cheval sur la limite de l'Ile-de-France et de la Picardie, en bordure orientale du Vexin.
Cette butte tertiaire résiduelle est caractérisée par une remarquable séquence géologique, typique du Vexin, avec, de haut en bas : les meulières stampiennes relictuelles, les sables de Fontainebleau, les marnes et les argiles (Stampien, Sannoisien et Bartonien), et, enfin, les sables, argiles et grès marinésiens.
Les affleurements importants de sables et de grès génèrent la présence de sols acides, imperméables au niveau des argiles et des marnes qui sous-tendent des nappes perchées.
Cette acidité est renforcée par les conditions climatiques dues aux flux atlantiques d'ouest : les précipitations sont relativement importantes sur cette butte élevée (213 m), plus arrosée qu'alentour.
Les milieux boisés n'ont probablement pas toujours été utilisés uniquement pour la production sylvicole. Les landes à Ericacées relictuelles, qui subsistent de-ci de-là, témoignent de la présence ancienne de pratiques pastorales de parcours, notamment au sommet des buttes.
Il en résulte la présence de milieux très précieux, marqués de l'influence atlantique :
- landes sèches fragmentaires à Erica cinerea (Ulici europaei-Ericetorum cinerae) ;
- layons herbeux acides à Carex echinata (Caricion remotae) ;
- aulnaies à Osmondes et à Blechne en épi (Blechno spicant-Alnetum glutinosae) comprenant de nombreuses sphaignes ;
- chênaies sessiliflores sur sables podzoliques (Mespilo germanici-Quercetum petraeae).
Des boisements du Lonicero-Carpinenion (Hyacinthoido-Fagetum sylvaticae) complètent cet ensemble. Quelques prairies relictuelles subsistent en lisière des bois, en bas de pente.
INTERET DES MILIEUX
Parmi les plus remarquables, les landes sèches à Bruyère cendrée (Ulici europaei-Ericetum cinerae), les boisements acides (Quercion robori-petraeae), les aulnaies tourbeuses acides (Alno-Ulmion, dont le Blechno-Alnetum), sont des milieux rares et menacés en Europe et relèvent de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.
Ils abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.
Les quelques mares permettent la présence de batraciens remarquables.
Globalement, ces milieux forestiers abritant des aulnaies, des landes et des pelouses acides relictuelles et présentant divers degrés d'acidité et d'humidité, possèdent une originalité floristique remarquable en Picardie.
INTERET DES ESPECES
De nombreuses espèces végétales assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes, notamment les suivantes :
- la Bruyère cendrée (Erica cinerea*),
- l’Osmonde royale (Osmunda regalis*),
- la Scutellaire naine (Scutellaria minor),
- la Myrtille (Vaccinium myrtillus),
- la Laîche allongée (Carex elongata),
- la Cotonnière des bois (Gnaphalium sylvaticum).
Parmi les bryophytes, les sphaignes (Sphagnum sp.), au minimum assez rares en Picardie, sont remarquables.
Faune :
La batrachofaune comprend la Grenouille agile (Rana dalmatina), assez rare en Picardie, en limite d’aire septentrionale et inscrite en annexe IV de la directive "Habitats".
Plusieurs espèces de lépidoptères nocturnes remarquables ont pu être identifiées, dont l'Inégale (Parascotia fuliginaria).
D'autres éléments faunistiques de grand intérêt restent certainement à découvrir.
FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE
- Plantations de résineux réduisant l'intérêt à la fois biologique, paysager et cynégétique de la butte.
- Altération des lisières au contact avec les cultures.
N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.
Les contours de la ZNIEFF englobent les espaces les plus précieux, ainsi qu'une fine zone-tampon périphérique.